ChroniqueLes citoyens à la merci des convenances partisanes

Après un vote de confiance peu satisfaisant à son avis, le premier ministre Jason Kenney a annoncé qu'il a décidé de quitter ses fonctions ...
Photo : La Presse canadienne / Dave Chidley
Où sont les citoyens que nous sommes lorsque le parti qui dirige notre province semble moins s’intéresser à notre sort qu’à son avenir politique et à celui de ses leaders?
Ce n’est pas par affiliation politique, mais par souci citoyen que j'ai suivi, la semaine dernière, les retombées du vote de confiance tenu par le Parti conservateur uni de l’Alberta.
Le sujet a dominé l’espace médiatique albertain en mai. Si je n’ai pas d’objection à ce qu’on en parle, j’aime moins sentir que les raisons partisanes éclipsent les citoyens.
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Un parti a, bien sûr, raison d’évaluer son chef et de décider de le garder ou de s’en débarrasser.
Mais un parti, ce sont quelques dizaines de milliers de membres, alors que le pouvoir vient de centaines de milliers d’électeurs. Les poids des deux pôles sont sans commune mesure.
Sous cet angle, le sort du premier ministre devrait donc, me semble-t-il, dépendre ultimement des électeurs, même s’il est contesté par son parti.
Souvent d’ailleurs, en entrant en fonction, tout premier ministre s’engage à travailler pour l'ensemble de ses concitoyens, peu importe leur affiliation politique ou leur choix aux élections.
Les humeurs au sein de son parti peuvent être représentatives de celles de la population, mais pas nécessairement.
Il ne faudrait donc pas conclure que la population qui donne la majorité pour gouverner a les mêmes motivations que les militants qui contestent leur chef.
À qui le dernier mot?
Que montrent donc les développements auxquels nous assistons ces derniers jours en Alberta?
Les conservateurs unis se sont emparés du pouvoir de maintenir ou de remplacer le premier ministre. Ils vont le faire tant qu’ils le voudront, dans les limites de leur mandat, d'ici aux élections prévues le 29 mai 2023.
Ce faisant, ils se comportent comme les patrons de la province et des électeurs.
Si ça ne me dérange pas de voir un chef décider de partir de lui-même avant la fin de son mandat, je suis moins à l’aise que son parti impose son choix aux citoyens.
Pourquoi ne pas s’en remettre tout de suite aux électeurs, ou, tout au moins, au parlement pour choisir un remplaçant par intérim?
Je ne vois pas d’inconvénient à ce que les partis prennent les décisions qu’ils veulent, tant qu’ils n’engagent pas le choix électoral de la population.
Mais si le premier ministre ne leur convient plus, je suggère qu’ils remettent le choix ultime aux citoyens lors d'élections anticipées ou qu’ils demandent au parlement de le remplacer.