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Record du prix du blé et insécurité : la Saskatchewan pourra-t-elle alimenter le marché?

Un champ de blé avec un tracteur.

Selon l'économiste en chef de Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, le blé est responsable de 2 et 4 % seulement du prix du pain à l'épicerie.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le cours du blé a battu un nouveau record sur le marché européen lundi, après que l'Inde eut annoncé un embargo sur ses exportations de blé, samedi. Selon l'économiste en chef à Financement agricole Canada, Jean-Philippe Gervais, c'est une bonne nouvelle pour les producteurs agricoles de la Saskatchewan.

La tonne de blé tendre s'échangeait à 435 euros à l'ouverture sur Euronext. C'est un nouveau record pour la céréale, qui vaut déjà de l'or dans un marché mondial sous tension.

Si on se base sur la perspective des producteurs canadiens, les restrictions à l’exportation de l’Inde vont élever les prix sur les cours mondiaux, a expliqué Jean-Philippe Gervais en entrevue au Point du jour, mardi.

Cependant, les prix qui concernent le plus les Canadiens sont ceux de la bourse américaine des denrées, à Chicago. Ce prix-là n’a pas dépassé le record du début de l’invasion russe en Ukraine, mais s’approche dangereusement de ce niveau-là , a ajouté Jean-Philippe Gervais.

« Le prix a grimpé très fortement, hier, sur le marché américain. C’est une bonne nouvelle. Étant donné que l’Inde destine sa production de blé inférieure à ses besoins internes, elle restreint ses exportations pour s’assurer d’un approvisionnement pour sa population. Cela fait diminuer le prix du blé en Inde et monter le prix sur les cours mondiaux. »

— Une citation de  Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à Financement agricole Canada

Reste à savoir si la Saskatchewan est en mesure de compenser l'effet de cet embargo sur le marché mondial, en y vendant davantage de blé.

Jean-Philippe Gervais a admis qu'on ne pourra jamais combler tout l’espace qui devient disponible.

Il y aura une production en Ukraine qui va être moindre, il y aura des restrictions d’exportation en Inde. Il faut comprendre aussi que toutes les denrées céréalières sont en quelque sorte reliées. Par exemple, l’Indonésie a appliqué des restrictions sur l’huile de palme et on sait que le canola est un bien substitut, de même que le soya, a-t-il ajouté.

De plus, toutes ces semences compétitionnent entre elles en termes de superficie.

Si la météo collabore, il espère que le Canada pourra produire suffisamment de céréales pour combler en partie les besoins alimentaires de la planète.

« On se dirige lentement, mais sûrement, vers une crise alimentaire au niveau mondial qui risque d’être significative. »

— Une citation de  Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à Financement agricole Canada
Un sillon marque le champ de blé.

Un champ de blé dans la région de Kiev, en Ukraine, en 2016.

Photo : Reuters / Valentyn Ogirenko

Un impact moindre sur le prix du pain

Selon Jean-Philippe Gervais, le blé ne représente que de 2 à 4 %  du prix du pain à l'épicerie. Le coût des autres étapes de la production, tels que l’emballage, a lui aussi augmenté et a un peu plus d’impact sur le prix final payé par les consommateurs.

Jean-Philippe Gervais doute que le blé aille jusqu'à s'échanger autour de 700 ou 800 euros. Il est toutefois difficile de savoir où cela va s’arrêter, a-t-il dit, parce que ces variations dépendent de plusieurs facteurs que l’on ignore présentement, que ce soit la météo en Europe ou encore au Canada ou aux États-Unis.

La météo joue un rôle très important pour voir quelle sera l’étendue de la production au Canada et en Amérique du Nord.

La situation incertaine en Ukraine est également une autre variable à considérer, selon l’expert.

Nous voyons des pays, comme la Pologne, qui essaient d’aider l’Ukraine en débloquant les canaux de distribution afin de garantir un certain marché. Le rôle du marché et du prix, c’est d’envoyer un signal aux acheteurs et aux vendeurs pour les aviser de la balance disponible des biens pour les consommateurs, a-t-il expliqué.

Or, on se dirige vers une situation ou il y a vraiment un gros débalancement, entre ce qui est disponible et ce qui est normalement utilisé. Donc, on essaie, sur le marché, de vouloir ralentir cela. Malheureusement, le blé, pour plusieurs pays, est une denrée très importante dans leur alimentation. Alors cela risque de causer des problèmes d’insécurité alimentaire, a-t-il conclu.

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