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Controverse entourant la Journée de la vérité et de la réconciliation à Fredericton

Des membres de la Nation Wolastoqey du Nouveau-Brunswick se sont réunis pour faire entendre leurs revendications territoriales, le lundi 5 octobre 2020.

La Première Nation Wolastoqiyik demande la reconnaissance de ses droits territoriaux au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

L'Assemblée législative a adopté une motion du Parti vert, en la diluant toutefois. Après le gouvernement fédéral et la plupart des autres provinces canadiennes, le Nouveau-Brunswick a finalement reconnu la Journée de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre.

Cette reconnaissance tardive survient après l’adoption d’une motion présentée par le Parti vert.

Le gouvernement fait un grand pas, vous savez, j'apprécie que les députés reconnaissent enfin la date annuelle pour la vérité et la réconciliation et bien sûr c'est une mesure que nous, en tant que chefs, réclamions, lance Allan Polchies, chef de la Première Nation Sitansisk Wolastoqiyik.

Allan Polchies, chef de la Première Nation Sitansisk Wolastoqiyik.

Allan Polchies, chef de la Première Nation Sitansisk Wolastoqiyik.

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement refuse de reconnaître les territoires non cédés

Les Premières Nations de plusieurs provinces, dont l’ensemble des Maritimes, n’ont jamais cédé leurs territoires.

Le Parti vert a voulu évoquer cette réalité dans le préambule de la motion qui a été présentée à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Sauf que le gouvernement conservateur de Blaine Higgs a rejeté cette partie du préambule.

Le premier ministre Higgs rappelle que la Première Nation Wolastoqiyik a entamé une poursuite devant les tribunaux pour faire valoir leurs droits territoriaux.

Une photo rapprochée de Blaine Higgs.

Blaine Higgs, premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, dit que les tribunaux doivent décider s'il est vrai que les Premières Nations au Nouveau-Brunswick n'ont jamais cédé leurs territoires.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Si nous approuvions une motion qui déclare essentiellement que nous sommes d'accord avec l'affirmation selon laquelle toutes les terres revendiquées ne sont pas cédées, quelle serait notre défense devant les tribunaux, se demande Blaine Higgs.

Les conservateurs ont donc amendé la motion du Parti vert, pour y effacer toute allusion au fait que les territoires des Premières Nations n’ont jamais été cédés.

Cette décision déçoit les chefs des Premières Nations, dont Allan Polchies, chef de la Première Nation Sitansisk Wolastoqiyik: le gouvernement Higgs essaie de changer le récit de ce que sont les faits.

C’est très clair dans les traités de paix et d’amitié qu’on a signé [...], c’est carrément une tentative de réécriture de l’histoire et manque de respect flagrant envers les Premières Nations, selon Kevin Arseneau, député vert de Kent-Nord.

Kevin Arseneau.

Le député vert de Kent Nord Kevin Arseneau estime que les traités avec les Premières nations indiquent clairement que les territoires au Nouveau-Brunswick n'ont jamais été cédés.

Photo : Radio-Canada

On a toujours dit que le territoire était non cédé, et on reconnaît les traités de paix et d’amitié, renchérit Guy Arseneault, député libéral de Campbellton-Dalhousie.

Le premier ministre évoque une possible perte de territoire

Pour justifier sa décision, le premier ministre laisse entendre que la majorité du territoire néo-brunswickois pourrait éventuellement être revendiqué par les Premières Nations. 60 % du territoire serait revendiqué par les Wolastoqiyik, et les Mi’kmaq émettent également une revendication, et cela prendrait une bonne partie de la province, et les Passamaquoddy vont probablement regarder leur territoire dans le sud, dit-il.

Cela a d'énormes implications pour notre province, et les gens qui y vivent, tous les gens qui y vivent, leurs propriétés et leurs entreprises, s’inquiète Blaine Higgs.

Dans les faits, la poursuite de la Première Nation Wolastoqiyik ne vise pas l’ensemble des citoyens et des entreprises de la province.

Le document déposé en cour montre explicitement que ne sont visées que certaines propriétés appartenant aux gouvernements provincial et fédéral, ainsi qu’aux entreprises J.D. Irving Ltd., Twin Rivers Paper, A.V. Group, Acadian Timber, H.J. Crabbe and Sons, et Énergie NB.

Le document indique clairement que la restitution des terres qui ne sont pas indiquées dans la poursuite, donc celles de l’immense majorité des citoyens et des entreprises, n'est pas demandée.

Un drapeau autochtone

Les Wolastoqiyik ont indiqué clairement qui était visé dans la poursuite intentée pour la reconnaissance de leurs droits territoriaux.

Photo : CBC

Selon Kevin Arseneau, le premier ministre défend vraiment une position colonialiste, en gros ce que le premier ministre essaie de nous dire, c’est écoute, on a gagné la guerre, calmez-vous, et c’est pas du tout une façon de faire qui est respectueuse lorsqu’on parle de vérité et réconciliation, mais faudrait au moins qu’on commence à se dire la vérité.

Selon le député vert, le véritable objectif du gouvernement est de protéger le contrôle qu'ont la province et l’industrie sur les ressources naturelles. Le gouvernement préfère, comme toujours, avoir un plein contrôle, d’assurer aussi que certaines entreprises puissent continuer aussi d’avoir un plein contrôle, croit-il.

Le conservateurs effacent toute référence aux pensionnats autochtones

Les députés conservateurs ont aussi voté en bloc pour enlever du préambule à la motion du Parti vert toute référence aux pensionnats autochtones, sous prétexte que ce type d’établissement n’existait pas sur le territoire du Nouveau-Brunswick.

Les partis d’opposition ont voté ensemble contre les amendements des conservateurs.

Trop peu de Néo-Brunswickois savent que cette province a fait construire certaines des premières écoles pour séparer les enfants autochtones de leur famille, de leur langue et de leur culture, s’empresse de préciser le chef Polchies.

Le député Arseneault répond aux questions des journalistes.

Le député de Campbellton-Dalhousie, Guy Arseneault, déplore l'état des relations du gouvernement conservateur avec les Premières Nations.

Photo : Radio-Canada

Les enfants, là, ont été châtiés lorsqu’ils parlaient leur langue, ils ont subi des violences physiques, psychologiques, c’est tout documenté. Ils ont essayé de mettre toute la responsabilité sur le gouvernement fédéral, mais on a des responsabilités ici, aussi, rappelle le député libéral Guy Arseneault.

On a envoyé, aussi, des jeunes autochtones du Nouveau-Brunswick dans des pensionnats ailleurs, dans d’autres provinces, il y a eu ce qu’ils appellent, les écoles de jour, il y a eu cet impact-là au Nouveau-Brunswick, il y a eu cette réalité-là. Le Nouveau-Brunswick essaie de se laver les mains de toute responsabilité, je pense, dans une optique, encore une fois, pour un peu influencer la façon dont les gens voient cet enjeu-là, estime le député du Parti vert, Kevin Arseneau.

Fredericton n’a pas annoncé un jour férié

La Journée de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre, ne sera pas fériée au Nouveau-Brunswick, du moins le gouvernement n’a rien prévu en ce sens.

Pourtant, ailleurs en Atlantique, cette journée est fériée pour tous les employés provinciaux. Cette journée est aussi fériée pour les employés du gouvernement fédéral, ainsi que pour les employés de Moncton, Saint Jean et Fredericton.

Non seulement le gouvernement Higgs n'a pas reconnu la nécessité d'un jour férié pour marquer l'importance de la journée, mais il a également supprimé la notion et la mention du fait que les Néo-Brunswickois siègent sur le territoire Wolastoqey non cédé, résume le chef Polchies.

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