Des pétrolières veulent plus d’argent public pour la capture et le stockage du carbone

Les pétrolières étaient plutôt satisfaites de l'aide fédérale à la séquestration du carbone, mais elles veulent aussi un appui provincial.
Photo : Getty Images / Alexander Hassenstein
Malgré des profits en forte hausse, plusieurs pétrolières estiment que le crédit d’impôt accordé par le gouvernement fédéral n’est pas suffisant pour lancer leur projet de captage et de stockage du carbone (CSC). Elles espèrent une aide financière de l’Alberta.
Lors de la conférence téléphonique pour présenter les résultats du premier trimestre, le président-directeur général de MEG Energy, Derek Evans, a rappelé que son entreprise et d’autres avaient demandé des crédits d’impôt à hauteur de 75 % du coût initial des projets.
Ottawa leur a plutôt accordé de 37,5 % à 50 % de crédit d’impôt dans son budget 2022.
C’est une énorme avancée pour franchir la ligne de départ, mais nous attendons avec hâte l’engagement de la province, a indiqué Derek Evans mardi. Nous avons parlé par le passé d’un crédit d’impôt de 75 % et nous aimerions que la province comble le fossé.
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La semaine dernière, le président-directeur général de Cenovus, Alex Pourbaix, a tenu des propos similaires, même s’il n’a pas directement nommé le gouvernement provincial.
Les deux entreprises font partie de l’Initiative pour des sables bitumineux carboneutres, un regroupement de six pétrolières représentant 95 % de la production provenant des sables bitumineux. Leur alliance est centrée autour d’un projet de séquestration du carbone dans la région de Cold Lake.
La province ne dit ni oui ni non
Interrogé sur le sujet en conférence de presse, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, n’a cependant pas répondu par un oui massif à la demande.
Je crois qu’il y aura des investissements importants dans la séquestration du carbone. L’Alberta a déjà investi 2 milliards de dollars dans l’infrastructure de capture. Et j’ajoute que les compagnies pétrolières font de grands profits maintenant et il faut qu’elles investissent leur propre argent dans ce projet-là
, a-t-il souligné.
Cenovus a engrangé environ 1,2 milliard de dollars de profits au premier trimestre de l’année, soit le triple que ce qu'elle a affiché pour la même période l'an dernier. Les revenus de MEG Energy ont pour leur part augmenté de 68 % en un an.
Quant à Canadian Natural Resources, un autre membre de l’Initiative, ses profits ont plus que doublé au premier trimestre, pour atteindre 3,1 milliards de dollars.
Les pétrolières se justifient
Le président-directeur général de Cenovus a toutefois dit qu'il ne fallait pas faire trop de liens entre ces profits et les investissements nécessaires dans les projets de captage et de stockage du carbone.
Les prix du pétrole vont et viennent. Quand nous mettons en place des projets comme celui de l’Initiative, il s’agit de projets de plusieurs milliards de dollars et nous avons besoin de la garantie qu’ils sont gérables à long terme
, a indiqué Alex Pourbaix.
Derek Evans, de MEG Energy, a aussi fait valoir que d’autres pays comme les États-Unis, la Norvège et les Pays-Bas offrent des crédits d’impôt de l’ordre de 75 % du coût des projets. Il espère obtenir une réponse claire de la province d’ici la fin du mois.
Le président-directeur général de Canadian Natural Resources, Tim McKay, a, pour sa part, affirmé qu’il était prématuré de parler de coût du projet, puisque l’Initiative n’a pas encore obtenu le droit à l’espace poreux du sous-sol albertain. La demande a été faite auprès de la province.
Les projets de captage et de stockage du carbone ne sont toutefois pas considérés par tous comme une technologie efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des universitaires et des environnementalistes ont décrié son coût pour des bénéfices encore peu prouvés.