Dernière saison pour le homard de type « canner » dans la Péninsule acadienne
L'année prochaine, les pêcheurs ne pêcheront plus ces petits homards.

Le prix du homard offert aux pêcheurs en Nouvelle-Écosse a baissé lundi, passant de 17,50 $ la livre au début du mois à 10 $ et 11$. Ci-dessus, du homard cuit vendu à la poissonnerie Moncton Fish Market, où le prix est passé de 29,99 $ à 24,99 $ récemment.
Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau
Les pêcheurs de homard de la Péninsule acadienne, de la baie des Chaleurs et de la baie de Miramichi ont lancé leur saison de pêche mardi. Et c'est la dernière année lors de laquelle ils pourront pêcher du homard de deux tailles et de deux niveaux de prix différent.
Les pêcheurs peuvent actuellement capturer des homards de deux tailles minimales différentes.
La taille minimale de la carapace du homard de conserverie (de type « canner »), qui était de 77 mm, passe à 79 mm dès cette saison. Il passera à 81 mm l'année prochaine, ce qui correspond à la taille de la carapace du homard de taille « marché ».

Des homards de taille « marché » dans une poissonnerie (archives).
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
Il s'agit d'une bonne nouvelle qui aura des répercussions positives sur l’ensemble de l’industrie, assure Luc LeBlanc, conseiller à l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM).
Nous avons été responsables, même si ç’a été une grosse décision de laisser à l’eau un homard potentiellement exploitable.
Les membres de l’UPM ont récemment voté à 75 % en faveur de cette modification dans la zone 23, selon Luc LeBlanc. Dans le sud-est de la province, les pêcheurs ont voté à 77 % en faveur de l'augmentation de la taille minimale de la carapace.
C’est un résultat fort
, admet Luc LeBlanc. Ça faisait un bout de temps qu’on demandait ce changement. On a pris la bonne décision et on a attendu que le stock et le marché soient en bonne santé pour le faire.
Ça va nous faire du bien
Plus de 570 entreprises de pêche ont pris la mer de Pointe-Verte jusqu’à Escuminac, mardi matin. On parle d’au-delà de 2000 travailleurs. Les premiers débarquements sont prévus mercredi.

C'est le grand jour pour les pêcheurs de homard qui peuvent enfin prendre la mer pour déposer leurs casiers à l'eau.
Photo : Radio-Canada / Mario Mercier
Parmi eux, James Stewart, homardier depuis une trentaine d’années dans la région de Miscou, au nord-est de la Péninsule acadienne, est allé placer ses 300 casiers par un temps superbe, mardi.
Il accepte la décision de laisser les plus petits homards à l'eau, même s’il devra laisser aller des homards qui, normalement, se seraient retrouvés dans les bacs de son bateau.
C’est un gros changement, mais d’après moi, dans deux ou trois ans d’ici, ça va nous faire du bien. On l’a déjà fait, monter la mesure, et ça a aidé. C’est juste que ça a comme monté un peu vite cette année, mais on va faire avec.
Un appui à la conservation
Laisser les homards atteindre une plus grande taille avant de les capturer donne plus de temps aux femelles pour pondre leurs œufs, ce qui appuie la conservation de l’espèce, explique Pêches et Océans Canada.
L’UPM est d’accord.
Ce sera bon pour le stock. À 76 mm, on laissait en mer 50 % des femelles aptes à se reproduire. Là, ce sera presque 100 %. On aura plus de homard, il sera plus gros et plus pesant. Les entreprises de pêche en profiteront. On a vu cette mesure ailleurs et elle fonctionne
, continue Luc LeBlanc, de l’UPM.
Les organismes autochtones ont aussi été consultés au sujet de ce changement, selon Pêches et Océans.
Le petit homard moins populaire qu'avant
Cette modification ne devrait pas ébranler les habitudes des consommateurs, croit Richard Bulger, propriétaire du Marché de poisson Bulger, à Le Goulet, près de Shippagan.
Ça ne change rien pour nous et pour les clients
, constate le poissonnier d’expérience.
C’est rare qu’on vende du « canner » maintenant. Les amateurs préfèrent un homard « market » d’une livre et plus. C’est plus populaire. De toute façon, il n’y a plus assez de différence [de taille de la carapace] et ça nous donne moins d’ouvrage de garder une seule grosseur. Les gens prennent souvent « le gros dans le petit »
, dit-il.
Avec des informations du journaliste Mario Mercier