Alerte au parlement à Ottawa : le message en français envoyé huit minutes plus tard

Des agents lourdement armés se trouvaient, samedi dernier, sur la colline du Parlement, à Ottawa.
Photo : Radio-Canada / Alexander Behne
Il est 12 h 58, samedi après-midi, quand le Service de protection parlementaire (SPP) envoie un message d’alerte aux députés et aux employés qui travaillent habituellement dans l’enceinte du parlement à Ottawa.
Une opération est en cours afin de faire face à une menace possible
, peut-on lire, en anglais, dans le courriel acheminé au personnel et aux élus. Un ordre de mise à l’abri a été donné pour la Cité [...]. La Colline a été évacuée.
Il faudra attendre encore huit minutes, soit jusqu'à 13 h 06, pour que le même message soit envoyé en français.
C’est complètement inacceptable
, lance le sénateur conservateur Claude Carignan, d’autant qu’on parle ici d’éléments de sécurité. Ça aurait pu être un tireur, un attentat en cours
, cite-t-il en exemple.
Selon M. Carignan, les autorités présument, avec ce décalage, que tous les francophones comprennent l’anglais. Je m’excuse, mais ce n’est pas le cas. Puis, même si c’est le cas, ils peuvent le comprendre à 75 %. Et 75 % d’un message d’alerte de se mettre à l’abri parce qu'il y a un tireur fou, ce n’est pas suffisant. Il faut que tu le comprennes à 100 %, parce que ta vie peut être en danger et tu dois agir immédiatement.
La police d’Ottawa n’a donné jusqu’à maintenant que très peu de détails sur l’opération qu’elle a menée samedi.
Des organisateurs d'un événement sikh qui devait avoir lieu cette journée-là près de la colline du Parlement affirment que deux membres de leur groupe ont été arrêtés et ont brièvement été détenus à tort, en lien avec une alerte à la bombe qui s'est révélée fausse. D’ailleurs, aucune personne n’a été accusée jusqu’à maintenant.
Une plainte au commissaire
Le sénateur Carignan a choisi de déposer une plainte au Commissariat aux langues officielles en lien avec cet incident, car la loi qui doit assurer l’égalité entre l’anglais et le français au pays a selon lui été bafouée.
M. Carignan invite d’ailleurs le commissaire Raymond Théberge à formuler des recommandations
pour que les deux langues officielles soient utilisées de façon simultanée lors de communications avec les parlementaires
, encore plus en cas d’urgence. C’est important que cette situation-là se corrige
, estime-t-il, pour qu’on soit prêt s'il y a une véritable alerte
.
On parle ici de messages automatisés qui sont censés être rédigés d’avance, ajoute Claude Carignan. C’est un élément facile à régler.
Dans une réponse transmise par écrit, la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor reconnaît que la publication de l'alerte en français plus tard que la version anglaise est très préoccupante
. Il est essentiel, ajoute la ministre, que les deux avis soient envoyés de façon simultanée. C’est une question de sécurité
.
Quant au SPPcertains facteurs pouvant causer un léger retard dans la diffusion des avis sont indépendants de notre volonté
. Il peut s'agir, par exemple, d'un temps de latence
lié au fournisseur de services
de l'employé. Le SPP précise qu'il s'efforce de réduire ces retards au minimum en collaboration avec [ses] partenaires
.