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Poilievre remplacerait le gouverneur de la Banque du Canada

Le député de Carleton fait l’unanimité contre lui sur la question des cryptomonnaies.

Pierre Poilievre sur scène

Pierre Poilievre souhaite voir le gouverneur de la Banque du Canada être limogé.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, sera remercié si Pierre Poilievre remporte la course à la chefferie conservatrice et devient premier ministre du Canada.

Le député de Carleton, qui considère que la crise de la dette est la plus grande menace à laquelle le Canada doit faire face, a pris – et répété – cet engagement surprise mercredi soir lors d’un débat auquel participaient l’ensemble des candidats à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC).

Appelé à dire comment il arriverait à juguler l’inflation s’il était élu premier ministre, M. Poilievre s’en est pris personnellement au gouverneur de la Banque du Canada, une institution qu’il a souvent critiquée dans les derniers mois.

En acceptant d’imprimer de l’argent, M. Macklem s'est permis de devenir le guichet automatique de ce gouvernement, a-t-il déploré. Je le remplacerais donc par un nouveau gouverneur, qui rétablirait une politique de faible inflation [et] protégerait le pouvoir d'achat de notre dollar.

Le compte rendu de Christian Noël

La proposition a été mal reçue par Jean Charest, qui a qualifié M. Poilievre d’irresponsable plus tard dans le débat.

Si vous étiez un investisseur et que vous entendiez ce genre de déclaration, vous seriez appelés à penser que vous êtes dans un pays du tiers monde! Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un dirigeant qui sape la confiance dans les institutions, a dit l'ancien premier ministre du Québec.

Poilievre fait cavalier seul sur les cryptomonnaies

Pierre Poilievre, qui est considéré comme le favori de la course, a par ailleurs fait l’unanimité contre lui sur la question des cryptomonnaies. Ses adversaires lui reprochent d'encourager les Canadiens à investir dans des devises hautement volatiles. Patrick Brown l’a même accusé de promouvoir l'argent magique d'Internet.

Bien qu’il soit un fervent partisan des cryptomonnaies, le principal intéressé a répliqué qu’il n’avait jamais encouragé qui que ce soit à investir dans celles-ci. Il a toutefois souligné que, selon lui, ces devises ne devraient pas être interdites.

Les gens peuvent prendre leurs propres décisions d'investissements, a soutenu M. Poilievre. J'ai simplement dit qu'ils devraient être libres de décider si oui ou non ils veulent utiliser des bitcoins. Je ne veux pas être comme la Chine communiste.

Prenant l’auditoire à partie, Jean Charest a tourné le fer dans la plaie, soulignant que les cryptomonnaies étaient en chute libre, ces jours-ci. Ceux ayant suivi ses conseils sur YouTube auraient perdu 20 % de leurs gains, a-t-il insisté. C'est de la folie, c'est insensé!

La dernière chose que nous devrions faire est d'encourager nos parents, nos grands-parents et les familles vulnérables à mettre leurs économies et leur retraite dans quelque chose d'aussi risqué, a renchéri Patrick Brown.

Patrick Brown et Pierre Poilievre sur scène

Tout comme Jean Charest, Patrick Brown entretient une intense rivalité avec Pierre Poilievre, à qui il a notamment reproché mercredi soir d'avoir soutenu des blocages « illégaux », l'hiver dernier.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Roman Baber, qui se tenait jusque-là à l'écart de la conversation, s'est dit abasourdi de voir des politiciens de carrière donner des conseils en matière d'investissement. Selon lui, les conservateurs devraient plutôt se concentrer sur les grandes politiques publiques, comme la péréquation, qu'il aimerait voir abolie.

Un premier débat à six

Le débat de deux heures avait lieu au Centre des congrès d’Edmonton, en Alberta, là où se trouve la base militante du PCC. La joute était modérée par Tom Clark, un ancien journaliste politique. Environ 1000 personnes étaient présentes.

Le format retenu, peu orthodoxe, comprenait notamment plusieurs questions destinées à mieux connaître les candidats (Quel livre lisez-vous ces jours-ci?; Quel type de musique écoutez-vous?; Quelle est la dernière série télévisée que vous avez dévorée?) ainsi qu'un segment aux règles complexes s'apparentant à celles d'un jeu télévisé, au cours duquel chaque candidat devait utiliser une petite palette pour prendre la parole.

Jean Charest utilisant une petite palette pour prendre la parole.

Jean Charest s'est prêté au jeu.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Il s’agissait du premier débat officiel de la course à la direction. Les six candidats certifiés par le parti – Pierre Poilievre, Jean Charest, Leslyn Lewis, Patrick Brown, Scott Aitchison et Roman Baber – devaient obligatoirement y participer, selon les règles édictées par le Comité organisateur de l’élection du chef.

Il s'agissait ainsi d'une première pour Patrick Brown, qui avait brillé par son absence lors d’un premier débat non officiel jeudi dernier. Le maire de Brampton avait préféré ce jour-là poursuivre sa campagne de recrutement loin des caméras.

M. Brown a profité de sa présence mercredi pour se démarquer sur certains sujets, comme la guerre en Ukraine et l’immigration. Il a notamment été le seul à proposer d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine et à plaider pour que le Canada accueille plus que les 400 000 immigrants reçus l’an dernier, un record.

La gestion de l’offre, qui avait été déterminante lors de la course à la direction du PCC en 2017, a également été abordée, Scott Aitchison et Roman Baber étant les seuls à vouloir mettre fin à ce système qui, selon eux, contribue à l'inflation.

Ils se serrent la main.

Jean Charest et Pierre Poilievre

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Le ton du débat était dans tous les cas beaucoup moins acrimonieux que celui de la semaine dernière, qui avait mis en évidence la rivalité opposant Pierre Poilievre et Jean Charest. Les deux hommes se sont même serré la main, mercredi soir, ce qu'ils n'avaient pas fait la première fois.

Des sujets qui divisent

Le Parti conservateur fait face à des débats houleux depuis l’éjection d’Erin O’Toole, en février, notamment au sujet des mesures sanitaires à adopter pour lutter contre la pandémie de COVID-19.

Plus récemment, la fuite laissant entendre que la Cour suprême des États-Unis pourrait annuler l’arrêt Roe c. Wade a aussi relancé la question de l’avortement, une pratique à laquelle s’oppose Leslyn Lewis et des dizaines de députés du caucus.

Pierre Poilievre, pour sa part, a tenté de ménager la chèvre et le chou, mercredi. Il a répété qu’il ne présenterait pas ou n'appuierait pas une législation restreignant l'avortement. Je crois en la liberté de choix, a-t-il admis du bout des lèvres, un peu plus tard, avant d'ajouter qu'il [croyait] aux votes libres sur cette question.

Bannière

Quelques heures avant le débat, le gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau avait annoncé un financement de plus de 3,5 millions de dollars pour des projets visant à améliorer l'accès à l'avortement (Nouvelle fenêtre), tout en se défendant de vouloir délibérément embarrasser les conservateurs sur cette question (Nouvelle fenêtre).

Il avait également fait part de son intention de resserrer les conditions pour acquérir des armes en vente légale (Nouvelle fenêtre) – un autre sujet qui fait débat dans la course à la chefferie conservatrice, Jean Charest étant montré du doigt par ses adversaires pour avoir maintenu au Québec le registre des armes à feu aboli par le gouvernement Harper.

En fin de soirée, mercredi, le Parti libéral a d'ailleurs publié un communiqué pour accuser les conservateurs de vouloir ébranler les fondements [des] institutions publiques, tout en s’attaquant [...] au contrôle des armes à feu [et au] libre choix des femmes.

En français dans deux semaines

Les six candidats à la succession d’Erin O’Toole se retrouveront pour un deuxième débat officiel le 25 mai. L’événement, qui aura lieu à Laval, se déroulera en français – l’occasion ou jamais de constater l’aisance des aspirants chefs dans la langue de Miron. D’autres débats pourraient également être organisés par la suite.

Le PCC est dirigé depuis février par la députée manitobaine Candice Bergen, qui agit comme cheffe intérimaire. Tout comme les autres officiers du parti, il lui est interdit de se prononcer pour un candidat en particulier.

Pas moins de 53 des 119 élus conservateurs aux Communes ont promis de voter pour Pierre Poilievre, 13 pour Jean Charest, 7 pour Leslyn Lewis, 4 pour Patrick Brown et 1 pour Scott Aitchison.

Le député de Carleton mène aussi au chapitre du financement, selon les plus récentes données d’Élections Canada.

Les six candidats sur scène

De gauche à droite : Leslyn Lewis, Roman Baber, Jean Charest, Scott Aitchison, Patrick Brown et Pierre Poilievre

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Les candidats ont jusqu’au 3 juin pour vendre des cartes de membre. L’identité du vainqueur sera connue le 10 septembre à l’issue d’un vote préférentiel, qui s’exprimera par la poste cet été.

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