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Effondrement mortel : des Irano-Canadiens manifestent contre le régime iranien

Des manifestants dans la rue.

Des manifestants ont dénoncé le gouvernement iranien, à Toronto, dimanche.

Photo : Radio-Canada / James Spalding

La communauté irano-canadienne se mobilise pour dénoncer le régime iranien, après l’effondrement d’un immeuble de 10 étages qui a fait au moins une trentaine de morts à Abadan en Iran.

Après une première manifestation organisée samedi par l’Association démocratique de l’Iran, des centaines de manifestants se sont réunis dimanche à la place Mel Lastman à Toronto, cette fois-ci à l’invitation de différents activistes.

Des rassemblements étaient également prévus à Montréal et à Vancouver.

Nazila Nik tenait à participer à la manifestation de Toronto.

 On doit être solidaire avec le peuple iranien et dénoncer le régime, dit-elle.

Un portrait de Nazila Nik.

Nazila Nik a participé à la manifestation à Toronto.

Photo : Radio-Canada / Stella Dupuy

Au moins 38 personnes sont mortes dans l’effondrement du Metropol Building, un immeuble en construction de 10 étages, le 23 mai, à Abadan, l’une des principales villes de la province du Khouzestan, située dans le sud-ouest du pays.

Le funeste bilan n’a cessé d’augmenter au cours des derniers jours, au fur et à mesure que des secouristes continuaient leurs recherches parmi les décombres.

Les ruines d'un immeuble qui s'est effondré.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

L'immeuble s'est effondré à Abadan.

Photo : Associated Press / Mohammad Amin Ansari

Depuis l’incident, la colère ne dérougit pas au pays.

De nombreux manifestants se sont rassemblés ces dernières semaines sur le site de l’effondrement, et ailleurs au pays, pour interpeller les hauts responsables iraniens.

Ils accusent leur gouvernement de corruption et de négligence.

La réponse du gouvernement choque

Le journaliste irano-canadien Mohammad Tajdolati tenait à participer à la manifestation de dimanche à Toronto. En tant que journaliste, il juge qu’il a la responsabilité de raconter ce qui se passe actuellement en Iran.

Les Irano-Canadiens qui manifestent sentent que c’est leur responsabilité de manifester et de refléter les voix des Iraniens à l’étranger pour que les gens sachent ce qui se passe là-bas, dit-il.

Un portrait de Mohammad Tajdolati.

Mohammad Tajdolati a participé à la manifestation, dimanche.

Photo : Radio-Canada / Stella Dupuy

En Iran, pendant des jours et des nuits, les gens étaient fâchés parce que le régime, le système qui était responsable de cette catastrophe, ne répondait pas aux questions des gens et ne prenait pas ses responsabilités, ajoute le journaliste, qui explique que le propriétaire de l’immeuble serait lié à des histoires de corruption.

Politologue et iranologue à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, Hanieh Ziaei abonde dans le même sens.

La population reproche la réponse tardive. On voit toujours une réponse inexistante ou insuffisante de la part des autorités pour porter secours aux victimes dans ce genre de situation, dit-elle.

Elle rappelle l’effondrement en 2017 dans le centre de Téhéran du Plasco Building, un centre commercial de 15 étages, qui avait fait 22 morts, dont 16 pompiers.

Mais, selon elle, la colère des Iraniens ne se résume pas à la réponse des autorités. Elle affirme que les manifestants dénoncent une corruption institutionnalisée, la forte inflation et la dépréciation de la monnaie.

Une colère enracinée

Mohammad Tajdolati souligne pour sa part que la situation empire au niveau du chômage, de la pollution et au niveau de la répression politique.

La région du Khouzestan est la région la plus riche du pays parce qu'il y a des puits de pétrole et de gaz, mais depuis quatre décennies, à cause des politiques mal faites et mal appliquées, cette région est devenue l’une des régions les plus pauvres du pays, explique-t-il.

« Les gens se demandent pourquoi avec une telle richesse sous les pieds, ils doivent vivre dans des conditions catastrophiques.  »

— Une citation de  Mohammad Tajdolati

Et selon Hanieh Ziaei, les révoltes vont continuer. Les manifestants sont de plus en plus visibles. Cette visibilité et l’occupation de l’espace public montrent que la peur viscérale des brigades anti-émeutes et de la figure de l’autorité morale et religieuse s’affaiblit en Iran. Elle est en perte de légitimité, dit-elle.

« Et en Iran, lorsque vous manifestez, c’est votre vie qui est en danger. Les gens sont prêts à risquer leur vie pour dénoncer des injustices. »

— Une citation de  Hanieh Ziaei

Le discours de l’Ayatollah

L’Ayatollah Ali Khamenei, guide suprême d’Iran, a parlé des événements d’Abadan dans un discours télévisé samedi.

Les responsables doivent être traduits en justice, leur punition doit servir de leçon aux autres et des incidents similaires à l'avenir doivent être évités, a-t-il déclaré.

L’Ayatollah Ali Khamenei qui porte un masque.

L’Ayatollah Ali Khamenei, vu ici sur une photo publiée par le gouvernement le 4 juin 2022.

Photo : Associated Press

L’Ayatollah a également imputé la récente flambée de manifestations aux ennemis de l'Iran, dont les Iraniens qui trahissent selon lui le pays à l’étranger.

Une réponse que les manifestants torontois n’ont pas hésité à dénoncer.

Selon le chercheur et activiste Ata Hoodashtian, présent à la manifestation, les autorités iraniennes sont dans une situation catastrophique et craignent une insurrection totale.

Avec les informations de Associated Press

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