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L’Allemagne fera une entorse à sa constitution pour renforcer son armée

Un char allemand

Un char allemand lors d'un exercice militaire en avril.

Photo : Reuters / ANNEGRET HILSE

Agence France-Presse

Face à la menace russe, le gouvernement et l'opposition conservatrice en Allemagne se sont entendus dimanche soir pour faire une entorse aux règles budgétaires de la constitution fédérale afin de débloquer 100 milliards d'euros pour moderniser l'armée.

Un compromis a été trouvé après des négociations difficiles qui ont duré plusieurs semaines entre les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux de la coalition et la famille politique conservatrice de l'ancienne chancelière Angela Merkel, ont indiqué à l'AFP des représentants de ces mouvements.

Équipements vétustes

L'accord permettra de remplir la promesse faite par le chancelier Olaf Scholz à la fin février après le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine. Le dirigeant allemand avait promis de débloquer un fonds spécial de 100 milliards d'euros pour réarmer son pays au cours des prochaines années et pour moderniser la Bundeswehr, dont les équipements sont vétustes.

Berlin pourra ainsi atteindre l'objectif fixé par l'OTAN de consacrer 2 % de son PIB national à la défense. Cet objectif sera atteint en moyenne sur plusieurs années, selon le texte de l'accord obtenu par l'AFP.

Fonds spécial

Le fonds exceptionnel sera financé par la dette nationale. Pour rendre l'opération possible, il a fallu contourner les règles inscrites dans la constitution du pays concernant les freins à l'endettement, qui limitent strictement les possibilités de déficit budgétaire.

Le gouvernement avait besoin de l'appui de la principale force d'opposition, les conserveurs CDU/CSU, pour obtenir la majorité des deux tiers du Parlement, nécessaire pour faire approuver la mesure.

Les 100 milliards d'euros seront versés dans un fonds spécial, hors budget national.

Les négociations ont été ardues concernant l'utilisation de l'argent, mais aussi concernant la politique face à l'Ukraine, sur laquelle le gouvernement et l'opposition s'affrontent depuis des semaines.

Les conservateurs reprochent au chancelier social-démocrate la timidité de son soutien à Kiev face à la Russie en matière de livraisons d'armes.

Un revirement important

Le déblocage de 100 milliards d'euros pour l'armée nationale constitue un revirement important pour l'Allemagne qui, ces dernières années, traînait des pieds pour se conformer aux engagements de l'Alliance atlantique. Le pays s'est d'ailleurs régulièrement attiré les foudres des États-Unis.

Depuis la fin de la guerre froide, l'Allemagne a nettement réduit les effectifs de son armée, passés de 500 000 personnes environ lors de la réunification du pays en 1990 à tout juste 200 000 aujourd'hui.

Par ailleurs, les responsables militaires se plaignent régulièrement de pannes sur leurs avions de chasse, navires de guerre ou chars.

L'invasion de l'Ukraine a toutefois agi comme un électrochoc dans un pays pétri de pacifisme depuis les horreurs nazies.

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