Au Mali, la junte fixe un délai de deux ans avant de remettre le pouvoir aux civils

Les soldats au pouvoir au Mali n'entendent pas céder leur place à la tête de l'État avant au moins l'année 2024.
Photo : Reuters / Paul Lorgerie
La junte qui gouverne le Mali s'est donné lundi jusqu'à mars 2024 avant de rendre le pouvoir aux civils, en fixant par décret à deux ans à partir du 26 mars dernier la durée de la période dite de transition.
Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a signé un décret en ce sens lu à la télévision d'État et stipulant que la durée de la transition est fixée à 24 mois, [à] compter du 26 mars 2022
.
Cette annonce intervient au surlendemain d'un sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui a imposé le 9 janvier au Mali de sévères mesures de rétorsion commerciales et financières pour forcer la junte à présenter un calendrier acceptable
de retour des civils au pouvoir.
Les colonels qui ont pris par la force en août 2020 la direction de ce pays plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire, politique et humanitaire profonde se sont dédits de leur engagement initial à céder la place à des civils après des élections programmées en février dernier.
En début d'année, ils projetaient même de gouverner jusqu'à cinq années de plus. Avant le sommet de la CEDEAO, alors que les sanctions accentuent la crise dans ce pays pauvre et enclavé, ils avaient ramené leurs prétentions à 24 mois, sans les formaliser comme ils l'ont fait lundi.
Jusqu'alors, la CEDEAO a consenti au maximum à 16 mois.
Vers une levée des sanctions?
À l'approche du sommet de samedi, la poursuite du dialogue entre la CEDEAO et la junte avait suscité au Mali un certain espoir dans la levée des sanctions.
Les dirigeants ouest-africains les ont en fait maintenues tout en gardant la porte ouverte à leur levée.
Divisés sur la conduite à tenir, ils ont renvoyé toute décision à un nouveau sommet le 3 juillet. Mais ils ont décidé de continuer le dialogue afin de parvenir à un accord permettant une levée graduelle des sanctions à mesure que les étapes de la transition seront franchies
.
L'effet du décret pris lundi sur les discussions avec la CEDEAO reste à voir. En juillet, il restera 20 mois et demi jusqu'à l'échéance fixée de mars 2024.