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Quand pauvreté et santé mentale vont de pair : une Néo-Écossaise raconte

Haley Strickland pose devant la caméra.

Haley Strickland a grandi dans la pauvreté et a souffert de problèmes de santé mentale.

Photo : Holly Conners/CBC

Radio-Canada

Haley Strickland, une jeune femme de Glace Bay en Nouvelle-Écosse, a vécu comment la pauvreté pendant l’enfance a pu affecter sa santé mentale. Elle espère que son expérience aidera d'autres jeunes vivant dans la pauvreté.

Aujourd'hui, elle en est à sa première année d’un programme d’éducation de la petite enfance au Collège communautaire de la Nouvelle-Écosse, qu’elle peut se permettre grâce à un programme de subventions gouvernementales. Elle reçoit un chèque d’aide sociale mensuel de 600 $.

Elle est maintenant optimiste, mais la route a été difficile.

« J’ai grandi avec quatre jeunes frères et sœurs et mes parents [qui sont tous deux incapables de travailler] et quelques animaux. Nous vivions tous dans une maison avec trois chambres à coucher. C’était assez serré.  »

— Une citation de  Haley Strickland

Selon les statistiques, un enfant sur trois vit sous le seuil de pauvreté dans le secteur de Glace Bay, contre un sur quatre en Nouvelle-Écosse.

Intimidation et dépression

Enfant, Haley Strickland voulait faire de la gymnastique et de la danse, mais sa famille n’en avait pas les moyens. Elle a essayé les sports scolaires, mais n’a été choisie pour aucune équipe parce qu’elle n’était pas populaire, a-t-elle noté. Et elle n’avait pas d’argent.

La jeune femme croit que des amis ont évité de lui demander de faire des sorties parce qu’ils savaient qu’elle ne pouvait pas se permettre d’y aller.

Mais ce n’était pas le pire.

« Quand l’intimidation a commencé, c’est là que ça m’a vraiment dérangée. Parce que ce n’était pas de ma faute. Et ce n’était pas vraiment la faute de mes parents. C’est un peu la situation dans laquelle on nous a mis.  »

— Une citation de  Haley Strickland

Il y a [eu] d’autres raisons pour lesquelles j’ai été victime d’intimidation. Mais je pense que c’était la principale raison, parce que je n’étais pas populaire et parce que je n’avais pas l’argent nécessaire. Je suis tombé dans une dépression à cause de cela.

Elle se souvient d’avoir été poussée contre un mur par une autre étudiante, d’avoir été insultée et de s’être fait dire de se suicider.

Elle a arrêté d’aller à l’école et a fini par devoir reprendre sa 8 année.

J’ai vécu une situation difficile à la maison , a-t-elle raconté. Ça n’allait pas bien pour moi à l’école. J’avais l’impression que je n’avais nulle part où aller pour avoir un peu de paix. Ma santé mentale se détériorait. Je n’avais pas d’argent pour obtenir de l’aide pour ça de toute façon. Donc c’était vraiment dur.

À 18 ans, elle avait commencé à abuser de l’alcool.

Lien entre pauvreté et santé mentale

Le lien entre la pauvreté chez les enfants et les résultats en matière de santé physique et mentale a été établi, a révélé Leslie Frank, professeure de sociologie à l’Université Acadia et l’un des auteurs du Bulletin de 2021 sur la pauvreté des enfants et des familles en Nouvelle-Écosse.

Une éducatrice ensigne dans une garderie.

Un enfant sur quatre vit dans une situation de pauvreté en Nouvelle-Écosse.

Photo : Tom Ayers/CBC

Il y a eu des liens avec la pauvreté et l’insécurité alimentaire - qui sont les résultats nutritionnels de la pauvreté - chez les enfants et les adultes dans des domaines comme la santé mentale, l’augmentation des taux de dépression, les idées suicidaires chez les enfants et les adolescents , a relevé Leslie Frank.

Il y a aussi des données probantes qui établissent un lien entre la pauvreté chez les enfants et de moins bons résultats scolaires, des taux plus élevés d’abandon scolaire, une participation accrue à la criminalité et une augmentation des taux d’hospitalisation, a-t-elle signalé.

Cela a une incidence sur votre santé mentale, votre être social et votre estime de soi. Il touche toute la personne. C’est un lourd, lourd fardeau à porter , a constaté Chester Borden, directeur général de BGC du Cap-Breton, un club de jeunes.

Un rendement ridicule en Nouvelle-Écosse

Le changement a été lent à venir. La Nouvelle-Écosse a obtenu le pire rendement de toutes les provinces en matière de réduction de la pauvreté chez les enfants par rapport aux niveaux de 1989, avec une diminution de seulement 0,1 % sur 30 ans.

« C’est ridicule. Nous devrions avoir honte en tant que société. »

— Une citation de  Chester Borden, directeur général de BGC du Cap-Breton

Il aimerait que le gouvernement investisse davantage dans la prévention, notamment en appuyant les clubs de jeunes comme le sien.

Haley Strickland attribue au Undercurrent Youth Centre de Glace Bay le mérite de lui offrir un environnement sécuritaire et positif qui l’a aidée à surmonter certains de ses défis.

Un élément clé de la solution consiste à s’attaquer à la racine du problème, a déclaré Chester Borden.

Cela signifie qu’il faut payer un salaire de subsistance aux familles, et Leslie Frank est d’accord.

Le plus important est que la province ait besoin d’un plan d’éradication de la pauvreté. Et ça doit être légiféré, de sorte que lorsque les gouvernements modifient le plan, il ne soit pas mis de côté , demande-t-il.

Plan quinquennal

Dans sa lettre de mandat de 2021 à la ministre des Services communautaires, Karla MacFarlane, le premier ministre Tim Houston a demandé la création d’un plan quinquennal pour réduire la pauvreté chez les enfants en Nouvelle-Écosse.

Mme MacFarlane a déclaré que le fait qu’il y ait des enfants en Nouvelle-Écosse qui vivent dans la pauvreté est profondément troublant. Je crois que c’est l’un des problèmes les plus graves qui existent dans notre province.

Entre-temps, Haley Strickland aimerait voir plus de soutien en santé mentale pour les jeunes comme elle.

La ligne d’écoute provinciale en matière de santé mentale et de lutte contre les dépendances est accessible en tout temps au numéro sans frais 1-888-429-8167. De plus, des outils gratuits en matière de santé mentale et de dépendance sont disponibles en ligne. (Nouvelle fenêtre)

Toutefois, le temps d’attente médian actuel pour que les enfants et les adolescents aient un premier rendez-vous avec un clinicien en santé mentale est de 112 jours dans la région de Glace Bay, contre 53 jours dans les régions rurales du Cap-Breton.

Haley Strickland espère qu’en parlant de son expérience, elle suscitera de la compassion pour les autres jeunes qui vivent dans la pauvreté.

D'après un reportage de CBC

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