Assurance salaire : 16,9 M$ dépensés au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue en 2021-2022

Le centre administratif du Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) à Rouyn-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Andrei Audet
Radio-Canada a appris que le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT) a dépensé plus de 16,9 millions de dollars pour les prestations d’assurance salaire de son personnel lors de sa plus récente année financière, soit d’avril 2021 à mars 2022.
Le montant obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information représente une hausse de 18,5 % par rapport à l’année financière 2020-2021, alors que le CISSS-AT avait dû débourser 14,3 millions de dollars.
L’assurance salaire
Les prestations d’assurance salaire sont versées aux employés en invalidité, que la raison d’absence soit liée ou non avec le travail. L’employé peut être absent pour une courte ou une longue période. Il est à noter que le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue est un auto-assureur, il assume donc l'entièreté des coûts des prestations d’assurance salaire.
Le personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers forment la catégorie d’employés pour laquelle le CISSS-AT a dû dépenser la plus grande somme d’argent en prestations d’assurance salaire en 2021-2022, soit 4,9 millions de dollars.
Le don de soi
Le président de la Fédération interprofessionnelle de la santé de l’Abitibi-Témiscamingue (FIQ-SISSAT), Jean-Sébastien Blais, remarque une certaine stabilité au niveau du pourcentage d’heures payées en assurance salaire pour le personnel des soins infirmiers depuis les deux dernières années.
Ça s’explique probablement par le don de soi. Les gens ont vraiment voulu en faire plus durant la pandémie. On a vu des retraités revenir, des gens en congé maladie revenus travailler pour prêter main-forte au réseau qui en arrachait
, spécifie-t-il.

Jean-Sébastien Blais, président de la Fédération interprofessionnelle de la santé de l'Abitibi-Témiscamingue (FIQ-SISSAT).
Photo : Radio-Canada / Andrei Audet
Jean-Sébastien Blais prédit toutefois que la situation pourrait changer au cours de la prochaine année. Il croit que la proportion de personnel en soins infirmiers disposant d’assurance salaire risque d’augmenter.
Notamment en raison de la fin des primes incitatives qui poussaient beaucoup les gens à continuer. On continue de travailler dans les mêmes conditions de travail même si la pandémie est terminée. Il y a encore beaucoup de temps supplémentaire obligatoire, de déplacements. On a des plans de contingence qui ne sont pas terminés. Avec ces conditions de travail diminuées, c’est sûr et certain que ça pousse les gens à l’épuisement
, explique le président de la FIQ-SISSAT.
Si un trop grand nombre d'employés en soins infirmiers devaient se prémunir de l’assurance salaire pour cause de congé maladie, Jean-Sébastien Blais craint des conséquences sur l’offre de services en soins de santé.
Ça risque d’avoir des impacts sur le réseau de la santé et on risque de voir d’autres fermetures pendant la période estivale dues à un ou deux arrêts maladie. Les départements sont à une ou deux infirmières de fermer en ce moment.
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Explications du CISSS-AT
Le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue a refusé notre demande d’entrevue. Par courriel, on nous précise que l’augmentation des coûts ne correspond pas à la variation du nombre d’heures en assurance salaire.
L’organisation ajoute que « chaque année, les coûts augmentent nécessairement puisque les échelles salariales augmentent aussi. Considérant l'augmentation des taux horaires, pour le même nombre d’heures payées par le CISSS en assurance salaire, le coût sera donc plus important. »
Il est également important de prendre en compte le pourcentage d’heures payées à son personnel bénéficiant de l’assurance salaire, selon le CISSS-AT.
En date du 26 février, le CISSS-AT projetait pour l’année financière 2021-2022, un pourcentage d’heures payées en assurance salaire sur le nombre total d’heures travaillées à 8,69 %. Il s’agirait donc d’une hausse par rapport à 2020-2021, où ce taux se situait à 8,20 %.
Le CISSS-AT explique l’augmentation des coûts et du nombre de prestations d’assurance salaire par la pandémie de COVID-19 : En effet, les heures d’absence des employés reliées à la COVID-19 lorsqu’ils sont en isolement à la maison ou retirés du travail sont des heures inscrites et payées en assurance salaire
, fait observer l’organisation.
Plusieurs projets se poursuivent afin de contribuer à la diminution du pourcentage d'heures payées en assurance salaire, qui concernent plus particulièrement la prévention en santé et sécurité au travail ainsi que les volets psychologique, physique, et curatif
, note le CISSS-AT.
En octobre 2018, le CISSS-AT mentionnait élaborer en ce moment un plan d'action dans le but de diminuer le taux d'assurance salaire
. L’organisation n’a pas voulu nous fournir les détails de ce plan d’action et les résultats en découlant.