Québécois Tabarnak, un spectacle solo entre rire et émotion pour Adib Alkhalidey

Après une incursion en musique et deux ans de pandémie, Adib Alkhalidey avait hâte de retrouver son public sur scène.
Photo : Avanti Groupe / Karine Dufour
Adib Alkhalidey a commencé le rodage de son quatrième spectacle solo au mois de mars au Gesù, à Montréal. Dans Québécois Tabarnak, l’humoriste tente de se défaire du vide identitaire qui l’habite depuis l’enfance pour se présenter tel qu’il se perçoit maintenant, après moult réflexions, c’est-à-dire un artiste à 100 % québécois.
Après un premier album musical sous le nom d’Abelaïd, un déménagement en campagne avec son épouse et deux ans de pandémie, Adib Alkhalidey avait plus que jamais envie de retourner sur scène pour retrouver son public. Il avait besoin d’une pause de l’humour, mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi longue.
Je me voyais presque jouer au métro Berri-UQAM, devant huit personnes, n’importe où! Je voulais juste rire avec du monde. Ça ne m’était jamais venu comme ça, le stand-up, comme simplement un besoin d’être avec des gens
, a-t-il expliqué jeudi en entrevue à l’émission Pénélope.
Pour écouter l’entrevue intégrale de Pénélope McQuade avec Adib Alkhalidey, rendez-vous sur le site web de l’émission Pénélope.
Vouloir appartenir à quelque chose
Au-delà de ses blagues sur les épices, la langue française, les tests génétiques, la communauté italienne, la plomberie ou l’histoire de sa famille, son quatrième spectacle solo se veut aussi une réflexion sur la société, notamment sur le vide identitaire que ressentent plusieurs personnes immigrées en arrivant au Québec.
Je pense que je suis habité par un vide identitaire tellement violent, et je n’ai jamais eu de mots pour décrire cette situation-là
, a dit l’humoriste.
Ce spectacle est né en partie de ce combat intérieur de vouloir appartenir à quelque chose. Mon hypothèse, c’est que j’ai trouvé beaucoup de paix intérieure quand j’ai compris que j’étais un artiste québécois.
Le fait d’assumer et de revendiquer sans compromis cette appartenance au Québec, c’est aussi pour Adib Alkhalidey une façon de donner un sens au déracinement de sa famille, qui a fui la dictature en Irak.
Je suis conscient que mes parents ont sacrifié leur vie pour venir habiter ici, fait-il valoir. [...] Mon père a vraiment tout mis de côté pour que moi, je puisse aller à l’école ici, apprendre des langues, découvrir un nouveau monde... La seule façon d’honorer ce sacrifice, c’était de devenir québécois à 100 %. C’est pour ça, "Québécois Tabarnak".
Faire rire, mais pas seulement
Après plusieurs années à tergiverser sur la question, l’humoriste a d’ailleurs inclus dans son nouveau spectacle un numéro touchant sur son père, décédé il y a quelques années. Il affirme ne pas voir de contradiction à l'idée de ressentir une grande émotion pendant un spectacle conçu pour faire rire.
Ça m’a pris du courage d’accepter que j’aurais un moment dans le spectacle où peut-être qu’on va être ému, parce que je suis obsédé par le fait que le show soit drôle. C’est mon obsession depuis que j’ai commencé; c’est ça qui m’a gardé la tête en dehors de l’eau toute ma carrière
, a-t-il dit.
Mais à un certain moment, j’ai réalisé que ce n’est plus quelque chose que j’ai envie de me prouver. Je sais qui je suis comme humoriste. Là, je me demande plutôt comment m’inscrire dans la lignée des artistes et des œuvres qui ont changé ma vie.
Québécois Tabarnak est présenté au Gesù, à Montréal, jusqu’au 25 juin. Il sera ensuite à l’affiche au Zénith, à Saint-Eustache, les 2 et 12 juillet; au Grand Théâtre de Québec, le 9 juillet; ainsi qu’à la Place des Arts, à Montréal, le 16 juillet. Des billets pour d'autres dates sont également en vente pour l’hiver 2023 sur le site web de l’humoriste (Nouvelle fenêtre).