Sondage : les services aux immigrants francophones en Ontario, un enjeu qui divise
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Plusieurs organismes de l'Ontario œuvrent à l'accueil des immigrants.
Photo : Reuters / Mark Blinch
Près de la moitié des répondants au sondage Ipsos commandé par Radio-Canada se disent satisfaits des efforts de la province pour intégrer les nouveaux arrivants francophones. Des leaders d'organismes communautaires croient cependant que les services sont insuffisants.
Réalisée auprès de 501 francophones en Ontario dans le cadre de la campagne électorale provinciale, cette enquête a été menée en ligne du 5 au 16 mai. En plus de répondre à des questions sur les partis politiques et leurs chefs, les personnes sondées se sont aussi exprimées sur des questions liées à la place du français et à l’immigration francophone.
Selon les résultats du sondage, 49 % des répondants croient que le gouvernement Ford a mis en place des mesures suffisantes pour favoriser l’intégration des nouveaux arrivants francophones dans la province.
Des résultats à prendre avec des pincettes
Thomas Mercier est le coordonnateur du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario. Selon lui, le sondage éclaire peu sur la réalité des enjeux liés à l’immigration en fonction des régions de la province.
Analysant les quatre éléments divisant les Franco-Ontariens en ce qui concerne les priorités d’intégration des nouveaux arrivants, M. Mercier croit que certaines mesures seraient plus ou moins populaires que l’on soit un répondant du Nord ou du Sud de l’Ontario, par exemple.
L’offre de formation pour les nouveaux arrivants, plus de financement pour les programmes d’établissement, peut-être que le pourcentage est plus bas parce que le Sud de l’Ontario en a moins besoin. On ne le voit pas dans le sondage
, dit-il.
« Dans le Nord de l’Ontario, on a encore besoin de rehausser l’offre de services en établissement et en formation. »
Méthodologie du sondage
Le sondage Ipsos commandé par Radio-Canada a été mené en ligne du 5 au 16 mai 2022 auprès de 501 Ontariens dont la langue d’usage ou la langue maternelle est le français.
Une pondération a été appliquée en fonction du genre, de l’âge et de la région afin de s’assurer que la composition de l’échantillon est représentative de l’ensemble de la population francophone de l’Ontario, selon les données de recensement.
Les résultats sont précis à plus ou moins 5 points de pourcentage (19 fois sur 20).
Pour M. Mercier, il n’y a pas de mesure plus importante que d’autres. Tous nos organismes, nos partenaires vont dire qu’il faut réaliser ces quatre éléments. On a des résultats divisés parce que les gens ont compris que tout est important
, dit-il.
Carline Zamar, directrice générale de l’organisme Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones, pense également que le sondage nous montre à quel point il est difficile de prioriser les enjeux
. Ils sont tous reliés
, dit-elle.
De plus, Thomas Mercier croit que les résultats de ce sondage révèlent une méconnaissance des dossiers de l'immigration et de ses acteurs. Pour le commun des citoyens, c’est assez difficile de distinguer le dossier fédéral du provincial
, dit-il.
« En fait, 90 %, 95 % du financement pour l'immigration francophone, ça vient du gouvernement du fédéral et pas du provincial. »
Même son de cloche du côté de Patrick Auguste, vice-président de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario. Tenons compte du fait que les gens n’ont pas le recul nécessaire pour pouvoir évaluer les services que les nouveaux arrivants reçoivent, je ne suis pas vraiment surpris de cela [des résultats du sondage].
« Je pense que le gouvernement [provincial] peut faire mieux, par exemple pour soutenir l’intégration à l’emploi des nouveaux arrivants. [...] L’intégration est complexe, prend du temps. »
Pour Mme Zamar, il est important de continuer à sensibiliser la communauté franco-ontarienne aux questions liées à l'immigration.
Saluant les efforts du gouvernement, Mme Zamar requiert une amélioration du soutien offert à la clientèle qu’elle dessert.
Le gouvernement devrait en faire un peu plus, notamment en ce qui concerne la participation des femmes immigrantes francophones; particulièrement les nouvelles arrivantes
, ajoute-t-elle.