Levée de boucliers à Rimouski contre des frais d’hébergement d’urgence
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Des locataires et des représentants de divers regroupements ont interpellé la Ville de Rimouski et le gouvernement du Québec.
Photo : Radio-Canada / Perrine Bullant
Si vous vous retrouvez à la rue le 2 juillet à Rimouski, faute d’avoir déniché un logement, et que vous devez avoir recours à l’hébergement d’urgence, vous devrez payer des frais variant de 50 $ à 100 $ par semaine. Divers comités de logement contestent vivement cette décision de la Ville.
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec font cause commune pour dénoncer cette nouvelle mesure.
Rappelant que le taux d’inoccupation des logements est de 0,2 % à Rimouski, ils demandent au maire, Guy Caron, de s’engager à ce qu’aucune contribution monétaire ne soit exigée aux locataires qui se retrouveront sans logis.
C’est une pente très glissante sur laquelle on s'engage, estime Alexandre Cadieux, porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent. Ça pourrait avoir de lourdes conséquences pour des gens déjà vulnérables, potentiellement pour les locataires dans l'ensemble du Québec.
Une contribution est aussi demandée par la Ville de Sherbrooke.
On demande au maire de revenir sur sa décision et de prendre position devant le gouvernement du Québec
, mentionne-t-il.
Alexandre Cadieux rappelle que le ministère de l’Habitation avait subventionné les municipalités pour mettre en place des programmes d’aide en contexte de pénurie de logements. Si ce n’est pas suffisant pour offrir des logements d’urgence gratuitement, qu’on interpelle Québec pour qu’il bonifie ses subventions
, exige-t-il.
« Les acteurs locaux doivent interpeller le gouvernement, lui faire savoir qu’on manque de fonds. »
La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, craint elle aussi les précédents.
Il y a quelques années, l’hébergement temporaire ne durait que quelques jours, mais depuis deux ans, c’est de plus en plus long, déplore-t-elle. La crise du logement s’aggrave parce que le gouvernement n’en fait pas assez.
Le programme d'aide d’urgence, s’il n’est pas suffisant, s’il coûte plus cher, il faut que les municipalités le disent clairement au gouvernement, estime-t-elle. Il ne peut pas balayer ses responsabilités dans la cour des municipalités.
Quant à Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, il rappelle que les regroupements réclament entre autres un registre obligatoire universel des logements et l’abolition de la disposition du Code civil qui permet l'éviction des locataires en cas d'agrandissement ou changement d’affectation.
Tout à fait raisonnable, selon Guy Caron
Pour sa part, le maire Caron reconnaît que la situation est extrêmement difficile à Rimouski. On se demande où loger les étudiants et les nouveaux travailleurs
, dit-il.
C’est un enjeu très important pour le développement de notre ville, souligne-t-il. On a besoin de mettre ces questions-là de l'avant et de pouvoir demander au gouvernement de collaborer avec l’ensemble des municipalités, incluant Rimouski, sur l'accessibilité au logement abordable et au logement conventionnel.
Toutefois, M. Caron mentionne que les frais de 50 $ et 100 $ demandés pour l’hébergement d’urgence sont les mêmes que ceux exigés par l’Office municipal d’habitation en pareil cas.
Si les familles sont hébergées à l'hôtel, ça peut coûter 1400 $ par semaine et on demande 100 $, précise-t-il. C’est tout à fait raisonnable, bien en dessous de ce que ça coûte en réalité.
Guy Caron souligne également que la Ville offre un mois d’entreposage et un service de garde animalier gratuits.
Les cubes de déménagement sont gratuits et on peut dépanner les gens jusqu’à trois mois
, fait-il valoir.
De passage à Rimouski, le maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Daniel Côté, estime que les municipalités doivent avoir les coudées franches pour créer les conditions propices à la construction de logements.
On demande entre autres d’avoir le droit d'acquérir en priorité des bâtiments pour les reconvertir en édifices à logements et de reprendre des terrains vacants pour en construire de nouveaux
, précise-t-il.
Daniel Côté dit se buter à des capacités légales d’intervenir très limitées. Les municipalités ne peuvent mener elles-mêmes des projets immobiliers
, fait-il savoir.
Il déplore aussi le fait que des responsabilités gouvernementales atterrissent dans la cour des municipalités.
Avec les informations de Perrine Bullant