Finissants dans le Nord : l’accomplissement d’une scolarité en français
Comme partout aux territoires en cette fin d'année scolaire, les écoles organisent leurs cérémonies des finissants.
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
Les cérémonies des finissants se tiennent en ce moment dans les trois territoires. Au-delà de la fin d’un cycle, c’est aussi l’accomplissement d’une page d’enseignement en Français en milieu minoritaire.
À l’École des Trois-Soleils au Nunavut, ils étaient six cette année, et quatre de ces finissants avaient effectué l’intégralité de leur scolarité en français.
C’est une cohorte exceptionnelle
, s’exclame le président de la Commission scolaire francophone du Nunavut (CSFN), Judy Romaric Sessua Kuengou. Il se dit particulièrement fier de voir ces Franco-Nunavois, nés à Iqaluit, achever cette page de leur scolarité dans la langue de Molière.
C'est un grand plaisir, une fierté pour la CSFN , et nous espérons dans le futur avoir encore plus d’élèves Franco-Nunavois qui auront fait de la maternelle à la 12e année au sein de notre école
.
Plus à l’ouest, au Yukon, la deuxième cohorte de finissants est encore plus importante. Si l’an dernier ils n’étaient que trois, ils sont 12 en 2022. Ici aussi, l’enseignement en français les a accompagnés toute leur scolarité, depuis la garderie jusqu'à l'obtention de leur diplôme.
C’est vraiment fou!
reconnaît Julianne Girouard, pour qui forcément, la séparation est plus difficile. C’est sur que ça me brise le coeur puisque l'on a vraiment créé des connexions et des amitiés qu’on n’oubliera jamais, des aventures qu’on a vécues à travers les années, ça sera toujours mémorable. [...] J’ai hâte de voir comment tout le monde va aller dans ce nouveau monde.
Julianne a passé les deux dernières années de sa scolarité à CSSC Mercier, une école qu’elle et sa cohorte réclamaient depuis la 7e année. Ça représente qu’on a finalement notre communauté francophone secondaire, puis on a vraiment créé cette séparation [...] J’en suis vraiment fière et contente, d’avoir créé cette division-là pour être vraiment autonome en tant qu’ado franco-yukonnais.
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À Yellowknife, Étienne Marcoux n’a jamais pensé quitter le système scolaire francophone. Il mesure la chance d’avoir pu en bénéficier : Le Canada c’est un pays bilingue, mais c’est majoritairement anglophone alors on est quand même chanceux dans une communauté de même d’avoir une école francophone et pas juste de l’immersion.
Cette année, la majorité des huit finissants est arrivée en 4-5e année, mais il dit que certains de ses camarades sont partis avant la fin. Il y a beaucoup de monde qui vient dans notre école, mais qui part en 9-10e année,
raconte-t-il.
Dans ce contexte, pour Shelby Martin, elle aussi finissante, il y a une fierté particulière à être diplômée du système francophone : Ce n’est pas toujours facile. Ce n’est pas un accomplissement que tout le monde peut dire qu’il l’a accompli
.
En contexte minoritaire, chaque finissant est une fierté et une victoire. Judy Romaric Sessua Kuengou voit dans ces élèves finissants l’avenir de sa communauté.
« Notre but est d’agrandir la communauté francophone. Nous serions d’autant plus fiers si les élèves diplômés à l'École des Trois-Soleils revenaient après avoir terminé leur parcours postsecondaire dans la communauté pour prendre la relève. On en a besoin. »
Il espère ainsi voir certains d’entre eux intégrer les différents gouvernements, car cette représentation sera un atout pour la francophonie. Cela permet une meilleure intégration, ça permet une meilleure valorisation de la langue française
et aussi d’assurer des services en français à plusieurs niveaux. En grandissant, cette communauté pourrait ainsi s’étendre et permettre d’ouvrir une autre école dans d’autres collectivités du territoire selon le président.
Parmi les finissants de la cohorte 2022 de l’École des Trois-Soleils, Gianni Rocco Canil et Raymonde Talekang Lonla ont bien l’intention de revenir au territoire à l'issue de leurs études.
« Après mes études en bac en science je vais postuler à l'école de médecine. Après ça, je crois que je planifie de revenir pour redonner à la communauté qui m’a donné tant de choses, vivre dans ma ville natale »
Quant à Raymonde Talekang Lonla, ce sont même les besoins de son territoire qui ont guidé son choix. Je compte revenir parce que ce qui m’a fait choisir les sciences sociales à l'université, c’est le manque de travailleuses sociales francophones au Nunavut
.
Avec les informations de Claudiane Samson et Matisse Harvey.