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Avis d’ébullition : une Première Nation franchit le cap des 10 000 jours

Des enfants brandissent des pancartes.

Les jeunes de Neskantaga n'ont jamais eu accès à l'eau potable.

Photo : Twitter / Christopher Moonias

10 000 jours. 27 ans et 4 mois. Une génération entière de la communauté autochtone de Neskantaga, dans le Nord de l’Ontario, a grandi sans avoir accès à l’eau potable.

Cette Première Nation détient le triste record de l’avis d’ébullition le plus ancien en vigueur au Canada.

Comment en sommes-nous arrivés là? Manque de volonté politique selon certains; difficultés techniques et logistiques selon d’autres.

Enseigne traditionnelle avec le nom de la communauté.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Le village de Neskantaga est situé à 430 kilomètres au nord de Thunder Bay.

Photo : Twitter / Première Nation Neskantaga

On ne s’attendait jamais à franchir le cap des 10 000 jours avec un avis d’ébullition de l’eau en vigueur, confie le chef de Neskantaga, Wayne Moonias. Personne ne s’attend à ce qu’une communauté soit dans une situation comme celle-ci aussi longtemps.

Services aux Autochtones Canada espère que l’avis sera levé avant que la communauté franchisse un autre cap déplorable. La construction du système de traitement de l’eau est presque terminée, affirme un porte-parole de ce ministère dans un courriel.

L’eau potable devrait couler des robinets de Neskantaga d’ici septembre 2022, si l’équipe responsable du projet termine les travaux en respectant les échéanciers actuels, selon Services aux Autochtones Canada.

Brève chronologie du dossier de l’eau potable à Neskantaga

  • 1993 : un système de traitement de l’eau est construit pour traiter l’eau puisée dans le lac Attawapiskat qui contient une forte densité de matière organique en décomposition

  • 1995 : le système de traitement de l’eau de la communauté s’avère défectueux; un avis d'ébullition entre en vigueur 

  • 1996 : l’avis d’ébullition de l’eau devient permanent 

  • 2015 : le gouvernement fédéral promet de lever les avis d'ébullition dans les communautés autochtones d’ici 2021 

  • 2016 : un financement est annoncé pour moderniser l’infrastructure du traitement de l’eau à Neskantaga 

  • 2018 : estimant que les travaux progressent trop lentement, la communauté congédie l’entreprise embauchée pour compléter la modernisation, et exige une enquête externe sur ce fournisseur 

  • 2020 : une substance huileuse est découverte dans le système de traitement de l’eau, forçant l’évacuation de la communauté

  • 2020 : le système de traitement de l’eau modernisé est mis en service, mais d’autres travaux doivent être parachevés avant que l’avis soit levé, et la pandémie retarde les travaux

  • À venir : des analyses de la qualité de l’eau seront effectuées au cours de l’été 2022; si les résultats sont concluants, l’avis pourrait être levé à l’automne 2022.

Une confiance qui prendra du temps à rebâtir

Au sein même de la Première Nation, plusieurs hésitent à croire que l’eau potable pourrait revenir prochainement. Nous avons entendu ce genre de promesses plusieurs fois au cours du dernier quart de siècle, et rien n’a changé pour autant, explique M. Moonias.

« La communauté ne fait plus confiance au système, au gouvernement et au projet d’eau potable en général. »

— Une citation de  Wayne Moonias, chef de la Première Nation de Neskantaga

La méfiance du robinet est un réflexe profondément ancré dans l’esprit des membres de la communauté, selon M. Moonias : Plusieurs personnes sont marquées à vie.

Une femme montre ses mains couvertes de plaies causées par l'eczéma.

De nombreux résidents de Neskantaga se retrouvent avec des problèmes de peau. (Archives).

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Nos jeunes souffrent de problèmes de la peau, comme l'eczéma et des éruptions cutanées, parce qu’ils se sont lavés avec l’eau de Neskantaga, illustre-t-il.

La directrice des services de santé de Neskantaga, Sharon Sakanee, croit également que la confiance prendra du temps à rebâtir.

Les membres de notre communauté ont tellement l’habitude de se méfier de l'eau que, même quand ils voyagent dans des milieux urbains, ils se demandent s’ils peuvent consommer l’eau en toute sécurité, relate-t-elle.

Le manque d’eau potable complique également l’accès aux services de santé pour les membres de la communauté.

Un aîné est venu me voir avec des problèmes d’abcès aux pieds. Je ne peux pas lui recommander de faire tremper ses pieds dans l’eau pour désinfecter, puisque nous n’avons pas d’eau potable, raconte Mme Sakanee.

« Ça fait trop longtemps que nous attendons l’eau. Qu’est-ce qui prend autant de temps? Vingt-sept ans sans eau potable, ce n’est pas acceptable. »

— Une citation de  Sharon Sakanee, directrice des services de santé de Neskantaga

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