Le Franco-Ontarien Gilles Bisson, doyen de Queen’s Park, fait ses adieux à la politique
Le Franco-Ontarien Gilles Bisson tourne la page sur une carrière politique de 32 ans.
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Le Franco-Ontarien Gilles Bisson a représenté les électeurs de la région de Timmins de 1990 à 2022.
Photo : Radio-Canada
Le néo-démocrate Gilles Bisson tire sa révérence. Le député provincial sortant dans Timmins n'a pas été réélu aux élections ontariennes la semaine dernière. Bousculé par la défaite, il quitte la vie politique après 32 ans de service.
Je vais aller chercher des boîtes en bas. Peux-tu descendre les cadres qui sont là?
Gilles Bisson fait son grand ménage et vide son bureau, situé à l'extrémité de l'aile ouest de l’édifice de l'Assemblée législative.
Le politicien retire les huit attestations de la législature qui ornent un des murs de son bureau. Une attestation remise pour chacune de ses élections victorieuses dans la région de Timmins (les limites de sa circonscription ont changé à trois reprises depuis son élection en 1990, NDLR).

Gilles Bisson a siégé à Queen's Park de 1990 à 2022.
Photo : Radio-Canada
Gilles Bisson s'arrête ensuite devant une photo de groupe, celle du gouvernement de Bob Rae. Sur la photo, les membres du caucus néo-démocrate de l’époque sont massés dans le grand escalier de Queen's Park. Dans le coin inférieur droit, un jeune Gilles Bisson, âgé de 32 ou 33 ans, se tient droit, le regard sérieux.
Je me disais, si je peux rester député aussi longtemps que la moitié de ce monde-là, j'aurais considéré ça un succès. Puis je suis le dernier
, raconte-t-il avec fierté.
Le jeune politicien ne se doutait pas à l'époque qu'il gagnerait la confiance des électeurs pendant 32 ans. Sa carrière a débuté au sein du gouvernement, mais Gilles Bisson a surtout passé du temps dans l'opposition, ce qui ne l'a pas empêché de gagner le respect de ses adversaires politiques.
Ils ont respecté que j'avais une voix qui était forte et que j'étais capable de travailler avec eux
, assure-t-il.
Questionné sur ses grandes réalisations de député, il nomme immédiatement la sauvegarde des emplois à l'usine de pâtes et papiers de Kimberly-Clark à Kapuskasing dans les années 90. Sa contribution au mouvement S.O.S. Montfort lui vient aussi en tête. Gilles Bisson se retire de la vie politique avec le sentiment du devoir accompli.
« S.O.S. Montfort a touché un point chez les francophones. Je faisais partie du groupe qui représentait cette question-là ici à Queen's Park. Ça, c'est quelque chose dont je suis très content d'avoir fait partie. »
Gilles Bisson est certainement un combattant. Ses récents problèmes de santé, apparus à la veille du déclenchement de la campagne électorale, ne l’ont pas empêché de solliciter un neuvième mandat. Malgré la défaite encaissée contre le conservateur George Pirie, il refuse de céder à l'amertume.
J'ai perdu. Qui veut perdre? J'ai pas voulu perdre, mais je prends ma retraite et je commence à changer mon attitude envers la retraite
, lance-t-il. Déjà, il a commencé à dormir davantage. À quoi bon se lever à 5 h du matin quand on peut dormir jusqu'à 7 h? L'homme de 65 ans a encore des projets professionnels, mais assure qu'il ne veut travailler pour personne
.
« Je m'attendais que j'étais pour être beaucoup plus triste et plus ému que je le suis. »
Le doyen de l'Assemblée législative a-t-il un conseil pour la nouvelle cohorte de députés fraîchement élus?
Prends-toi pas trop au sérieux. Il y a beaucoup de personnes qui deviennent députés et qui jouent le jeu : "Je suis député, regardez-moi, bla-bla-bla." Oublie tout ça. À la fin de la journée, il faut rentrer à l'Assemblée et parler avec ton cœur
, lance-t-il, le sourire dans la voix.
« Je pars avec l'esprit, comment dire, assez éveillé. En paix. »
Dans ses boîtes de carton, Gilles Bisson range quelques cadres et des photos. Il emportera aussi sa vieille chaise en cuir bleu, obtenue à la suite des rénovations de la chambre, il y a une quinzaine d’années. Malgré le poids des objets à déménager jusqu'à Timmins, il part l'esprit léger.