Des données du monde entier permettent d’estimer les risques sismiques en C.-B.

En 2019, des séismes ont ébranlé la Californie et la Colombie-Britannique en l'espace de quelques jours. (Archives)
Photo : Getty Images / Marty Melville
Pendant que la Colombie-Britannique poursuit son programme d’atténuation sismique et continue à rénover ses écoles, des experts expliquent que ces décisions politiques ont été prises sur la base de données issues du monde entier, faute de tremblement de terre majeur survenu dans la province.
Les prévisions séismologiques se fondent notamment sur des données en provenance de la Californie, du Japon, du Chili et d'autres parties du monde
, explique Salman Soleimani-Dashtaki, chercheur associé au Département de génie civil de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).
La province, dit-il, n'a pas autant de données que la Californie, car aucun séisme majeur ne s'y est produit depuis que les registres de tremblements de terre y ont été créés.
Nous pouvons utiliser beaucoup de données historiques et des enregistrements de tremblements de terre qui ont frappé diverses parties du monde, par exemple celui du Tōhoku, un tremblement de terre survenu au Japon en 2011. Là-bas, c'est la même activité tectonique sur la ceinture de feu du Pacifique que chez nous.
Beaucoup de tremblements de terre [...] en Californie sont caractérisés comme étant assez similaires à ce que nous nous attendons à voir en Colombie-Britannique
, dit M. Soleimani-Dashtaki.
D'après lui, les ingénieurs utilisent divers facteurs d'échelle et plusieurs techniques afin de ramener les séismes survenus ailleurs à l'échelle du spectre de danger de notre province
, sachant que le spectre de danger à Tofino, à Victoria, à Vancouver ou à Abbotsford est complètement différent.
Notre base de données s'appuie sur des centaines de milliers d'analyses fondées sur les données historiques des mouvements réels du sol qui se sont produits à divers endroits dans le monde.

Toute l’île de Vancouver est à risque élevé d'événement sismique.
Photo : Radio-Canada
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John Cassidy, séismologue chez Ressources naturelles Canada, explique que depuis 10 ou 20 ans, les nouvelles technologies ont permis d'obtenir une très bonne compréhension des secousses du sol causées par les tremblements de terre récents
.
Les nouveaux instruments [...] peuvent enregistrer de très fortes secousses. Ils nous permettent de savoir exactement comment construire les fondations des structures, comment un bâtiment ou un pont a tremblé. Cela permet d'améliorer énormément le travail d'ingénierie et les codes du bâtiment.

L'École secondaire Victoria, dans le quartier Fernwood, fait partie des 25 écoles en construction dans le cadre du programme d'atténuation sismique de la Colombie-Britannique. Ce projet de près de 80 millions de dollars devrait être terminé à l'automne 2022.
Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu
En matière de risques, la plus grande probabilité de tremblements de terre dans la province se situe le long de la côte ouest, à savoir sur l'île de Vancouver et dans l'archipel Haida Gwaii. Au fur et à mesure qu'on se déplace vers l'intérieur des terres [...], le danger diminue
, explique John Cassidy. Haida Gwaii est l'endroit où nous avons assisté au plus récent tremblement de terre d'envergure : c'était un tremblement de terre de magnitude 7,8 survenu en 2010.
Le plus grand danger [sismique] au Canada se trouve justement dans la région de l'archipel Haida Gwaii.
Trois types de séismes possibles
Trois types de tremblements de terre sont possibles en Colombie-Britannique, poursuit John Cassidy. Un séisme de subduction, qui survient lorsqu'une plaque tectonique glisse sous une autre, est possible au large de l'archipel Haida Gwaii, à l'instar du séisme de 2010 qui avait aussi déclenché un tsunami. Dans la même zone, nous avons vu ce que nous appelons des séismes de décrochement, où ces plaques tectoniques glissent les unes contre les autres
, dit John Cassidy.
Le long de la côte sud au large de l'île de Vancouver, il y a également une zone de subduction où une plaque océanique est poussée sous l'île de Vancouver ainsi que sous les États de Washington et de l'Oregon
. C’est dans cette zone, explique John Cassidy, qu’il y a plus de 300 ans, un tremblement de terre de magnitude 9 s’est produit au large de l'île de Vancouver.
Il y a également des risques de séismes crustaux (c'est-à-dire dans la croûte terrestre), plus petits mais proches de la surface et des villes
. Dans le passé, précise John Cassidy, des séismes de ce type de magnitude 7 ou 7,3 ont été enregistrés. Ce sont donc aussi de très gros tremblements de terre.
Chaque jour, de petits séismes se produisent sans que les Britanno-Colombiens s’en aperçoivent.
Nous enregistrons des tremblements de terre plus petits [...], de magnitude 1 ou 2, qui sont trop faibles pour être ressentis [...]. Ils s'en produit tous les jours. Des séismes destructeurs frappent en moyenne tous les 10 ou 20 ans dans la province. [Les] énormes tremblements de terre ont lieu à des siècles d'intervalle.
Tous séismes confondus, à Victoria, la probabilité d’un séisme dommageable est d'environ 15 ou 20 % en 50 ans, [soit] une probabilité de 20 % au cours d'une vie
. À Vancouver, cette probabilité est plutôt de 10 à 15 %.
Certains tremblements de terre dans la région n’auront pas de répliques, mais les gros séismes de subduction, eux, peuvent perdurer pendant des mois ou même pendant des années, par exemple au Japon et au Chili. Il est possible que les répliques produisent des secousses plus fortes que le tremblement de terre principal
, fait remarquer John Cassidy.
Le séismologue insiste sur le fait que la Colombie-Britannique est une région où un gros tremblement de terre pourrait se produire à tout moment
et sans le moindre signe avant-coureur
.