Le système de santé ne serait pas prêt à faire face à un accident à Point Lepreau

La centrale nucléaire Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada
Une urgentologue sonne l’alarme aux audiences sur le renouvellement du permis d'exploitation de la centrale nucléaire de Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick.
Dre Jennifer Hannigan était urgentologue à l’Hôpital régional de Saint-Jean. Elle a été spécialement formée pour le traitement d’urgence de patients exposés à des radiations. Elle a aussi participé à la planification en cas de désastre.
Selon elle, si une fuite radioactive survenait à la centrale nucléaire de Point Lepreau, le système de santé ne serait pas en mesure d’y faire face. Dre Hannigan a présenté cette opinion aux membres de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, qui tient des audiences publiques de façon virtuelle sur le renouvellement du permis d’exploitation de Point Lepreau.
« Si un accident nucléaire survenait localement, notre système médical ne serait pas préparé pour y faire face. »
Dre Hannigan rappelle, à titre d’exemple, qu’elle a été témoin de la gestion inadéquate de la pandémie de COVID-19, et cela dans un système qui aurait dû être préparé pour faire face à un contrôle d’infection.
Selon elle, la crainte d’un accident à Point Lepreau est justifiée, surtout que selon ses recherches, il y aurait eu 57 accidents nucléaires dans le monde depuis la catastrophe de Tchernobyl, en 1986.
Contre le renouvellement du permis d'exploitation
L’urgentologue s’est prononcée contre le renouvellement du permis d’exploitation de la centrale nucléaire de Point Lepreau.
Elle évoque les risques à long terme liés à l’entreposage des déchets radioactifs. La Commission canadienne de sûreté nucléaire ne devrait pas continuer à accorder des permis d’exploitation aux centrales nucléaires, parce qu’elles posent un risque non nécessaire à la santé humaine.
Elle a rappelé que même une faible exposition à la radiation peut provoquer des mutations de cellules et de l’ADN .
Le ministère de la Santé dit être bien préparé
Le ministère de la Santé a présenté une opinion diamétralement opposée. La directrice de l’Unité de préparation aux situations d’urgence du ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick, Carolin Galvin, soutient, au contraire, que le système médical est en mesure de faire face à un accident nucléaire.
La fonctionnaire précise : il y a un hôpital désigné pour recevoir et traiter les blessures liées à la radiation ou la contamination, et c’est l’Hôpital régional de Saint-Jean
.
Carolin Galvin ajoute que l’hôpital a les capacités nécessaires pour répondre et maintenir un niveau d’expertise spécifique aux radiations
.
La fonctionnaire a présenté à la commission le plan du ministère de la Santé en cas d’accident nucléaire, dans lequel le ministère, le réseau de santé Horizon, l'Extramural et Ambulance NB ont un rôle à jouer, tant sur le terrain, où des unités de décontamination seraient installées, qu’à l’hôpital, où les personnes qui ont subi des radiations seraient traitées.
Elle a souligné que des rencontres mensuelles, sous l’égide de l’Organisation des mesures d’urgence, ont lieu, de même que des réunions annuelles de comités de santé en cas d’urgences de nature nucléaire.
Les consultations de la Commission canadienne de sûreté nucléaire pour le renouvellement du permis d’exploitation de la centrale de Point Lepreau ont commencé à Saint-Jean le 26 janvier dernier. Elles se sont poursuivies mardi et mercredi, à Saint-Jean, et devraient se terminer jeudi.
La CCSN
doit se prononcer sur la demande d’Énergie NB de renouveler le permis de Point Lepreau pour 25 ans.