Des milliers d’Israéliens lors d’une « marche des drapeaux » sous tension à Jérusalem

Les forces de sécurité israéliennes affrontent des manifestants palestiniens alors que les Israéliens se rassemblent pour célébrer la conquête de la partie orientale de Jérusalem.
Photo : afp via getty images / HAZEM BADER
Des milliers d'Israéliens ont défilé dimanche dans la vieille ville de Jérusalem pour la « marche des drapeaux », qui souligne la conquête de la partie orientale de la ville par Israël. Le rassemblement s'est déroulé dans la crainte de nouveaux affrontements avec des Palestiniens, qui considèrent cette célébration comme une provocation.
La tension était forte dimanche à Jérusalem avant le début de cette marche annuelle, partie du centre de la ville pour se terminer au mur des Lamentations, le site de prière le plus sacré du judaïsme, en contrebas de l'esplanade des Mosquées. Elle a traversé la vieille ville, située à Jérusalem-Est, un secteur occupé par Israël depuis 1967 et annexé.
Des Israéliens, y compris une grande part de jeunes et de nationalistes, sont entrés dans la vieille ville en passant par la porte de Damas
, qui donne sur le quartier musulman.
Ce jour commémore la libération de notre ville antique, de notre ancienne capitale, Jérusalem
, a lancé Jonathan Bnidik dans la foule.

Des Israéliens brandissent leur drapeau national à l'entrée de Damas, à Jérusalem.
Photo : afp via getty images / AHMAD GHARABLI
Ici, c'est notre pays, un point c'est tout! Les Palestiniens ne sont que des invités
, a déclaré Ofer Amar, un autre marcheur israélien de 18 ans.
De brefs heurts ont opposé des Palestiniens et des policiers israéliens devant la porte de Damas
, selon un photographe de l'AFP sur place. Au même endroit, des membres du groupe de hooligans anti-arabes La Familia
ont scandé mort aux Arabes!
, selon des témoins.
Dans le quartier musulman, des projectiles ont été lancés sur des marcheurs, a constaté un journaliste de l'AFP, ainsi que des bouteilles d'eau sur des brancardiers qui transportaient un Palestinien blessé.
Dans tout Jérusalem, au moins 40 personnes ont été blessées dimanche dans divers incidents, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Un petit drone coiffé d'un drapeau palestinien a brièvement volé au-dessus de la porte de Damas
avant d'être ramené au sol par la police.

L'ONU appelle les deux parties à la retenue.
Photo : afp via getty images / HAZEM BADER
La majorité des commerçants ont fermé boutique dans le quartier musulman et les habitants sont restés chez eux. Dans la rue, avant la marche, des dizaines de jeunes juifs nationalistes ont chanté et dansé en agitant des drapeaux israéliens devant des Palestiniens.
Vous avez vu ça? Il n'y a pas de respect. Si les commerces sont fermés, ce n'est pas parce que nous avons peur mais parce que nous savons qu'il n'y aura pas de clients aujourd'hui.
Le ténor de l'extrême droite israélienne, Itamar Ben Gvir, s'est rendu sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint au cœur des tensions israélo-palestiniennes dans la vieille ville, à Jérusalem-Est.
L'esplanade est le troisième lieu saint de l'islam et aussi le site le plus sacré du judaïsme sous son nom de mont du Temple
.
Je suis venu aujourd'hui affirmer que nous, l'État d'Israël, sommes souverains ici.
En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur l'esplanade des Mosquées à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une provocation
par les Palestiniens.
Dimanche, environ 2600 non-musulmans, des touristes et des Israéliens, ont visité l'esplanade avant la marche, un nombre beaucoup plus élevé qu'à l'accoutumée pour une seule journée, a indiqué la police.
La police a indiqué avoir mobilisé plus de 2000 officiers pour la marche de Yom Yerushalaïm
, ou jour de Jérusalem
, qui marque pour Israël la réunification
de la ville sainte depuis la conquête de sa partie orientale lors de la guerre des Six Jours, en 1967. Les Palestiniens ambitionnent de faire de Jérusalem-Est la capitale d'un futur État.
L'an dernier, lors du jour prévu pour la marche des drapeaux
selon le calendrier hébraïque et après des jours de violences israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est, le mouvement palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, avait lancé des salves de roquettes sur Israël, prélude à une guerre de 11 jours entre les deux camps.
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Cette année, les groupes palestiniens ont de nouveau menacé de répondre en cas de violences flagrantes lors de la marche, voire si des participants se rendaient sur l'esplanade des Mosquées, qui ne figurait toutefois pas sur le trajet annoncé.
« Nous n'allons pas hésiter à user de tous les moyens possibles pour stopper une [éventuelle] incursion sur nos sites sacrés. Israël en paiera le prix fort », avait déclaré Ghazi Hamad, une figure du Hamas.
Malgré les menaces, le premier ministre israélien Naftali Bennett avait donné son feu vert à la marche.
« C'est naturel de brandir le drapeau d'Israël dans la capitale d'Israël [...], mais je demande aux participants de la marche de respecter les consignes de la police », a-t-il déclaré dimanche avant d'appeler la police à faire preuve de tolérance zéro pour les extrémistes, y compris pour La Familia.

Des Palestiniens agitaient des drapeaux nationaux à Jérusalem quelques heures avant la « marche des drapeaux ».
Photo : afp via getty images / SAID KHATIB
Pour contrer symboliquement cette marche, des Palestiniens ont tenu des rassemblements en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, pour brandir leur drapeau. Ces manifestations ont donné lieu à des heurts avec les forces israéliennes, qui ont fait une centaine de blessés, principalement légers, selon les secouristes.
« Je tiens haut le drapeau palestinien pour montrer notre unité et pour défier les juifs qui ont brandi leur drapeau aujourd'hui [...]. Nous ne resterons pas silencieux », a déclaré Daoud Ajaj, 17 ans, à Ramallah.