Des personnes âgées vivent dans des conditions déplorables, dénonce leur association
L’Association francophone des aînés souhaite créer un nouveau modèle d’organismes sans but lucratif.

Plusieurs intervenants ont dressé un tableau sombre de ce que vivent des personnes âgées au Nouveau-Brunswick (archives).
Photo : Radio-Canada
L’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick demande une réduction progressive du nombre de foyers de soins privés dans la province.
Plusieurs personnalités ont uni leurs voix pour réclamer des changements majeurs dans les soins offerts aux aînés dans la province. Manque de soins, propreté déficiente, nourriture de mauvaise qualité ou insuffisante, elles ont dressé un tableau sombre de ce que vivent plusieurs personnes âgées.
Face à cette situation, l’Association francophone des aînés estime que certains foyers privés, et pas nécessairement tous, ne parviennent pas à répondre aux besoins. C’est pourquoi l’organisme recommande de suspendre progressivement le nombre de foyers privés, afin de créer un nouveau modèle d’organismes sans but lucratif.
Lors d'un point de presse, l'association a mentionné plusieurs problèmes dans certains foyers, comme de la nourriture de mauvaise qualité et insuffisante, un manque de soins d'hygiène, de la malpropreté, et des problèmes liés à l'administration des médicaments.

Denis Losier, membre du Comité d’action sur la bienveillance envers les aînés, explique les recommandations qui ont été formulées.
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Denis Losier, un ancien ministre libéral, est membre du Comité d’action sur la bienveillance envers les aînés. Il explique que des rapports faits dans d'autres provinces montrent que le secteur privé dans la livraison des soins pour les personnes âgées n’était pas le modèle idéal : beaucoup de décès sont survenus, beaucoup de soins n’ont pas été améliorés depuis des années
.
On s’est aperçus qu’au Nouveau-Brunswick, on avait à peu près les mêmes situations. Nos personnes âgées dans les foyers de soins spéciaux n’ont pas la qualité de soins, pas tous les foyers de soins spéciaux, il y en a qui sont très bons
, relate-t-il.
Les aînés formulent plusieurs autres recommandations
L’Association francophone des aînés demande au gouvernement de revoir les normes qui s’appliquent aux foyers de soins de longue durée, aux foyers de soins spéciaux, et aux services de soutien à domicile.
On demande des améliorations en ce qui concerne la gestion des médicaments des résidents, l’hygiène des résidents, la propreté des chambres et la qualité de la nourriture servie. L’organisme voudrait aussi que des conséquences soient imposées, quand les normes ne sont pas respectées.

Le Comité d’action sur la bienveillance envers les aînés rassemble plusieurs personnalités publiques, dont les anciens ministres Elvy Robichaud, Denis Losier et Bernard Richard.
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Il est aussi question d’améliorer la communication en créant, par exemple, des comités de résidents ou de membres des familles. On demande aussi que tous les foyers de soins de longue durée, les foyers de soins spéciaux et les services de soutien à domicile offrent des services dans la langue de choix des résidents.
L’association recommande aussi une formation appropriée pour le personnel, incluant les propriétaires, gestionnaires et cuisiniers.
Elle recommande également d’investir davantage dans les services de soins à domicile, afin de permettre aux personnes âgées de rester chez elles plus longtemps.
Si vous gardez une personne chez elle dans chaque région qu’il y a un foyer de soins au Nouveau-Brunswick, c’est 71 personnes. Si vous en gardez 10 par région où il y a un foyer de soins, vous avez 710 personnes, ça veut dire il y a 710 places de libres, vous pouvez prendre 700 personnes dans les hôpitaux et les envoyer au foyer. Ce qu’on propose-là ne coûte pas des grosses fortunes, ça demande de la volonté
, a lancé l'ancien ministre de la Santé conservateur Elvy Robichaud.
Le ministre maintient sa confiance dans les foyers privés
Le ministre du Développement social, Bruce Fitch, a pris connaissance du rapport dès sa publication. Sur la privatisation des foyers, il estime que cela ne pourrait se faire du jour au lendemain. Et le ministre a réitéré sa confiance envers les foyers privés au Nouveau-Brunswick, en soulignant qu'ils doivent respecter des niveaux de soins imposés par le gouvernement.
Qu'il s'agisse d'un organisme sans but lucratif ou pas, ce niveau de soins doit être atteint, et nous le fixons, et nous nous attendons à ce qu'il soit respecté, et si nous constatons que ce niveau de soins n'est pas atteint, alors il y a des conséquences pour le domicile
, explique le ministre Fitch.

Le ministre du Développement social, Bruce Fitch, estime que le système actuel permet de régler les problèmes lorsqu'il s'en pose.
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Pour ce qui est des autres problèmes soulevés dans le rapport de l'Association francophone des aînés, le ministre du Développement social dit que le gouvernement compte y trouver une solution. Il rappelle d'ailleurs que la veille, le gouvernement a annoncé la formation d'un comité de fonctionnaires, qui sera chargé de présenter un nouveau plan de soins de longue durée.
Une partie de la raison pour laquelle nous lançons ce plan de soins de longue durée est simplement pour nous assurer que les besoins des personnes âgées sont satisfaits
, souligne-t-il.
Sauf que plusieurs membres du Comité d’action sur la bienveillance envers les aînés ont déploré le fait que depuis au moins une décennie les rapports et les plans se sont succédé, sans apporter les changements souhaités.
En 2012, ils ont fait une étude, il n’y a rien qui a été fait, il n’y a pas de changement majeur. En 2017, il y a eu une étude, il n’y a rien qui a été fait comme suivi. En 2021, il y a eu une étude, il n’y a pas plus qui a été fait, et on propose encore un comité. Je pense qu’il est temps qu’on arrête les comités et qu’on mette de l’argent dans le système
, a rappelé Elvy Robichaud.
Libéraux et verts ont des points de vue différents sur le rôle du privé
Le chef par intérim du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Roger Melanson, reste prudent sur la question du passage progressif à un nouveau modèle de foyers de soins sans but lucratif.
Il n’y a aucun doute qu’il faut regarder au modèle de livraison de services, donc le modèle de gouvernance, la suggestion c’est d’aller davantage vers un modèle à but non lucratif, je pense que c’est légitime, je pense qu’il faut avoir cette discussion-là et ce débat-là
, avance Roger Melanson.

Roger Melanson, chef intérimaire du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, a assisté à la conférence de presse de l'Association francophone des aînés.
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Le chef libéral estime qu'il importe de ne pas mettre tous les foyers dans le même panier.
Il ne faut pas généraliser que toutes les résidences de personnes âgées sont problématiques, il y en a des bonnes, il y en a qui font de l’excellent travail, mais il y en a qui sont problématiques, et je pense qu’il faut que le gouvernement regarde aux normes, actuelles
, insiste-t-il.
Pour sa part, le chef du Parti vert, David Coon, est plus catégorique. Dans le long terme, je suis en accord avec l’idée de transformer le système vers un système public, avec un modèle d’organisme avec les buts non lucratifs, c’est le meilleur système pour nous
, dit-il.
David Coon croit, cependant, qu'il ne faut pas brusquer les changements. En réalité, on doit faire les transformations lentement, mais le but à la fin, oui est d’avoir un système public
, précise-t-il.
Avec les informations de Pascal Raiche-Nogue et de Michel Corriveau.