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Il est parmi les rares personnes à conduire une Tesla entièrement autonome

Brangwyn Jones au volant de sa voiture Tesla à Medicine Hat le 18 mai 2022.

Militaire de profession, Brangwyn Jones fait chaque semaine le trajet en voiture entre Calgary et Medicine Hat dans sa voiture sans, presque, toucher le volant.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Depuis mars, une poignée de propriétaires de voitures électriques Tesla peuvent rouler au Canada en utilisant un système digne du futur. Avec un ordinateur de conduite entièrement autonome, la voiture fonctionne et prend des décisions toute seule.

Brangwyn Jones est assez fier de son bolide blanc, une Tesla Model Y, et encore davantage depuis le 29 mars, lorsque le constructeur automobile américain lui a envoyé une mise à jour de son système de navigation. 

Sa voiture est maintenant équipée du FSD (Full Self-Driving), aussi appelé ordinateur de conduite entièrement autonome. Avec cette technologie, le conducteur n’a qu’à indiquer sa destination et le véhicule s’occupe du reste.

La Tesla de Brangwyn Jones fonctionne en respectant les limitations de vitesse, freine, tourne à gauche ou à droite après avoir mis le clignotant, s’arrête automatiquement devant un panneau Arrêt, le tout grâce à 8 caméras externes synchronisées et à 12 capteurs à ultrasons qui utilisent l’intelligence artificielle pour prendre des décisions sécuritaires.

Après avoir chargé sa Tesla, Brangwyn Jones part en promenade dans Medicine Hat, une ville de l’est de l’Alberta, où il travaille. Il fait partie d'une minorité d'initiés. Elon Musk, directeur général de la firme, a annoncé qu'il y avait, en avril, 100 000 Nord-Américains sélectionnés pour tester le FSD, encore dans sa version bêta.

C’est comme un apprenti au volant. Il apprend. Moi, je suis le père qui corrige. J’ai toujours les mains près du volant et je regarde toujours mes miroirs, au cas où, dit le militaire francophone.

L'écran de bord d'une Tesla Model Y à Medicine Hat le 18 mai 2022.

Lorsque le mode FSD est activé, l'écran de bord montre tous les éléments des alentours : voitures, piétons, vélos ou routes.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Comment être testeur?

Si Brangwyn Jones fait partie des utilisateurs du système en avant-première, ce n’est pas un hasard. D’abord parce qu’il en a fait la demande après avoir payé 10 000 $ pour acquérir l’option, mais surtout parce que sa conduite a été analysée pendant plusieurs jours par Tesla qui a accès aux données de navigation. 

Le constructeur étudie les comportements de chaque conducteur candidat. Son score, de 1 à 100, baisse s’il freine brusquement, prend des virages trop serrés et suit de trop près les autres voitures. J’ai eu 98 ou 99, dit Brangwyn Jones, qui s’estime chanceux.

C’est vraiment cool de pouvoir laisser conduire la voiture. On voit le futur ici. Ça va prendre des années, mais dans 30 ans, toutes les voitures communiqueront entre elles. Le quadragénaire est persuadé que cette technologie permettra de réduire le nombre d’accidents et d’embouteillages sur les routes.

L’ordinateur FSD n’en est pas à sa version optimale. Ces milliers de conducteurs testeurs permettent à Tesla d’avoir chaque jour des données servant à améliorer le produit final.

Des incohérences et des feux rouges brûlés

Il y des erreurs, et certaines situations agacent Brangwyn Jones. Là, on est dans la voie de droite, mais la voiture n'a pas vu que cette voie, c’est seulement pour un virage à droite. Je vais donc intervenir. On ne veut pas frustrer les autres chauffeurs, explique-t-il.

À d’autres moments, la navigation peut s’avérer dangereuse. Lorsque, par exemple, sa Tesla sait qu’il faudrait prendre la prochaine à gauche, mais ne l’anticipe pas et se place à droite sur une route à quatre voies. Le système attend la dernière minute pour changer de voie, sauf qu’on coupe quatre voies, explique-t-il.

Une voiture électrique Tesla Model Y à une borne de recharge à Medicine Hat le 18 mai 2022.

En 2021, 5 % des immatriculations de véhicules automobiles neufs concernaient des véhicules à zéro émission, selon Statistique Canada.

Photo : Radio-Canada / Axel Tardieu

Sur YouTube, des vidéos montrent des voitures Tesla disposant de la navigation FSD en train de brûler un feu rouge. Le conducteur peut à tout moment freiner pour reprendre la main et corriger une trajectoire. Si la voiture passe au rouge, c'est le conducteur qui doit payer la contravention, pas Tesla.

Une technologie utile?

Ce futur technologique est intéressant, dit Martin Lavallière, professeur au département des sciences de la santé à l’Université du Québec à Chicoutimi et membre du Réseau de recherche en sécurité routière du Québec.

Une intelligence artificielle au point pourrait réduire la mortalité sur les routes, selon lui, mais la personne derrière le volant devra toujours rester vigilante et réactive.

L'automatisation a ce défaut : la personne va avoir de plus en plus confiance que la technologie va fonctionner en tout temps et à tout moment, mais cette confiance vient avec une perte de la pratique de la conduite et de la connaissance de son environnement, estime Martin Lavallière.

Brangwyn Jones reste persuadé que l’intelligence artificielle à bord améliora, un jour, la sécurité routière.

Hier soir, il y avait un piéton habillé en noir sur le bord de la route que je n'avais pas vu. La voiture s’est arrêtée. Conduire une voiture sans intelligence artificielle fait partie du passé pour l'Albertain.

Un futur encore lointain

Si Elon Musk prône que la navigation FSD lui permet de rouler dans les rues d’Austin, ville texane du siège social de la marque, sans intervenir la majorité du temps, cette technologie ne devrait pas être offerte avant longtemps.

C’est du moins l’avis de Randy Goebel, professeur d’informatique à l’Université de l’Alberta, qui a travaillé sur des projets d’intelligence artificielle et de voitures autonomes pour le groupe automobile allemand Volkswagen et l’entreprise chinoise Huawei.

Le vrai défi sera d’avoir un réseau d’infrastructures à la hauteur de l’intelligence de ces voitures autonomes. La 5G, par exemple, peut leur permettre de communiquer entre elles assez rapidement. Cela va prendre du temps de la déployer sur tout le territoire, estime-t-il. 

Randy Goebel ajoute que la récente interdiction d’Ottawa concernant Huawei va retarder le Canada dans le développement des voitures autonomes. Il va falloir attendre 10 ans pour voir une avancée sérieuse pour les automobilistes.

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