Québec dit non de nouveau au sauvetage du Château Dubuc

Malmené par les tempêtes hivernales, le Château Dubuc, à Chandler, est dans un piteux état (archives).
Photo : Radio-Canada / Louis Pelchat-Labelle
Interpellée en Chambre par la députée de Gaspé, Méganne Perry Mélançon, la ministre de la Culture, Nathalie Roy, a indiqué qu’il était trop tard pour intervenir et sauver le bâtiment patrimonial qui risque à tout moment d’être emporté par la mer.
La ministre observe que la maison a subi une importante inondation en 2019 lors de grandes marées. Ce bâtiment est maintenant condamné, il est trop tard. Je veux bien sauver un bâtiment, mais encore faut-il qu’il soit "sauvable"
, a déclaré Nathalie Roy en réponse à la députée de Gaspé.
Lors de son intervention, la députée Perry Mélançon a fait valoir que le propriétaire était prêt à céder l’immeuble qui doit être déplacé pour le protéger des vagues et des grandes marées. Chaque tempête risque de l'emporter.
Piquée au vif, la ministre a répondu que le propriétaire du Château Dubuc a trop tardé à demander de l'aide. Il aurait fallu, dit-elle, qu’il demande de l’aide en 2018 lorsqu’il a été avisé par la Sécurité publique qu’il devait déménager le bâtiment. Il nous a contactés il y a 11 mois, il n’y a plus d'argent pour ça
, a fermement déclaré la ministre.
Qu’a-t-elle fait depuis?
, a demandé la députée de Gaspé en s'interrogeant sur l'inaction de la ministre au cours de la dernière année.

La députée de Gaspé, Méganne Perry Mélançon, a interpellé la ministre en Chambre sur l'avenir du Château Dubuc (archives).
Photo : Aile parlementaire du Parti québécois
La ministre Roy a rétorqué que le gouvernement du Québec a été le seul à s'engager, en octobre, à investir 40 000 $ pour des travaux d’urgence. Il s'agit, dit-elle, de l'argent des contribuables. On doit faire une expertise et s’assurer de la pertinence [de l’intervention], a commenté la ministre.
Cette contribution ne s’est jamais concrétisée, car elle était conditionnelle à une contribution de la Ville de Chandler, qui n'est jamais venue.
Si on attend qu’il tombe à la mer, les coûts vont être beaucoup plus élevés
, a observé la députée de Gaspé. Mme Perry Mélançon rappelle qu’il s'agit d’un bâtiment patrimonial d’intérêt national et que c’est à la ministre de prendre le leadership pour en éviter la destruction.
Au début du mois de mai, Patrimoine Gaspésie avait de nouveau sollicité publiquement l’intervention de la ministre Roy. L'organisme considérait que la ministre était la seule encore capable d’agir pour préserver l’immeuble.
Les propriétaires et la Ville doivent réagir, selon Patrimoine Gaspésie
Le président de Patrimoine Gaspésie, Jean-Marie Fallu, a réagi à la réponse de la ministre Nathalie Roy à l'occasion d'une entrevue dans l'émission Au cœur du monde jeudi. D'après lui, elle renvoie la balle
aux deux seuls acteurs qui peuvent encore sauver le Château Dubuc.
Actuellement, les seuls qui peuvent sauver vraiment le château Dubuc, c’est le propriétaire et la Ville de Chandler.

Jean-Marie Fallu, président de Patrimoine Gaspésie, invite la Ville et les propriétaires à trouver rapidement une solution (archives).
Photo : Radio-Canada
Il avance que si les deux parties trouvent rapidement une solution concrète de sauvegarde, le gouvernement viendra apporter son soutien. La ministre, l’argent, elle l’a déjà et elle va le mettre, mais elle s’est faite flouée un peu l’automne passé [...]. C’est pourquoi le propriétaire doit tout de suite, vraiment, céder son bâtiment à la Ville, qui pourrait ensuite le céder à l’OBNL qui a été créé
, propose le président de l'organisme.
En avril dernier, la création d'un organisme à but non lucratif (OBNL), a été envisagée par un comité de citoyens. Ces derniers cherchaient un moyen de déplacer le château pour assurer sa sauvegarde et sa mise en valeur.

Le Château Dubuc en juillet 2021 (archives).
Photo : Radio-Canada / Marguerite Morin
Construit en 1916, à Chandler, le bâtiment servait de maison d’été à l’industriel francophone Julien-Édouard-Alfred Dubuc. L’homme a fondé l’usine de pâte à papier de Chandler en 1915.
Sa maison est le dernier vestige important du passé industriel de la ville où, pendant des dizaines d'années, l'usine Gaspésia a fabriqué le papier journal sur lequel était imprimé, entre autres, le New York Times.
Avec la collaboration de Sylvie Aubut et Kim Bergeron