Une plaignante témoigne contre Jacob Hoggard au procès du chanteur pour agression sexuelle
Deux des trois accusations de contacts inappropriés et d'agression avec blessures concernent cette adolescente.

La procureure Jill Witkin interroge la première plaignante à la barre des témoins au procès de Jacob Hoggard, que l'on voit en costume noir à gauche avec son avocate.
Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould
La première victime alléguée de Jacob Hoggard a confronté le chanteur du groupe Hedley en prenant la barre des témoins à son procès jeudi après-midi. Les faits reprochés se seraient passés d'avril à novembre 2016 dans la région torontoise.
Jacob Hoggard est accusé de contacts sexuels inappropriés à l'endroit d'une mineure et d'agression sexuelle ayant causé de blessures contre la même adolescente et une adulte.
À lire aussi :
Réquisitoire accablant de la Couronne contre Jacob Hoggard accusé d’agression sexuelle
L'identité de la première femme, qui est aujourd'hui âgée de 21 ans, est protégée en vertu d'un interdit de publication, ainsi que la municipalité dont elle est originaire.
D'entrée de jeu, la plaignante reconnaît qu'elle s'était amourachée de Jacob Hoggard et qu'elle suit le groupe de musique depuis l'âge de 10 ans. J'ai conservé le béguin pour lui dans mon adolescence
, dit-elle.
Elle affirme qu'elle a assisté à une douzaine de ses concerts et qu'elle garde un très bon souvenir de son premier spectacle à Kirkland Lake en 2013.
Attention : ce texte pourrait choquer certains lecteurs.
J'avais 12 ans, j'y étais allée avec mes parents, j'étais très enthousiaste, j'avais averti tous mes camarades
, se souvient-elle en ajoutant qu'elle avait même rencontré le chanteur et que ses parents avaient pris une photo d'elle en sa compagnie.
Ce premier concert aura d'ailleurs un tel effet sur l'adolescente qu'elle commencera à collectionner des souvenirs comme des billets de spectacle et des t-shirts signés à l'effigie du groupe.

Le chanteur Jacob Hoggard plaide non coupable à trois accusations de nature sexuelle à l'ouverture du procès.
Photo : La Presse canadienne / Alexandra Newbould
La jeune femme explique que ses parents ont consenti très tôt à prendre le numéro de téléphone de l'accusé pour revoir le groupe à d'autres concerts.
Il nous avait offert des laissez-passer pour aller les voir dans les coulisses
, poursuit-elle.
La plaignante et ses parents rencontreront à nouveau le groupe lors d'un concert à Toronto. Le batteur de Hedley avait vu que je portais un t-shirt du groupe et nous avait invités à leur hôtel
, souligne-t-elle.
La Couronne projette à l'écran pour les soins du jury des photos joyeuses de l'adolescente et du groupe avec ou sans ses parents et d'autres objets souvenirs.

La procureure de la Couronne, Jill Witkin, dirige l'interrogatoire de la première plaignante.
Photo : Radio-Canada / Pam Davies
La jeune femme explique qu'elle a réussi vers la fin de 2015 ou au début 2016
à trouver le numéro de Jacob Hoggard dans le téléphone cellulaire de sa mère.
Les messages avec Jacob Hoggard étaient restés jusque-là anodins. Elle qualifie à ce sujet son geste de bêtise d'adolescente de 15 ans
.
Je pensais que ce serait sympa d'avoir son numéro perso
, poursuit-elle, en soulignant toutefois que Jacob Hoggard est celui qui avait insisté pour qu'ils puissent communiquer en privé.
Elle reconnaît qu'ils ont alors commencé à s'échanger des messages textes flatteurs et des photos intimes à l'insu de ses parents sur l'application Snapchat.
Il me disait qu'il me trouvait belle et qu'il entrevoyait notre avenir ensemble
, se souvient-elle.

Jacob Hoggard avec son avocate Megan Savard devant la juge Gillian Roberts de la Cour supérieure de l'Ontario.
Photo : Radio-Canada / Pam Davies
Elle explique qu'elle avait consenti à lui envoyer des photos d'elle en petite tenue ou nue. J'avais toutefois peur que quelqu'un dans son entourage ne les découvre, malgré sa promesse que cela n'arriverait pas
, précise-t-elle.
À entendre la plaignante, Jacob Hoggard lui a envoyé de nombreux compliments, en lui disant qu'il l'aimait, qu'il voulait avoir un enfant d'elle et qu'il souhaitait voyager et voir le monde en sa compagnie.
Je sentais qu'il y avait un peu de manipulation de sa part
, admet-elle.

Jacob Hoggard tente de fuir les médias avec son épouse à l'extérieur du tribunal après la première journée des témoignages à son procès.
Photo : Radio-Canada / Allie Elwell
Leurs échanges mèneront néanmoins à de premiers contacts inappropriés à l'occasion d'un concert à l'aréna Banque Scotia de Toronto le 29 avril 2016. Elle a maintenant 15 ans.
Il m'a serré les fesses avec ses mains et il a tenté de m'embrasser sur la nuque au moment où nous nous quittions
, se souvient-elle en précisant qu'il était insistant, mais qu'elle avait repoussé ses avances.
Elle soutient qu'elle est restée surprise, mais qu'elle n'avait pas eu peur, parce que l'accusé n'avait jamais agi de la sorte auparavant et qu'il lui avait demandé de toujours lui faire confiance.
La plaignante précise qu'elle est alors montée dans la limousine avec ses amis qui avaient remarqué la scène. Ils avaient tous attribué cet écart de conduite à la consommation d'alcool.
Avec le temps, la relation devient néanmoins de plus en plus personnelle jusqu'au jour où Jacob Hoggard lui a envoyé une vidéo de lui-même en train de se masturber dans un cubicule de toilette d'un stade non identifié.
L'audience a été ajournée en fin d'après-midi, si bien que la plaignante n'a pas encore raconté à la cour l'agression dont elle dit avoir été victime cinq mois plus tard.
Elle reprendra donc son témoignage vendredi avant d'être contre-interrogée par la défense de l'accusé.