Les réserves du Conseil scolaire Centre-Nord bientôt à sec

La hausse des coûts associés au transport scolaire plombe les finances du CSCN.
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Les deux plus grands conseils scolaires francophones de l’Alberta prévoient d’importants déficits en 2022-2023. Même en vidant ses réserves, le Conseil scolaire Centre-Nord n’arrivera pas à combler le sien et le conseil FrancoSud prévoit une situation similaire d'ici deux ans.
On s’est rapprochés du mur le plus qu’on pouvait. Maintenant, on est accotés au mur
, a expliqué le vice-président du CSCN, Étienne Alary, lors de la présentation du budget au conseil scolaire.
Le CSCN
prévoit un déficit opérationnel de 2,5 millions de dollars pour la prochaine année scolaire. Or, il a moins de 1,7 million de dollars en réserves. Il y a donc un manque à combler de 840 530 $.Le conseil a entamé des discussions avec le ministère de l’Éducation pour trouver une solution.
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La hausse des dépenses du CSCN
s’explique en partie par l’ajout de certains niveaux scolaires dans les écoles Claudette-et-Denis-Tardif et La Découverte.Les coûts associés au transport scolaire ont aussi explosé en raison du prix de l’essence, des assurances et de la pénurie de chauffeurs. Ils augmenteraient de 1,5 million de dollars comparés à l’an dernier, selon les projections du CSCN
, et cela même s’il n’y aura que 4 nouveaux autobus.Le Conseil scolaire Centre-Nord avait 3,5 millions de dollars en réserve au début de l’année 2020-2021. Il a cependant dû en utiliser une partie au cours des deux dernières années pour équilibrer ses budgets. Les réserves seront maintenant à sec.
Le CSCN
a décliné la demande d’entrevue de Radio-Canada, citant des discussions en cours avec le ministère de l’Éducation.FrancoSud sera dans la même situation dans un an ou deux
Le conseil FrancoSud voit également ses réserves fondre à vue d'œil. Celles-ci sont actuellement d’un peu moins de 3 millions de dollars, mais il devra y piger 1,5 million pour équilibrer son budget 2022-2023.
C’est un rythme insoutenable. Si on doit puiser chaque année dans nos réserves, un moment donné on n’en aura plus et c’est pour bientôt. Encore une année ou deux…
, dit Marco Bergeron, conseiller scolaire et président de FrancoSud.
Plusieurs conseils scolaires affichent des budgets déficitaires cette année, certains ont cependant des coussins plus importants.
Ainsi, le Conseil des écoles publiques d’Edmonton prévoit un découvert de quelque 10 millions de dollars, mais qu’il sera capable d’éponger avec ses réserves.
Les deux plus petits conseils scolaires francophones, Centre-Est et Nord-Ouest, prévoient respectivement des déficits de 242 000 $ et 667 000 $.
Les réserves du Conseil scolaire Nord-Ouest sont elles aussi à sec, selon ses derniers états financiers.
Le conseil FrancoSud et le Conseil scolaire Centre-Nord ont tous deux évoqué les défis supplémentaires auxquels le milieu de l’éducation francophone fait face, incluant les besoins accrus de transport et les coûts par élève qui sont généralement plus élevés dans les petites écoles.
Ce qu’on dit à la province, c’est que ça fait des années que nous absorbons ce que la province devrait financer
, a dit Étienne Alary, lors de la réunion du CSCN .
Le CSCN
ne prévoit pas de réduire les services en classe malgré ses défis financiers.Le gouvernement défend son approche
Le gouvernement albertain a haussé le budget opérationnel pour l’éducation de 1,7 % pour 2022-2023.
La ministre de l’Éducation a par ailleurs souvent encouragé les conseils scolaires à piger dans leurs réserves pour aider à répondre à la croissance des besoins. À partir de la prochaine année scolaire, un plafond sera imposé à l’argent que ces conseils ont le droit de mettre de côté.
Quant aux conseils scolaires francophones, le ministère rappelle qu’ils ont accès à du financement supplémentaire à travers plusieurs programmes.
Ainsi, en 2022-2023, ils devraient recevoir un total de 8 millions de dollars du programme basé sur la géographie et conçu pour les écoles desservant une population répartie sur un vaste territoire, et 7,5 millions du programme pour les petites écoles rurales.
Un peu plus de 3 millions de dollars devraient aussi être alloués aux quatre conseils francophones par le programme pour la francisation.
Il y a également le programme pour l’équivalence des services éducatifs en français qui offre 250 $ par élève éduqué dans la langue officielle minoritaire.
Une porte-parole du ministère dit qu’un groupe de travail incluant la Fédération des conseils scolaires francophones de l’Alberta a été formé pour étudier le fonctionnement et l’état de ce programme.
Ce comité devrait aider à comprendre pourquoi certains conseils scolaires francophones projettent actuellement des déficits plus élevés que leurs réserves opérationnelles
.