Un pas en avant, deux pas en arrière pour le hockey féminin

La gardienne de but Ann-Renée Desbiens (à droite) et Marie-Philip Poulin (au centre) au moment de recevoir leur médaille d'or à Pékin.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
« Je pense qu’à chaque fois qu’on fait un pas en avant, on se rend compte qu’on en fait deux en arrière. »
Ce constat sur l’état du hockey féminin au Québec est venu de la gardienne de but d’Équipe Canada, Ann-Renée Desbiens, samedi après-midi. De passage au Tournoi pee-wee de Québec, l’athlète de La Malbaie et ses coéquipières Marie-Philip Poulin et Mélodie Daoust étaient attendues par des centaines de partisans désireux d’obtenir un autographe et une photo avec les hockeyeuses.
Quelques mois après une finale olympique Canada-États-Unis qui a attiré des cotes d’écoute records, de jeunes hockeyeurs et hockeyeuses défilaient avec des étoiles dans les yeux devant les médaillées d’or, au Centre Vidéotron. Pas de doutes, le hockey féminin a le vent dans les voiles.

Certains partisans avaient même des cadeaux à remettre à Marie-Philip Poulin, samedi après-midi, au Centre Vidéotron.
Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf
Pourtant, quelques minutes plus tôt devant les journalistes, les trois Québécoises de l’équipe nationale étaient loin de crier victoire. Entre le démantèlement surprise du programme de hockey féminin du cégep Saint-Laurent, à Montréal, et cette nouvelle ligue professionnelle féminine qui se fait toujours attendre, les joueuses ont parfois l’impression de reculer alors qu’elles devraient avancer, a avoué Desbiens.
On travaille très fort à créer quelque chose qui va durer, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire. On le voit avec le cégep Saint-Laurent
, a-t-elle fait remarquer, samedi.
À ses côtés, sa coéquipière Mélodie Daoust abondait dans le même sens. Quand tu regardes pourquoi le programme de Saint-Laurent a été mis à terre, c’est frustrant. Ce sont les dirigeants qui font en sorte que ça ne marchera pas
, explique celle qui a récemment pris la tête d’un nouveau programme de hockey féminin au collège Bourget, à Rigaud.
L'importance d'une nouvelle ligue professionnelle
Pour les joueuses d’Équipe Canada, c’est un rappel que le long processus dans lequel elles se sont lancées pour créer une ligue professionnelle féminine digne de ce nom en vaut la peine. Si elles parviennent à donner à leur sport la visibilité espérée, l’impact se fera sentir à tous les niveaux.

Originaire de La Malbaie, Ann-Renée Desbiens était heureuse de poser avec les partisans, samedi après-midi, au Tournoi pee-wee de Québec.
Photo : Jonathan Roy
Nous sommes les meilleures joueuses de hockey féminin au monde, toutes ensemble. On a du bon monde derrière nous. Oui, ça prend longtemps, mais les grandes choses prennent du temps
, rassure Marie-Philip Poulin, au sujet du circuit nord-américain qui pourrait voir le jour en janvier 2023, près de quatre ans après la chute de la Ligue canadienne de hockey féminin.
On est environ 150 joueuses qui sont assises depuis maintenant deux ans. On essaie de mettre notre pied à terre pour avoir non seulement ce que nous méritons, mais ce que la prochaine génération mérite
, ajoute Mélodie Daoust.
Vers une catégorie féminine?
Une prochaine génération bien présente au Tournoi pee-wee de Québec où l'équipe d'étoiles féminines dirigée par Caroline Ouellette a finalement baissé pavillon en quart de finale, samedi soir, dans la catégorie BB.
La formation regroupant les meilleures joueuses de la province participe au tournoi depuis 2016 et pourrait ouvrir la voie à une catégorie exclusivement féminine. Une idée qui a déjà l'appui de Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens, elles-mêmes passées au tournoi comme joueuse en 2004 et 2006 dans les équipes masculines de Beauce-Amiantes et Charlevoix.
C’est au Tournoi pee-wee que le rêve commence. De revenir ici voir les jeunes et pouvoir partager notre passion, c’est super excitant
, s’est réjouie Poulin quelques minutes après avoir effectué une mise au jeu protocolaire au Centre Vidéotron, samedi.