Washington annonce une nouvelle aide militaire de 1 G$ pour l’Ukraine

La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, en discussion avec son homologue ukrainien, Oleksiï Reznikov, avant les réunions de mercredi au siège de l'OTAN, à Bruxelles.
Photo : La Presse canadienne / AP/Pool/Yves Herman
Les États-Unis vont envoyer une nouvelle tranche d'aide militaire d'un milliard de dollars à l'Ukraine, a annoncé mercredi le président américain Joe Biden, au moment où les alliés de Kiev étaient réunis au quartier général de l’OTAN pour discuter d'autres livraisons d'armes lourdes.
L'aide américaine inclut des pièces d'artillerie et de défense côtière supplémentaires, ainsi que des munitions pour les pièces d'artillerie et des lance-roquettes avancés dont les Ukrainiens ont besoin pour leurs opérations défensives dans le Donbass
, a-t-il précisé dans un communiqué.
L'Ukraine recevra en outre une nouvelle tranche d'aide humanitaire de 225 millions de dollars sous la forme d'eau potable, de fournitures médicales ou de nourriture, a fait savoir M. Biden, qui dit en avoir informé le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un appel téléphonique en matinée.
« J'ai réaffirmé l'engagement des États-Unis à soutenir l'Ukraine qui défend sa démocratie, protège sa souveraineté et son intégrité territoriale face à l'agression injustifiée de la Russie. »
L'annonce américaine a été faite alors que le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et ses homologues de pays alliés étaient réunis au quartier général de l’OTAN, à Bruxelles, pour discuter de futures livraisons d'armes lourdes dont l'Ukraine dit avoir besoin pour endiguer les avancées de l'armée russe dans l'est du pays.
La ministre de la Défense du Canada, Anita Anand, a annoncé après la rencontre qu'Ottawa va fournir à Kiev 10 tubes de remplacement pour des obusiers M777. Ces tubes, qui valent 9 millions de dollars, doivent être changés pour s'assurer de conserver leur portée et leur précision, a-t-elle détaillé dans un communiqué.
« Nous continuerons de travailler jour et nuit pour fournir à l’Ukraine l’aide militaire substantielle dont elle a besoin pour défendre sa souveraineté et sa sécurité. »
Bruxelles, nous attendons une décision
, avait tweeté Mykhaïlo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant la rencontre des ministres de ce groupe de contact
, une organisation informelle créée ce printemps à l’initiative de l’administration Biden.
« Le ratio Russie-Ukraine en artillerie est de l'ordre de 10 contre 1 dans certaines zones. Je reçois quotidiennement des messages de nos combattants disant : "Nous tenons, dites-nous juste quand les armes arriveront." »
La rencontre du groupe, qui compte une cinquantaine de pays, s'est déroulée en marge d'une réunion des ministres de la Défense de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN
), à laquelle a aussi participé le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. Cette réunion se poursuivra jeudi.L'ambassadeur de la Russie à l'ONU, Vassili Nebenzia, a accusé dans la journée les Occidentaux de livrer une guerre par procuration à la Russie. Je veux dire aux pays occidentaux fournissant des armes à l'Ukraine : le sang de civils est sur vos mains
, a-t-il déclaré devant des journalistes.
Objectif : « se battre à armes égales »
Les discussions à Bruxelles se sont déroulées au moment où la ville de Sievierodonestk, dans la région de Louhansk, semble sur le point de tomber entre les mains de l’armée russe, théâtre de combats acharnés depuis des semaines.
Les derniers défenseurs de la ville sont essentiellement retranchés dans le secteur de l’usine chimique d’Azot, où des centaines de civils ont aussi trouvé refuge, selon les autorités ukrainiennes. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui vécu à Marioupol ce printemps.
La Défense russe affirme avoir ouvert mercredi un couloir humanitaire pour permettre aux civils de fuir vers une ville sous contrôle russe située plus au nord, mais personne n’a confirmé que quiconque avait pu en profiter jusqu’ici. Kiev n'avait d'ailleurs pas signifié son accord.
Après l'expiration de l'ultimatum, le maire de Sievierodonetsk, Oleksandr Striouk, a déclaré à la télévision ukrainienne que les forces russes tentaient de prendre d'assaut la ville depuis plusieurs directions. Nous essayons de pousser l'ennemi vers le centre de la ville. C'est une situation avec des succès partiels et des retraites tactiques, a-t-il dit. Les voies de fuite sont dangereuses, mais il y en a.
Le gouvernement ukrainien martèle sans relâche que la progression russe dans Sievierodonestk s’explique par la supériorité de son artillerie et qu’il est pressant que ses alliés lui fournissent plus d’armes, particulièrement des missiles de longue portée, pour lui tenir tête.
« L'Ukraine est à un moment charnière sur le champ de bataille. Nous devons donc redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre. »
Mardi, la sous-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Malyar, a révélé en conférence de presse que son pays n'avait reçu jusqu'à maintenant que 10 % des armes occidentales qu'elle avait demandées pour se battre à armes égales avec l'armée russe
.
Peu importe les efforts que fait l'Ukraine, peu importe le niveau de professionnalisme de notre armée, nous ne pourrons pas gagner cette guerre sans l'aide de nos partenaires occidentaux
, a-t-elle prévenu. L'Ukraine utilise de 5000 à 6000 obus d'artillerie par jour, selon elle, alors que la Russie en lance dix fois plus.
Des délais clairs [de livraison] doivent être fixés […], car chaque jour de retard est un jour de plus contre la vie des soldats ukrainiens, de notre peuple
, a plaidé Mme Malyar.
Dans une entrevue au New York Times accordée plus tôt cette semaine, le conseiller Podolyak a affirmé que l’Ukraine avait besoin de 2000 blindés, 1000 drones, 1000 obusiers, 500 tanks et 300 lance-roquettes multiples à longue portée.
La réunion du groupe de contact
, présidée par le secrétaire américain de la Défense, Lloyd Austin, débutera par un souper de travail, mercredi soir, au cours duquel les ministres d’une cinquantaine de pays discuteront entre eux de la situation en Ukraine.
Les efforts demandent du temps
, plaide l'OTAN
En conférence de presse en début de journée, le secrétaire général de l’OTANfaire le point sur les demandes urgentes, le type de matériel et son acheminement pour que les armes aient une portée décisive sur le champ de bataille
.
Nous avons pris la mesure de l'urgence, mais les efforts demandent du temps, a-t-il expliqué. La transition entre le matériel de l'époque soviétique et le matériel moderne de l'OTAN impose que les Ukrainiens soient prêts à l'utiliser. [...] Il s'agit d'une transition difficile, exigeante.
Jusqu’ici, l’essentiel des armes lourdes fournies à l’Ukraine à partir des stocks de pays alliés date de l'époque soviétique, car les soldats ukrainiens ont été formés à leur utilisation. L’Ukraine attend maintenant des armes utilisées par les pays de l’OTAN
.Il s'agit d'artillerie, de systèmes à longue portée, de systèmes antiaériens aux normes de l'OTAN, ce qui impose une formation, un entretien
, a insisté M. Stoltenberg.
L’autre défi consiste à acheminer ces armes avec succès sur la ligne de front, qui s’étend sur des centaines de kilomètres. L’armée russe annonce régulièrement avoir détruit des armes livrées par les Occidentaux, des affirmations qui ne sont jamais confirmées par Kiev ou ses alliés.
Moscou a d’ailleurs annoncé mercredi avoir détruit avec des missiles Kalibr un entrepôt d'armes fournies par l'OTAN, notamment des obusiers M777 de 155 mm, près de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine.