Redevance touristique à Percé : des commerçants montent au front

Une soixantaine de commerçants et de citoyens se sont présentés devant le conseil municipal de Percé mardi soir, ce qui a donné lieu à une séance de questions plutôt corsée.
Photo : Radio-Canada / Marguerite Morin
Une soixantaine de commerçants et de citoyens étaient présents à l'hôtel de ville de Percé, mardi soir, pour faire part de leur mécontentement face à la redevance touristique de 1 $ qui est entrée en vigueur le 1er mai.
La mairesse ne pourra plus nier que ce n'est pas quelques personnes qui contestent
, se réjouit Jonathan Massé, l'un des porte-paroles du Comité de citoyens-commerçants de Percé, qui demande un moratoire sur la redevance touristique.
On espère surtout que les conseillers vont s'investir dans ce dossier-là, parce qu'au niveau médiatique, c'était vraiment une ligne dure de la mairesse sur son opinion qu'on entendait
, ajoute M. Massé.
La mairesse, Cathy Poirier, reconnait avoir entendu certains commerçants
, mais maintient que les préoccupations évoquées mardi soir ne sont pas celles de l'ensemble des commerçants de Percé.
Je ne vous cacherai pas que c'était assez houleux comme période de questions
, admet-elle.
On sent qu'il y a une réticence à appliquer la redevance touristique, on nous propose des solutions qui ne sont pas nécessairement applicables. Nous, on a réfléchi longuement, on a des avis juridiques très solides, on souhaite pouvoir poursuivre et évidemment on souhaite que ça se fasse dans l'harmonie
, souligne toutefois Mme Poirier.
« On pense encore que la majorité est pour la redevance, maintenant est-ce qu'il y a améliorations à apporter? On va quand même prendre le temps de reculer d'un pas dans notre réflexion. »
La mairesse rappelle par ailleurs que la redevance de 1 $ imposée aux visiteurs sur chaque transaction de 20 $ et plus bénéficiera à l'ensemble de la population de Percé, incluant les commerçants, puisqu'elle permettra à la fois d'alléger le fardeau fiscal des citoyens et de développer de nouvelles infrastructures, notamment pour attirer des touristes pendant la saison hivernale.
Un manque de communication
Je trouve ça un peu dommage qu'il y ait cette levée-là à la toute fin
, ajoute la mairesse.
Le règlement a été adopté en septembre, il y a eu plusieurs rencontres. Mensuellement, on se présente en séance publique, on répond au téléphone, on répond aux questions, on a mis en place un consultant externe pour aider les commerçants à appliquer cette redevance dans leur système comptable, on l'a créée simple
, précise-t-elle.
Or, le Comité de citoyens-commerçants déplore justement un manque de communication et de transparence de la part de la mairesse. L'une des quatre porte-paroles, Véronique Lambert, rappelle qu'il n'y a eu qu'une seule rencontre à l'automne dernier et que les conseillers municipaux n'étaient pas présents.
Si les commerçants et les citoyens avaient été consultés dès le départ, on n'en serait jamais arrivés là
, avance Mme Lambert.
Vers une bataille juridique?
Par ailleurs, le fait que la mairesse ait fait référence à la première année d'application de la redevance comme étant une année test
n'a pas fait l'affaire de certains.
Si les commerçants ont à être mandataires de ce règlement-là, qu'on soient consultés, qu'on approuve et que ce soit une entente de gré à gré. Mais pas une entente de rodage, on improvise quelque chose, ça vire tout croche et après ça on réajuste, c'est justement ce qu'on ne veut pas
, martèle M. Massé.
Le comité demande plutôt un moratoire et une suspension du règlement, jusqu'à ce qu'il soit bien compris et approuvé par les commerçants.
« On n'est pas rendus à une question de désobéissance civile, mais ça pourrait se rendre là, et si le conseil municipal ne se rétracte pas, un fonds va être créé au niveau des citoyens et des commerçants pour ceux qui veulent contester ça en justice. »
Ça risque d'être très long et pénible, donc on aimerait mieux qu'il y ait un moratoire et qu'on ne soit pas obligés d'aller dans cette direction-là
, ajoute M. Massé.
De son côté, la mairesse de Percé se dit ouverte à apporter des ajustements et certaines corrections en cours de route, mais refuse de reculer et se dit prête à défendre son règlement devant les tribunaux si nécessaire. Ce qu'on souhaite, c'est l'adhésion. On avance
, répète-t-elle.
Je ne représente pas que des commerçants, je représente aussi 3000 citoyens qui ont un fardeau fiscal
, rappelle Mme Poirier.
La démarche de la Ville de Percé a d'ailleurs reçu l'appui du président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Daniel Côté, et du préfet de la MRC
du Rocher-Percé, Samuel Parisé.J'ai mon propre restaurant ici, je suis moi-même commerçant, j'ai fait toutes les étapes, je suis d'accord avec la redevance
, affirme le préfet.
« Près de 500 000 visiteurs par année passent par ici, sur notre promenade, dans nos infrastructures, nos blocs sanitaires. Je trouve inconcevable que ce soient les citoyens de Percé qui paient pour l'ensemble des services. Ce sont des sommes astronomiques. On ne veut pas augmenter les taxes, mais tout augmente. »
Et on a besoin de ces 500 000 personnes-là pour nos commerces et nos industries
, souligne M. Parisé.
Il estime que le problème réside actuellement dans un manque de communication entre la Ville de Percé et les commerçants.
Avec les informations de Marguerite Morin