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Chantel Moore a reçu deux balles dans la poitrine, selon un pathologiste

Martha Martin.

Martha Martin arrive à la troisième journée d'audience de l'enquête de la coroner Emily Caissy.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Radio-Canada

Le pathologiste qui a effectué une autopsie sur Chantel Moore a déclaré que la femme autochtone de 26 ans avait reçu deux balles dans la poitrine, une dans l'abdomen et une dans la jambe gauche.

Chantel Moore a été tuée par un policier à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, le 4 juin 2020, lors d'un « contrôle de bien-être ». La police a déclaré qu'elle s'était avancée vers l'agent en tenant un couteau.

Lors des audiences, mercredi, le pathologiste Marek Godlewski, qui a examiné le corps de Chantel Moore, a décrit en détail les blessures. Il a dit aux jurés qu'elle était morte des suites de blessures par balle.

Une photo du profil Facebook de Chantel Moore.

Chantel Moore était âgée de 26 ans.

Photo : Facebook / Chantel Moore

Selon lui, la balle qui a tué la jeune femme est celle qui l’a frappée sur le côté gauche, là où la clavicule rencontre le sternum.

La mère de Chantal Moore, Martha Martin, a eu beaucoup de difficulté à écouter ce témoignage.

Elle était visiblement bouleversée, et ses proches l’ont accompagnée à l’extérieur de la salle d’audience.

Chantel Moore avait bu, mais n'était pas ivre

Le toxicologue James Wigmore, qui a également pris la parole mercredi, estime que Chantel Moore avait bu l'équivalent de cinq bières le soir de sa mort. Elle avait 137 mg d’alcool par 100 ml de sang, selon lui. À titre de comparaison, la limite légale pour conduire est de 80 mg par 100 ml de sang.

Selon le toxicologue, Chantel Moore n’était pas ivre, juste avant sa mort. Il croit qu’une personne qui ne la connaissait pas ne se serait peut-être pas rendu compte qu’elle avait bu.

James Wigmore dit que les effets de l'alcool étaient une envie de dormir et une vision réduite. Par exemple, elle pourrait avoir fixé son regard sur la lampe de poche du policier, sans vraiment voir autour.

Il estime qu’au moment où le policier Jeremy Son l’a réveillée, elle se sentait probablement comme une personne qui sort d’un très profond sommeil.

Pour ce qui est de l'ordre de laisser tomber son couteau, lancé par le policier Jeremy Son, le toxicologue croit que la réaction aurait pu être plus lente, mais pas de façon significative.

L’enquête du coroner a des limites, dit l’avocat de la famille

L'avocat de la famille de Chantel Moore, T. J. Burke, ne croit pas que l'enquête du coroner permettra de faire toute la lumière sur la mort de la femme de 26 ans.

La famille de Chantel Moore assiste à tous les témoignages depuis le début des audiences de cette enquête de la coroner Emily Caissy. Leur avocat, T. J. Burke, estime que cette enquête est importante, puisqu'on y apprend des éléments et des informations qui n'étaient pas disponibles jusqu'ici.

Mais T. J. Burke s'empresse aussi de souligner les limites de ce type d'enquête. Les témoignages sont plutôt rapides, si on les compare à ce qui se déroule lors d'un procès criminel. Et surtout, les témoins n'ont pas à faire face à un contre-interrogatoire.

T. J. Burke parle aux journalistes.

T. J. Burke, l'avocat qui représente la famille, qualifie l'enquête de la coroner d'exercice de relations publiques.

Photo : Radio-Canada

C'est plus un exercice de relations publiques, parce que le gouvernement, à l'époque, a décidé d'avoir une enquête après les pressions des chefs des Premières Nations pour une enquête complète sur la discrimination systémique, estime l'avocat T. J. Burke.

Les limites de ce type d'enquête sont importantes, selon l'avocat de la famille. Est-ce important? Oui, ça l'est. Mais est-ce que cela nous donne un vrai portrait, complet, beaucoup de contre-interrogatoire, une opportunité pour la famille de présenter des documents? Non, conclut-il.

L'inspecteur en chef a expliqué son rôle

Dès le 4 juin, le BEI a pris en charge l’ensemble de l’enquête. L’enquêteur en chef François Coiteau a précisé qu’il n’avait formulé aucune recommandation sur le dépôt ou non d’accusations. Le BEI n’a formulé aucun commentaire, aucune suggestion, a-t-il précisé.

Photos de Chantel Moore.

Des photos de Chantel Moore affichées dans la salle où se déroule l'enquête de la coroner Emily Caissy.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

François Coiteau dit que l’analyse n’a pas révélé la présence de poudre issue de l’arme à feu sur les vêtements de Chantel Moore. L’enquêteur a expliqué que dans des conditions intérieures optimales, l’arme à feu du policier laisse des traces de poudre à une distance d'un mètre et demi.

Pour ce qui est du couteau qu'aurait brandi Chantel Moore, l'enquêteur Coiteau a lu un extrait du rapport d'expert qui dit qu'il n'était pas en mesure de faire une comparaison d'empreinte en raison du manque de netteté. Mais la position des empreintes indique qu'une personne a tenu le couteau de la main droite.

La Commission de police a aussi enquêté

Après avoir reçu une plainte de la famille, la Commission de police a mené une enquête sur les événements ayant mené à la mort de Chantel Moore. Cette enquête a été confiée à un enquêteur indépendant. Dans ce cas-ci, il s’agissait de Jean-René Lévesque, un ancien policier de la GRC.

Jean-René Lévesque a consulté les rapports du BEI, et a mené sa propre enquête. Il a aussi effectué une reconstitution des événements du 4 juin, quand le policier Jeremy Son s’est rendu à l’appartement de Chantel Moore.

L’enquêteur Lévesque a conclu, après une enquête effectuée dans les soixante jours prescrits par la loi, que le policier Jeremy Son avait fait un usage raisonnable de la force.

La force de police a apporté des changements depuis le 4 juin 2020

L’ex-chef de la force de police d’Edmundston Alain Lang a expliqué que depuis la mort de Chantel Moore, quelques changements ont été apportés.

La police a acheté quatre pistolets Taser supplémentaires, afin que chaque policier puisse en avoir un. La formation pour les utiliser est maintenant obligatoire.

La force de police évalue aussi, en ce moment, l'utilisation de caméras d'intervention et teste différents modèles. Une décision sur l’achat du modèle qui sera retenu devrait être prise d’ici la fin de l’automne.

Aussi, un protocole a été mis en place pour s’assurer que les systèmes défectueux soient signalés. En juin 2020, plusieurs équipements étaient défectueux, dont deux pistolets Taser et le système Watchgard installé dans les autopatrouilles.

Les audiences de l'enquête de la coroner Emily Caissy se poursuivront jeudi à Fredericton. Un dernier témoin devrait être appelé. Le jury devrait ensuite faire des recommandations visant à prévenir de futurs décès dans des circonstances similaires.

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