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« 40 à 50 M$ minimum » pour l’usine d’eaux usées de Sherbrooke

Des gens regardent des bassins de rétention d'eau.

Il faudrait investir entre 40 et 50 millions de dollars dans la station principale de traitement des eaux usées de Sherbrooke pour répondre à la demande grandissante.

Photo : Radio-Canada

Thomas Deshaies

Âgée de 30 ans, la principale usine de traitement des eaux usées de Sherbrooke pourrait, dans un avenir rapproché, ne plus être en mesure de répondre à la demande. La Ville a lancé des études et s’attend à devoir y investir plus de 40 millions de dollars dans les prochaines années. Sans aide financière, le projet nécessiterait de devoir « doubler les comptes de taxes » selon la mairesse.

Cette station, située sur la rue Claude-Greffard, traite environ 26 milliards de litres d’eaux usées par année. Traitant plus de 80 % des eaux usées de Sherbrooke, elle est la plus importante des cinq stations de la ville.

Le procédé de traitement en plusieurs étapes permet toujours à l’usine de respecter les normes environnementales en vigueur, et ce, plus de 30 ans après son ouverture en 1991.

Le hic, selon le chef de division de la gestion des eaux de Sherbrooke, Jean-Pierre Fortier, c’est que l’usine pourrait ne plus être en mesure de recevoir toutes les nouvelles eaux usées générées par le fort développement immobilier. Quelle est la date d’échéance? La Ville a commandé des études pour le savoir et pour planifier un projet d’agrandissement.

« Notre population a grandi et on se doit de revoir la capacité de notre usine. »

— Une citation de  Jean-Pierre Fortier, chef de division gestion des eaux et construction à la Ville de Sherbrooke
Jean-Pierre Fortier pose devant la station de traitement des eaux usées de Sherbrooke.

« Notre population a grandi et on se doit de revoir la capacité de notre usine », soutient le chef de division gestion des eaux et construction à la Ville de Sherbrooke, Jean-Pierre Fortier.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

M. Fortier estime toutefois que l’usine pourrait encore supporter 5000 portes supplémentaires. Ça va aller vite, plus rapidement qu’on s’en doute, prévient-il. Des travaux d’envergure de la sorte demandent beaucoup de préparation.

Ce dernier estime qu’il faudra investir un minimum de 40 millions de dollars sur une période de 5 à 10 ans.

Une occasion à saisir pour améliorer les performances de l’usine?

Selon Jean-Pierre Fortier, la Ville pourrait saisir l'occasion de ce vaste chantier pour rendre plus performante sa station. Les contaminants émergents, comme les microplastiques, ne sont actuellement pas traités et rejetés directement dans l'environnement. Est-ce qu’on doit aller plus loin et traiter de nouveaux paramètres? Ce sont des questions de société. Ce sont peut-être des choses qu’on ne voit pas, mais qui sont tellement essentielles. C’est la qualité de nos cours d’eau qui en dépend, croit-il.

La mairesse Beaudin est bien consciente de l’enjeu actuel. La ville de Sherbrooke grossit beaucoup. On parle de plusieurs milliers de constructions par année et ça, ça vient ajouter une pression sur nos infrastructures, souligne-t-elle.

« Faudrait doubler les comptes de taxes. »

La Ville peut-elle assumer un projet d’un minimum de 40 à 50 millions de dollars? Évelyne Beaudin ne le croit pas. C’est juste impossible d’assumer cette facture. Il faudrait quasiment doubler les comptes de taxes de tout le monde si on voulait aujourd’hui réussir à faire quelque chose, s’exclame-t-elle.

La mairesse croit que la solution réside, en partie, dans la diversification des sources de revenus. C’est l’une des raisons pourquoi on a voulu modifier le règlement 12-04 sur les promoteurs (NDLR : un règlement qui a pour objectif d’augmenter la contribution financière des promoteurs dans les travaux d’infrastructures qui soutiennent leur projet, souligne-t-elle.

La mairesse est attentive aux discussions dans la salle du conseil.

La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin.

Photo : Radio-Canada / Daniel Mailloux

« Le problème est généralisé et il va falloir que les différents paliers de gouvernement s’en mêlent. »

— Une citation de  Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

Mme Beaudin croit cependant que la Ville n’y arrivera pas sans une aide financière de l’État. Les programmes actuels ne suffisent pas, néanmoins on sent une certaine volonté des gouvernements.

Loin d’être le seul projet majeur de Sherbrooke

La station d’usine d’épuration n’est pas la seule infrastructure de gestion des eaux qui nécessiterait des investissements majeurs. C’est aussi cela le défi actuel de l’administration municipale. On est à l’époque où tout arrive en même temps, constate Mme Beaudin.

« La vérité c’est que l’état de nos infrastructures au Québec met notre population un peu à risque. »

— Une citation de  Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

La Ville est notamment confrontée à de nombreux déversements d’eaux usées dans l’environnement puisque les conduites ne supportent pas certaines fortes pluies. Il faudrait reconstruire 19 % du réseau où les eaux de pluies et usées se mélangent pour les séparer. Un investissement total qui pourrait atteindre 500 millions de dollars, selon Jean-Pierre Fortier. Il faudrait alors aménager des bassins de rétention des eaux le temps d’effectuer les travaux.

La Fondation Rivières estime que la Ville devrait utiliser ses fonds pour s’attaquer à cet enjeu prioritaire. L’agrandissement de la station devrait plutôt être assumé par les promoteurs immobiliers, selon le directeur de la Fondation, André Bélanger. Pourquoi n’investiraient-ils pas plus pour régler ce problème (débordement des eaux usées) avant de demander des fonds pour agrandir une usine?, souligne-t-il.

M. Bélanger croit que la Ville pourrait implanter des solutions nature avant les grands travaux d’infrastructures. On pourrait diriger l’eau dans des bassins naturels pour accumuler l’eau, précise-t-il.

Des défis partout dans la province

Sherbrooke est loin d’être la seule ville au Québec à être à l’aube d’investissements colossaux pour ses infrastructures d’eau. Selon le Réseau environnement, il y a un déficit d'entretien de 35 milliards de dollars dans la province.

« On a laissé aller et aujourd’hui, on a un grand besoin de réinvestissement massif dans ces infrastructures-là pour rattraper le déficit de maintien d’actifs. »

— Une citation de  Mathieu Laneuville, président-directeur général du Réseau Environnement

Études à l'appui, le Réseau Environnement estime que l’État a pourtant tout intérêt à investir massivement, et ce, à court terme. Les dépenses importantes causées notamment par des bris d'infrastructures seraient ainsi réduites. Pour chaque dollar, on a un retour de 1,72 $. C’est rentable de le faire aujourd’hui, souligne Mathieu Laneuville, président-directeur général de l'organisme.

Invité à réagir, le cabinet du ministre de l’Environnement nous a dirigés vers le cabinet de la ministre des Affaires municipales. La ministre Andrée Laforest n’avait pas répondu favorablement à notre demande d’entrevue au moment de mettre en ligne cet article. Toutefois, une réponse écrite nous est parvenue par courriel où on peut lire : Nous sommes très sensibles aux situations que vivent certaines municipalités et c’est d’ailleurs pourquoi nous avons plusieurs programmes très généreux en matière d’infrastructures d’eau. Certains de ces programmes ont été nettement bonifiés depuis que notre gouvernement est en place.

À noter que le gouvernement du Québec prévoit actuellement investir 7,4 milliards de dollars dans les 10 prochaines années pour des infrastructures municipales de gestion des eaux.

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