Données retirées d’un rapport : le Dr Arruda avait rencontré la Fonderie Horne juste avant

L'ancien directeur de la santé publique du Québec, Horacio Arruda. (archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le Dr Horacio Arruda, à l’époque directeur national de la santé publique, a rencontré des représentants de la Fonderie Horne juste avant que des données sur le cancer du poumon destinées à être présentées à la population aient été retirées à la dernière minute d’un rapport, à sa demande, en septembre 2019.
Le tout s’est déroulé dans le cadre du dévoilement de l’étude de biosurveillance à Rouyn-Noranda qui a démontré que les jeunes enfants vivant à proximité de la Fonderie Horne, propriété de Glencore, avaient quatre fois plus d’arsenic dans le corps que ceux d’ailleurs, en moyenne.
Horacio Arruda venait rencontrer les citoyens du secteur lors de la présentation des résultats. Il a rencontré, durant la même journée, Glencore Fonderie Horne, la Ville de Rouyn-Noranda, le ministère de l’Environnement et le comité citoyen ARET.
Le Dr Arruda précisait lors de sa rencontre avec le comité responsable du suivi de l’étude que l’entreprise avait déjà dit que la norme québécoise de 3 nanogrammes par mètre cube dans l’air ne sera jamais atteinte, mais qu’il était possible d’établir une cible intermédiaire.
Le comité de citoyens du quartier s’explique mal pourquoi le directeur national de la santé publique avait rencontré l’entreprise. Il dit aussi se sentir abandonné par le gouvernement.
« On n’a pas répondu à nos lettres et on a l’impression qu’on veut nous cacher des choses »
François Legault s’était fait rassurant
Une déclaration du premier ministre François Legault, peu de temps après que le Dr Arruda ait fait retirer cette annexe, soulève des questions.
Dans une entrevue diffusée le 7 novembre 2019, soit un peu plus d’un mois après cet événement, M. Legault soutenait qu’il n’y avait pas de preuves à l’effet que l’arsenic pouvait avoir un impact sur le taux de cancer au sein de la population.
Les auteurs de l'étude soulevaient dans l’annexe 6, celle qui n’a pas été dévoilée au public, que l'arsenic est un cancérigène, et que l'association de la pollution atmosphérique avec l'excès de maladies respiratoires observé à Rouyn-Noranda ne pouvait être écartée.
Le comité ARET installe ses propres stations
Par ailleurs, le comité Arrêt des rejets et émissions toxiques (ARET) installera ses propres stations de mesure des particules fines d’arsenic à Rouyn-Noranda.
Ce comité composé notamment de citoyens du quartier Notre-Dame veut en savoir davantage sur la présence de particules dans les autres quartiers de la ville.
L'organisme estime que le gouvernement du Québec n'en fait pas assez pour documenter le phénomène de la présence de métaux dans l'air.
C'est ce qu'on fait depuis le début. On essaie de trouver des solutions pour se prendre en main, puisqu'on ne se sent pas vraiment écoutés ou accompagnés. Ils ne veulent pas nous donner des informations sur l'exposition ailleurs en ville, donc on a trouvé cette façon de pouvoir le faire. On a cherché beaucoup de données sur la santé, là, il y en a qui sont sorties, mais on continue nos recherches pour voir s'il y a d'autres problèmes de santé
, indique Mireille Vincelette.
Les données seront accessibles à tous sur internet.
Le ministre Fitzgibbon prêt à accompagner la Fonderie
De son côté, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, se dit prêt à accompagner la Fonderie Horne à respecter les normes environnementales.
Questionné sur le sujet durant son passage à Val-d'Or, le ministre a mentionné que les entreprises souhaitaient elles aussi avoir une image plus verte. Il affirme que le rôle de son ministère est d'accompagner les entreprises dans leurs projets d'assainissement.
C'est sûr que ce sont des montants d'investissement importants. Ce qu'ils essaient de faire, eux, c'est de combiner l'investissement pour le changement climatique et l'adhérence aux normes environnementales, et en même temps, avoir des projets rentables. Le rôle du ministère de l'Économie, c'est de travailler avec eux. Moi, j'ai ouvert la porte, carrément de dire, si vous avez un projet qui va permettre de respecter les normes environnementales, c'est non négociable, on devrait être là pour vous aider parce que je pense que c'est un projet important pour la région de Rouyn-Noranda
, a raconté M. Fitzgibbon.
- Avec les informations de Jean-Marc Belzile