Le Château Dubuc peut encore être sauvé, selon son propriétaire

Le bâtiment patrimonial a été lourdement endommagé par les tempêtes (archives).
Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle
Le principal actionnaire du Château Dubuc à Chandler accuse la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, de mentir dans ce dossier et assure que le bâtiment patrimonial peut encore être sauvé si Québec y investit les sommes nécessaires.
Ça fait des années que je travaille pour la protection du Château Dubuc
, affirme Michel Saint-Pierre.

À l'automne 2021, Michel Saint-Pierre a contacté plusieurs ministères pour tenter de bénéficier de l'aide de programmes de subventions. Chaque fois, le Château Dubuc n'était pas admissible (archives).
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
Le président de Lars Canada, société propriétaire du bâtiment patrimonial, qualifie de scandaleuse la façon dont la ministre Nathalie Roy a résumé le dossier jeudi.
Interpellée par la députée de Gaspé à l'Assemblée nationale, Mme Roy a affirmé que le propriétaire du Château Dubuc était avisé depuis 2018 que le bâtiment devait être déplacé et qu'il était désormais trop tard pour le sauver.
M. Saint-Pierre dit n'avoir jamais reçu d'avis à cet effet. Il affirme plutôt avoir reçu une lettre de la Sécurité publique en 2018 disant que la protection du bâtiment devait être renforcée.

Le propriétaire a notamment fait ériger un mur de protection qui n'a pas tenu le coup. Plus récemment, des poutres et des billots ont été installés, mais ils ne suffisent pas à protéger le bâtiment contre les tempêtes (archives).
Photo : Radio-Canada / Marguerite Morin
Selon lui, il est également faux de dire que le ministère a été le seul à s'engager à payer pour la protection du bâtiment, en offrant en octobre dernier une aide de 40 000 $ conditionnelle à une contribution de la Ville de Chandler qui n'est jamais venue.
M. Saint-Pierre explique qu'il devenait alors impossible pour lui de reculer le bâtiment d'une soixantaine de mètres, une opération évaluée à 1,2 M$. Il affirme par ailleurs avoir investi plus de 900 000 $ pour rénover et protéger le Château Dubuc depuis qu'il en a fait l'achat en 1995.
L'année passée encore, j'ai dépensé 60 000 $ pour les études que me demandait le gouvernement. Ça fait 11 mois que je communique avec le ministère. Avant, c'était avec la Sécurité publique. Ça fait que tout le monde est au courant et ça fait longtemps que je cherche de l'aide.
Il avance qu'il serait possible de déménager le Château Dubuc sur le terrain de l'ancienne usine Gaspésia, qui appartient au gouvernement, et ainsi de le protéger de façon durable des intempéries, mais Québec doit être prêt à y investir les sommes nécessaires.
Je lui donne le bâtiment! Actuellement, il est encore récupérable, sauf que ça va coûter plus cher
, soutient M. Saint-Pierre.
Le gouvernement a juste à dire : ''On prend ce terrain-là et on déménage le bâtiment'', mais ça n'intéresse pas la ministre Roy, elle dit que le dossier est fermé. Elle a juste à dire : ''On va de l'avant et on le sauve, point final.''

En novembre 2021, une tempête a laissé un immense trou dans le plancher d'une des pièces principales du Château Dubuc, au rez-de-chaussée (archives).
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
De son côté, le bureau de la ministre Nathalie Roy a décliné notre demande d'entrevue, mais réitère que le gouvernement actuel est le seul à avoir offert une aide financière dans ce dossier, alors que les gouvernements précédents étaient aussi au courant de la situation, tout comme la Ville de Chandler et la MRC du Rocher-Percé, qui ont également refusé de s'engager pour la protection du Château Dubuc.
Récemment, le président de Patrimoine Gaspésie, Jean-Marie Fallu, avait lui aussi interpellé la ministre de la Culture et des Communications à ce sujet, disant qu'elle était la la dernière chance du Château Dubuc.
Construit en 1916, le Château Dubuc témoigne du passé industriel de la ville de Chandler. L'édifice doit son nom à Julien-Édouard-Alfred Dubuc, l'un des plus grands industriels francophones du XIXe siècle au Québec.