La Suède et la Finlande demanderont d’adhérer à l’OTAN

La première ministre de la Suède, Magdalena Andersson, a emboîté le pas à la Finlande et a annoncé que son gouvernement cherchera à intégrer l'OTAN.
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La Suède confirme qu’elle soumettra sa candidature d'adhésion à l'OTAN quelques heures après que la Finlande eut signifié son intention d'y adhérer.
La première ministre suédoise, Magdalena Andersson, a déclaré devant les médias que son pays serait dans une position très vulnérable
s’il était le seul de la région balte à ne pas faire partie de l’organisation. Elle se rendra demain au Parlement afin d'obtenir le soutien nécessaire pour cette démarche d'adhésion.
Le parti social-démocrate qu’elle dirige s’oppose toutefois au déploiement d'armes nucléaires et de bases permanentes de l'organisation sur le territoire suédois
si sa demande est approuvée.

Des Suédois opposés à l'adhésion de le leur pays à l'OTAN manifestent devant le bureau du Parti social-démocrate, le samedi 14 mai 2022. 57 % des Suédois appuient une adhésion à l'OTAN, une proportion en forte croissance depuis le début de la guerre en Ukraine.
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Magdalena Andersson a précisé que la Suède demeurera vulnérable pendant l’étude de sa demande.
Contrairement aux pays membres, les pays candidats à l’OTAN ne peuvent pas profiter de la garantie de protection mutuelle offerte par le célèbre article 5 du traité de l’Atlantique Nord.
C’est pourquoi Stockholm demande à l’OTAN des garanties de sécurité pendant le processus d’examen de sa candidature.
Le secrétaire général de l’OTAN a déjà indiqué dimanche qu’il serait disposé à fournir des garanties de sécurité à la Finlande et à la Suède pendant la période intérimaire qui précédera leur adhésion.
Un affront à Moscou
L’adhésion commune de la Finlande et de la Suède constituerait un nouvel affront à Vladimir Poutine, qui a cité l’élargissement de l’OTAN comme un des facteurs qui ont motivé sa décision d’envahir l’Ukraine.
Le président finlandais a affirmé que la Russie avait elle-même « causé » ce projet d’adhésion par ses agissements depuis le 24 février.
La première ministre suédoise a pour sa part justifié le choix de son gouvernement en affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une décision contre la Russie
, mais bien pour la sécurité
de la Suède.
La Suède et la Finlande participent régulièrement à des exercices militaires conjoints avec les pays membres de l'OTAN, mais elles sont historiquement non alignées.
Le chef du Kremlin a réitéré qu'il croyait que cette décision d'adhérer à l'alliance était une erreur, mais il s'est abstenu de brandir la menace de conséquences politiques et militaires, a affirmé le président finlandais au sujet de leur dernière conversation téléphonique, dimanche.

La première ministre de la Finlande Sanna Marin et le président, Sauli Niinisto, demandent aux parlementaires finlandais de débattre de la décision d'adhérer à l'OTAN avec « détermination et responsabilité ».
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Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, rassemblés à Berlin pour une rencontre informelle sur l'Ukraine, se réjouissent de la perspective d'accueillir ces deux pays nordiques dans leurs rangs.
Le gouvernement a affirmé que l'adhésion des deux pays pourrait survenir très rapidement, tout comme l'a fait la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui dit espérer un dénouement d'ici quelques semaines
.
Pour le chef de l'OTAN, l'inclusion de la Finlande et de la Suède dans l'Alliance atlantique représenterait un moment historique
.
Leur adhésion renforcerait notre sécurité commune; elle démontrerait que la porte de l'OTAN est ouverte et qu'une agression ne paie pas.
Il reste un pays à convaincre
Les objections de la Turquie laissent toutefois planer un doute sur l'issue du processus, l'adhésion d'un pays à l'OTAN nécessitant l'appui unanime des 30 pays membres.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, accuse la Suède et la Finlande de laxisme à l'endroit des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur leur territoire. Ce groupe militant kurde est considéré comme une organisation terroriste par Ankara.
Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, a communiqué les exigences turques à ses homologues finlandais et suédois dimanche.
Il réclame que ces deux pays scandinaves cessent de soutenir les terroristes à l'intérieur de leur pays et lèvent les interdictions d'exportation de la Turquie dans le contexte de leur demande d'adhésion.
Il assure qu'Ankara s'oppose non pas à l'élargissement de l'OTAN mais plutôt aux pays qui soutiennent le terrorisme.

L'exercice militaire « Cold Response » a rassemblé cette année environ 30 000 soldats des pays membres de l'OTAN ainsi que de la Finlande et de la Suède.
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Le président finlandais s'est dit « étonné » par la position d'Ankara. Il a affirmé avoir reçu l'aval du président turc pour une éventuelle demande d'adhésion lors d'un échange téléphonique le mois dernier. Il se dit toutefois prêt à en discuter de nouveau avec son homologue turc.
Pour sa part, la première ministre de la Suède estime qu'il y a de bonnes chances
que les doutes exprimés par la Turquie au sujet de l'adhésion potentielle de la Finlande et de la Suède puissent être résolus.
Une position à laquelle adhère le secrétaire général de l'OTAN. Selon lui, la Turquie n'a aucune intention de bloquer l'adhésion de la Finlande et de la Suède.
J'ai bon espoir que nous serons en mesure de trouver un terrain d'entente, un consensus sur la manière d'avancer en ce qui a trait aux questions d'appartenance
, a déclaré Jens Stoltenberg.
Ce sentiment a été corroboré par le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, qui s'est entretenu avec le chef de la diplomatie turque et a affirmé avoir constaté un appui quasi général
en faveur de l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN lors de ses discussions à Berlin.