Fin de saison incertaine pour la pêche au homard dans le sud-ouest de la N.-É.

Le prix du homard a dépassé 17 $ la livre avant de retomber à 10 $ au cours de la saison de pêche 2021-2022.
Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau
À quelques semaines de la fin de la saison de pêche au homard dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, un pêcheur et un grossiste dressent un bilan en demi-teinte.
Roger LeBlanc déambule sur le quai de Meteghan, dans la baie Sainte-Marie, à proximité de son bateau Beausoleil 3. Il lui reste encore quelques jours de pêche avant la fin de la saison, fixée au 31 mai.
Roger LeBlanc constate que les pêcheurs hésitent à partir en mer certains jours, alors que le prix du carburant atteint des sommets et que les appâts coûtent 35 % de plus que l'an dernier. Et la suspension de la pêche au hareng pourrait encore faire monter les prix, selon lui.
Si les homards se dévaluent d'une miette, nous irons dans le rouge
, dit-il.
Pourtant la saison avait bien commencé, le 1er décembre, alors que le prix du homard était d'environ 10 $ la livre.
Rapidement, le prix a grimpé à 17,50 $ la livre alors que les acheteurs américains, asiatiques et européens se pressaient pour en acheter.
Or, la guerre en Ukraine et le confinement dans certaines parties de la Chine ont fait retomber les prix.
Le marché n'avait pas de stabilité. Le monde n'osait pas acheter parce qu'ils avaient peur que le prix descende
déplore le grossiste Cédric Robicheau, président-directeur général de BMC Seafoods Ltd. Il estime que la Chine représente habituellement 60 % du marché.
« En français, on dit : "on shake la tête". On ne sait pas l'avenir. »
Il dit aussi que les volumes ont été moins importants cette année que les années précédentes. À la place de mettre un million de livres par semaine sur le marché, on pouvait seulement en mettre 300 000
, se souvient-il.
Fermeté sur la pêche hors saison
Roger LeBlanc croit aussi que la pêche hors saison commerciale menée par certains pêcheurs de la Première Nation Sipekne'katik l'an dernier a nui à la ressource en homard. La Première Nation revendique son droit de pêche en vertu des traités, mais Roger LeBlanc est persuadé que, pendant l'été, les homards sont trop faibles pour être prélevés.
Le pêcheur de Meteghan presse donc la ministre fédérale des Pêches et Océans, Joyce Murray, de faire quelque chose. Ça fait pitié de voir que les Acadiens et tout le sud de la Nouvelle-Écosse sont oubliés
, dit-il.
En visite à Halifax en novembre dernier, Joyce Murray a réaffirmé la position d’Ottawa selon laquelle le gouvernement fédéral a le pouvoir de réglementer la pêche de subsistance convenable effectuée par les Autochtones.