Une organisation antivaccin s’invite à la grand-messe conservatrice

Vaccine Choice Canada affirme que les vaccins contre la COVID-19 ne sont pas sécuritaires, ne protègent pas contre les infections et ne limitent pas la contamination.
Photo : Getty Images / AFP/JALAA MAREY
Alors que des centaines de partisans et de politiciens convergent vers Ottawa pour discuter de l’avenir du mouvement conservateur au Canada, l’un des partenaires associés à l’événement retient l’attention.
L’organisme Vaccine Choice Canada est considéré comme un partenaire-exposant du congrès Canada Strong and Free Network (CSFN, anciennement le Manning Centre) qui s’ouvre à Ottawa jeudi.
Vaccine Choice Canada veut mettre fin à la tyrannie médicale au Canada
et affirme que les vaccins contre la COVID-19 ne sont pas sécuritaires, ne protègent pas contre les infections et ne limitent pas la contamination.
De plus, l’organisme flirte parfois avec la théorie du complot. Sur son site web en anglais, il affirme que le gouvernement fédéral travaille de concert avec des organisations internationales (comme l’OMS) pour se servir de la pandémie afin de limiter les droits et libertés des Canadiens.
Un congrès couru dans la famille conservatrice
Vaccine Choice Canada aura un kiosque d’exposant, avec un accès privilégié aux participants du congrès du Canada Strong and Free Network.
Le président du CSFN, Troy Lanigan, confirme que Vaccine Choice Canada a acquitté sa facture de 1500 $ comme exposant, mais ajoute que les organisateurs du congrès ne cautionnent pas nécessairement
les points de vue de tous ses partenaires.
Il ne s’agit pas d’un événement officiel du Parti conservateur du Canada (PCC). Le congrès annuel de ce groupe de réflexion a cependant beaucoup d’influence et attire les grands noms du mouvement conservateur canadien.
Parmi les personnalités attendues figurent la chef intérimaire du PCC, Candice Bergen, et plusieurs de ses députés, d’ex-premiers ministres provinciaux (conservateur, libéral et néo-démocrate) de même que le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.
Le congrès sera également l’hôte du premier débat des candidats dans la course à la direction du PCC. Pierre Poilievre, Jean Charest, Leslyn Lewis, Roman Baber et Scott Aitchison y ont confirmé leur présence.
Contactée par Radio-Canada, l’équipe de Jean Charest a répondu que les vaccins sont un outil sécuritaire et efficace pour endiguer et prévenir de graves maladies, incluant la COVID-19
. Quant à la présence de Vaccine Choice Canada au congrès de CSFN, il indique que la vaccination est un choix et que toutes les organisations, qu’elles s’opposent ou non aux mandats [obligation vaccinale, règles sanitaires], ont le droit d’y assister
.
De son côté, Scott Aitchison croit que les vaccins sont sécuritaires et est en désaccord avec la position de Vaccine Choice Canada. Toutefois, il est d’avis qu’il est plus facile d’avoir un débat vigoureux sur la question quand c’est fait en public
.
Au moment de la rédaction de ces lignes, les autres candidats n’avaient pas fait de commentaires.

« Arrêtez l'expérience », dit un des contenus présentés en première page du site Internet de Vaccine Choice Canada.
Photo : Site de Vaccine Choice Canada
Vaccination et théorie du complot
L’organisme Vaccine Choice Canada n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Sur son site Internet, il remet en question la vaccination obligatoire pour les voyageurs et les fonctionnaires et affirme que les vaccins sont plus néfastes que la COVID-19, notamment chez les enfants.
Les enfants non vaccinés sont en bien meilleure santé que ceux à qui on a injecté des ingrédients toxiques
, peut-on lire sur le site de Vaccine Choice Canada.
Cette affirmation est fausse, selon Nathalie Grandvaux, professeure au Département de biochimie et médecine moléculaire de l'Université de Montréal.
Les vaccins sont très, très, très sécuritaires
, dit-elle, et les effets secondaires associés sont très rares. Mme Grandvaux ajoute que les vaccins offerts actuellement ne protègent pas totalement contre l'infection
, mais contribuent à diminuer les symptômes, les complications et les taux de mortalité liés à la COVID-19.
Il est beaucoup plus sécuritaire d’être vacciné que de se faire infecter par la COVID-19, conclut-elle.