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Bernard Drainville : « Les Québécois n’ont pas d’appétit » pour l’indépendance

Bernard Drainville par sur scène.

L’ancien ministre péquiste et animateur de radio Bernard Drainville sera candidat pour la Coalition avenir Québec dans Lévis.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Les Québécois « n'ont pas d'appétit » pour le débat sur l'indépendance du Québec et croient plutôt qu'ils peuvent « faire des avancées » à l'intérieur du Canada, a affirmé mardi l'ex-ministre péquiste Bernard Drainville, pour justifier son passage à la Coalition avenir Québec (CAQ), dont il défendra les couleurs dans la circonscription de Lévis.

Attendu de pied ferme par la presse, qui voulait connaître les raisons de sa conversion au projet de la CAQ, l'ex-animateur de radio a plaidé avoir toujours été nationaliste et avoir constaté ces dernières années que le vieux débat entre souverainistes et fédéralistes est devenu un faux dilemme, voire un cul-de-sac.

Je pense qu’on peut, comme Québécois, faire des avancées avec notre statut actuel, avec les pouvoirs qu’on a, l’économie qu’on a, les institutions, la démocratie qu’on a, l’énergie verte qu’on a, les ressources naturelles qu’on a, le territoire qu’on a, a-t-il fait valoir.

Nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance, parce que nous n’avons pas tous les pouvoirs. On peut agir et améliorer notre société, et améliorer la vie des Québécois avec l’autonomie qu’on a.

Je suis là où sont les Québécois aujourd'hui, a encore dit Bernard Drainville. Les Québécois, ce qu'ils veulent, c'est qu'on travaille ensemble. Qu'on ait été fédéraliste ou souverainiste importe peu. Ils veulent qu'on travaille ensemble comme nationalistes.

Il y en a qui disent que le nationalisme, c’est quelque chose de peureux, de frileux, que c’est le repli sur soi, le rejet de la différence. Ce n’est pas le nationalisme dans lequel j’ai grandi. Le nationalisme que nous pratiquons au Québec depuis des générations, c’est un nationalisme généreux [...] qui est porteur de progrès social […] qui est ouvert sur le monde.

Une citation de Bernard Drainville, candidat de la CAQ dans Lévis

Pressé de dire s'il était toujours souverainiste dans son cœur, ou s'il entretenait toujours ce rêve dans son for intérieur, M. Drainville a soigneusement évité la question. Je n'ai pas le goût de mener cette bataille-là. Ce n'est pas ma motivation, a-t-il répondu, arguant que dans le cas contraire, il serait revenu au Parti québécois.

Patrice Roy s'entretient avec Bernard Drainville.

Un débat Québec-Canada terminé, juge Drainville

Il y a moyen de faire avancer le Québec au sein du Canada, et moi, c'est là-dessus que je veux me concentrer, a-t-il affirmé un peu plus tard, sur les ondes d'ICI RDI.

Je n'ai pas le goût de revenir encore à ce débat-là [entre souverainistes et fédéralistes]; on l'a fait, c'est assez. On n'est pas condamnés à refaire constamment ce débat-là.

La question de l'indépendance du Québec est devenue un débat théorique; moi, je vis dans le monde réel. J'ai le goût d'avancer et de faire ma part.

Une citation de Bernard Drainville

En entrevue à En direct avec Patrice Roy, le candidat caquiste a qualifié de bordel total le programme d'immigration géré par le gouvernement fédéral.

Ce faisant, M. Drainville se rend à l'avis de son chef, François Legault, qui réclame d'obtenir des pouvoirs en matière d'immigration qui relèvent actuellement du gouvernement fédéral. Une demande qui a été rapidement rejetée par Ottawa.

Je pense qu'on pourrait s'asseoir avec Ottawa et leur dire : "Écoutez, peut-on renégocier l'entente Québec-Ottawa sur l'immigration? On va en prendre plus, ça va vous décharger", a mentionné M. Drainville.

Et que se passerait-il si le gouvernement fédéral refusait de nouveau d'accéder aux demandes du gouvernement Legault? Bernard Drainville dit vouloir attendre un éventuel deuxième mandat caquiste avant de se prononcer sur la suite des choses.

François Legault donne l'accolade à Bernard Drainville.

François Legault a officiellement présenté mardi le nouveau candidat de la CAQ dans Lévis, l'ancien péquiste et animateur de radio, Bernard Drainville.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

L'appel du service public

Bernard Drainville a précisé qu'il n'avait pas l'intention de revenir en politique jusqu'à ce que le chef de cabinet du premier ministre François Legault, Martin Koskinen, le contacte, il y a une dizaine de jours. Quand le premier ministre te dit qu'il aimerait que tu reviennes, tu réfléchis, a-t-il expliqué.

Dans mon cas, j’ai réfléchi pendant quelques jours et j’ai décidé de quitter les estrades, de chausser à nouveau mes patins et de sauter sur la glace. C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui.

Une citation de Bernard Drainville, candidat de la CAQ dans Lévis

L'ex-député de Marie-Victorin a plutôt dit revenir en politique après un intervalle de six ans par amour du Québec, par volonté de faire [sa] part et parce qu’il a découvert au cours des dernières années un vrai premier ministre, capable d’exercer du leadership et de prendre des décisions courageuses.

Se rallier, malgré des coches mal taillées

M. Drainville a aussi affirmé se rallier aux réalisations et projet du gouvernement : loi 21, loi 96, plan de transformation du système de santé, projet pour une économie verte, hausse de la rémunération du salaire des enseignants et d'autres corps d'emploi où les femmes sont très présentes, troisième lien entre Lévis et Québec, etc.

Tout n'est pas parfait, a-t-il tout de même laissé tomber, disant qu'il est normal qu'il y ait des coches mal taillées, mais sans donner plus de détails. Invité à le faire, il a rétorqué qu'il aurait aussi posé cette question s'il avait encore été journaliste, mais qu'il préfère dorénavant faire part de ses critiques à l'intérieur du parti.

Bernard Drainville et François Legault en conférence de presse.

Bernard Drainville (gauche) et François Legault étaient attendus par la presse.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Le nouveau candidat caquiste a aussi profité de l'occasion pour s'en prendre à son ex-collègue péquiste Pascal Bérubé, qui l'a accusé d'avoir été complaisant avec la CAQ dans ses chroniques politiques. Ces commentaires étaient un peu cheap, a-t-il dit, en convenant que cela fait partie de la game politique, mais qu'il revient au public de porter un jugement sur son travail des dernières années.

Le premier ministre Legault, venu présenter son candidat aux citoyens de Lévis, a jugé admirable la décision de M. Drainville de faire une croix sur une belle carrière, payante, dans le monde des médias pour venir servir les Québécois, en sachant ce que ça veut dire.

Il a par ailleurs jugé presque insultant que des analystes voient déjà M. Drainville comme son successeur, en soulignant qu'il est non seulement prêt à remplir un second mandat à la barre du gouvernement, mais qu'il n'exclut rien pour un troisième. Il n'y a pas de course au leadership prévue prochainement, a-t-il dit.

Les critiques fusent

À l'Assemblée nationale, les partis d'opposition qui se préparent aussi aux élections générales du 3 octobre ont tous critiqué le choix de Bernard Drainville, mais selon des angles différents.

Le leader parlementaire du Parti libéral du Québec, André Fortin, a soutenu que la foi souverainiste de l'ex-péquiste était autrefois sa plus grande valeur politique et s'est interrogé sur ce qu'il en est advenu.

Même en octobre 2021, M. Drainville écrivait, sur ses réseaux sociaux, en réponse à un article [du chroniqueur] Mathieu Bock-Côté titré Legault pourrait faire naître le Québec libre [...] : "Cher Mathieu Bock-Côté, nous n'avons pas le luxe de la résignation, de l'abandon, de l'abdication. Peu importe le cadre politique. Nous […] avons duré sous toutes formes. […] Faut durer […]".

Ça, c'est Bernard Drainville en octobre 2021. Alors, s'il va tenter aujourd'hui de nous faire croire qu'il a abandonné, qu'il a abdiqué, qu'il a résigné à l'indépendance du Québec, moi, j'ai beaucoup, mais beaucoup de difficulté à croire ça.

Une citation de André Fortin, leader parlementaire du Parti libéral du Québec

Le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a plutôt dit voir dans ce développement la confirmation que la stratégie électorale de François Legault [...] est de faire campagne sur l'immigration et les signes religieux.

Les gens disent beaucoup : "Ah! M. Drainville a changé de convictions. Moi, je trouve qu'il y a une affaire sur laquelle il est très cohérent, M. Drainville : il a rédigé la charte des valeurs, et maintenant il s'en va en politique avec un premier ministre qui veut faire campagne sur les signes religieux et l'immigration.

Une citation de Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire de Québec solidaire

Au Parti québécois, le leader parlementaire Joël Arseneau a fait valoir que M. Drainville pouvait être taxé d'opportunisme, dans la mesure où il veut saisir l'opportunité de profiter de l'apparente popularité indétrônable de la CAQ pour pouvoir se rapprocher du pouvoir.

Sur son compte Twitter, le Parti québécois a diffusé un vieux message publié en 2012 par Bernard Drainville, alors député péquiste, dans lequel il accusait François Legault d'avoir renié [ses] convictions souverainistes pour devenir premier ministre, en lui demandant : Moi, j'vis très bien avec ma conscience. Toi?

Nous, on vit très bien avec notre conscience. Toi?, lui relance le PQ, dix ans plus tard.

Précision

La citation du tweet d'octobre 2021 de Bernard Drainville et le passage du texte l'évoquant ont été modifiés par souci d'être fidèle au message original. Le mot « indépendantistes » qui apparaissait dans une version précédente a notamment été retiré, puisqu'il ne se trouvait pas dans le tweet original.

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