Frénésie à Miramichi, où un mystérieux maître de jeu cache de l’argent
Depuis une semaine, des citoyens suivent les indices les menant à des billets de 100 $ et de 50 $.

Photo prise par Amanda Rolph, une résidente de Miramichi, après avoir trouvé l'argent caché par l'auteur du jeu «Miramichi Mystery Machine».
Photo : Photo fournie par Amanda Rolph
Un étrange mystère captive les gens de Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Une série d’indices qui apparaissent chaque jour entraînent des centaines de personnes dans les bois et les champs, en plein jour comme en pleine nuit.
L’objectif est de trouver des billets de 100 $ et de 50 $ cachés dans des endroits publics.
Le jeu qui cause cette frénésie a commencé le 1er mai, lorsqu’un groupe intitulé Miramichi Mystery Machine
est apparu sur Facebook et qu’un premier indice y a été publié : 1er mai, 19 h, 100 $ cachés au quai Ritchie
.
Des dizaines de personnes se sont ruées. Depuis, des indices ont été publiés chaque jour et ce sont maintenant des centaines de citoyens qui tentent de résoudre l’énigme quotidienne.
Les indices deviennent par ailleurs de plus en plus cryptiques. Ils sont parfois accompagnés de vidéos où l’on entend une voix distortionnée, ou des images tirées de films d’horreur.
Le tout plante de décor pour la grande finale, planifiée pour un vendredi 13, selon le maître de jeu anonyme.
L’énigmatique personnage a même émis des commentaires laissant sous-entendre qu’il ou elle épiait les participants. Chemise carreautée, tu n’es pas proche du tout
, a-t-il écrit, ou encore : Un chandail jaune sur le terrain de baseball
.
C’est la chose la plus excitante qui est arrivée à Miramichi depuis longtemps
, s’exclame Tim Sutton, un concurrent passionné depuis le premier jour. Il dit qu’il ne peut pas rester en place tellement il a hâte au prochain indice.
Il n’a pas trouvé d’argent jusqu’à maintenant, mais il vante la camaraderie qui existe entre les participants.
Depuis que ça a commencé, je me suis fait des nouveaux amis. J’ai aussi croisé des amis que je n’avais pas vu depuis longtemps
, raconte-t-il. Tout le monde s’aide.
Plusieurs participants rencontrés ont d’ailleurs souligné le fait qu’un jeu propagé sur les réseaux sociaux se soit transformé en une activité commune, à l’extérieur.
Amanda Rolph et son mari Dave se sont laissés entraîner aussi, bien qu’ils croyaient au départ qu’il s’agissait d’une arnaque quelconque.
Ils ont quand même gardé un oeil sur ce qui se passait. Au troisième jour du jeu, l’indice était une photo de Prom Night, un film d’horreur de Paul Lynch qui met en vedette Jamie Lee Curtis.
L’école secondaire qui sert de décor à ce film de 1980 a rappelé à Amanda et Dave Rolph l’école primaire Harkins de Miramichi. Encouragés par leur fille, ils se sont rendus sur les lieux, ont suivi les autres indices, et ce sont eux qui ont trouvé l’argent caché.
Qui est l’énigmatique Roman Dungarvan?
Qui donne ainsi centaines de dollars, et pourquoi? Ces questions ne semblent pas freiner les ardeurs de la communauté, mais font l’objet de spéculations.
Le créateur du groupe Miramichi Mystery Machine
est inscrit sur Facebook sous le nom Roman Dungarvan
. Sa photo de profil est celle d’un personnage sans visage, sous un capuchon noir.
Son pseudonyme ressemble au nom de la rivière Dungarvon, un cours d’eau du Nouveau-Brunswick dont les rives seraient supposément hantées par un cuisinier assassiné au 19e siècle.
Dans sa biographie, l’inconnu écrit qu’il doit réparer les méfaits causés par le sombre passé
de sa famille.
Malgré cette toile de fond sinistre, le dénommé Roman Dungarvan a l’air plutôt bienveillant : il encourage ceux qui se lancent à la poursuite de ses énigmes; les assure qu’il ne cache jamais d’argent dans les poubelles, près de vitre cassée ou de tout endroit où ils pourraient se blesser; et leur rappelle de ne pas aller sur le terrain privé des gens.
Et, bien entendu, il donne beaucoup d’argent.
Le jeu doit se terminer en apothéose vendredi prochain — un vendredi 13 — où il promet de cacher à Miramichi la plus grosse somme d’argent à ce jour.
D’après le reportage de Marie Sutherland, CBC