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Une femme ou une fille est tuée tous les deux jours au Canada

Un enfant tient une rose dans sa main et regarde tristement la photo de sa mère, Doris Trout. Une veillée a été tenue le 25 mai 2022, à Winnipeg, en sa mémoire.

Au Canada, 164 enfants ont été privés de leur mère en raison de féminicides en 2021. Récemment, trois autres enfants ont dû faire le deuil de leur mère, Doris Trout, retrouvée morte le 25 mai 2022 à Winnipeg.

Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik

En 2021, au Canada, 173 personnes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes ou des filles. C’est ce qu’indiquent les dernières données publiées par l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation (OCFJR).

Au Manitoba, sept personnes ont perdu la vie pour cette raison au cours de l'année dernière.

Ces morts sont qualifiées de féminicides puisque les victimes ont été tuées pour le seul motif qu’elles étaient de sexe ou de genre féminin.

Ça aurait pu être moi

Selon la fondatrice de l’organisme Briser le silence contre la violence conjugale, Zita Somakoko, la situation actuelle est le résultat d’un manque de ressources pour venir en aide aux personnes victimes de violence conjugale et familiale.

Elle se souvient très clairement du féminicide qui l'a poussée à militer plus activement, en 2015.

Je regardais les nouvelles avec mes enfants. La photo de Camille [Runke] est venue sur mon écran et on disait qu’elle avait été fusillée par son mari, à Saint-Boniface.

Camille et Kevin Runke assis côte à côte dans une voiture.

Camille Runke a été tuée par son ex-mari, Kevin Runke, le 30 octobre 2015, dans le quartier de Saint-Boniface, à Winnipeg. Elle avait obtenu une ordonnance de protection contre lui.

Photo : Facebook

Camille Runke, une Franco-Manitobaine âgée de 49 ans, a été tuée par balles par son ex-conjoint, le 30 octobre 2015, à Winnipeg.

C’était juste une autre nouvelle. Sa photo est passée quelques secondes, et puis voilà : j’ai commencé à gémir de façon incontrôlable. Ce qui s’est passé dans ma famille m’est revenu comme un ouragan. Je me disais que cette femme aurait pu être moi, raconte Mme Somakoko, qui a elle-même vécu de la violence conjugale.

Augmentation du nombre de féminicides depuis la pandémie

Dans 89 % des cas des décès répertoriés par l’OCFJR, l’accusé était un homme.

Par ailleurs, près de la moitié des femmes ou des filles se trouvaient dans leur domicile ou dans celui qu’elles partageaient avec l’accusé au moment où elles ont été tuées.

L’endroit le plus dangereux pour une femme et ses enfants, c’est sa maison.

Une citation de Zita Somakoko, fondatrice de l’organisme Briser le silence contre la violence conjugale et ex-bénévole à ChezRachel

Les femmes âgées de 18 à 54 ans sont surreprésentées parmi les victimes de féminicide.

Le nombre de féminicides a augmenté depuis le début de la pandémie, en hausse de 26 %.

Mme Somakoko soutient que la violence familiale s’est accentuée au cours des dernières années en raison du confinement.

On est en isolement. Je vis avec un homme qui me bat et qui a le contrôle sur ma vie; on nous dit qu'une seule personne peut aller à l’épicerie, qu’on ne peut pas aller chez le médecin ou à l’école. Imaginez-vous ce que ces femmes ont subi et continuent de subir?

Le problème de la violence familiale

La violence familiale est commise par des conjoints ou conjointes, des parents, des enfants, des frères ou sœurs et des membres de la famille élargie.

La conseillère à la maison ChezRachel Sylvie Fuamba note que ce type de violence peut prendre plusieurs formes : elle peut être psychologique, financière et physique, notamment.

Cet organisme offre de l'hébergement de longue durée aux femmes et aux enfants qui sont victimes de violence familiale.

Même les personnes qui ne vivent pas de violence physique devraient pouvoir quitter une situation d’abus, explique Mme Fuamba.

Quelques statistiques pour l’année 2021

  • Dans 35 % des cas de féminicides, la victime était une partenaire intime actuelle, ou ancienne, de l’accusé.
  • 20 % des féminicides sont de type familial, c’est-à-dire que la victime a été tuée par quelqu’un avec qui elle a un lien familial.
  • Dans 69 % des cas de féminicides familiaux, l’accusé était le fils de la victime.
  • 45 % des victimes ont été tuées dans des zones rurales ou de petites villes.
  • 164 enfants ont été privés de leur mère.

Source : Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation

Les dernières données de Statistique Canada au sujet de la violence familiale indiquent que bien que le taux global de violence familiale ait graduellement diminué de 2009 à 2016, il a augmenté de 13 % entre les années 2016 et 2019.

C’est en Saskatchewan et au Manitoba qu’il y a les plus hauts taux de violence familiale au pays, et ce, tant pour la violence entre partenaires intimes que pour celle qui est faite envers les enfants.

Les données en matière de violence familiale pour les années de la pandémie de COVID-19 ne sont pas encore disponibles.

En 2019 au Manitoba, 3523 femmes et filles en ont été victimes. C’est presque deux fois plus que le nombre de victimes de genre masculin.

Pour la même année, sa province voisine, la Saskatchewan présente un nombre de victimes de genre féminin similaire, soit 3747 personnes.

Briser le cycle de la violence

Sylvie Fuamba, de ChezRachel, croit qu’il faut protéger les enfants qui ont évolué dans un milieu violent.

La violence touche tout le monde. Elle ne touche pas seulement la maman, mais les enfants aussi, dit-elle.

Les enfants souffrent vraiment de cela. Si, aujourd’hui, un enfant est traumatisé et que personne ne l’aide, demain, il reproduira le cycle de la violence.

Mme Somakoko partage cet avis.

En tant que société, nous permettons que la violence se perpétue, se désole-t-elle. Chacun de nous doit prendre ses responsabilités et agir.

ChezRachel, bénéficiaire du Médiathon 2022

À l'occasion de son Médiathon annuel, Radio-Canada Manitoba s’associe avec la fondation communautaire Francofonds pour venir en aide à ChezRachel, une maison d’hébergement pour les femmes et enfants touchés par la violence domestique.

ChezRachel doit faire des rénovations majeures à la structure et à la toiture de son bâtiment de cinq appartements. Voici comment faire un don

Médiathon 2022 MB

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