Records de chaleur en Inde pour un mois d’avril

L'Inde est en proie à une vague de chaleur exceptionnelle et précoce cette année.
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Plusieurs régions de l'Inde ont enregistré des records de chaleur en avril et cette vague caniculaire devrait se poursuivre en mai alors que l'été n'a pas encore commencé, selon le service de météorologie national.
Des températures records de 35,9° C à 37,78° C ont été relevées dans le nord-ouest et le centre de l'Inde, a précisé à des journalistes Mrutyunjay Mohapatra, directeur général du service de météorologie national (IMD).
Il s'agit des températures les plus élevées jamais enregistrées depuis que le service a commencé à effectuer des relevés, il y a 122 ans. Et la chaleur devrait se poursuivre encore au début du mois de mai. L'IMD prévoit une augmentation progressive des températures maximales de 2 à 4 °C dans la plupart des régions du nord-ouest et du centre de l'Inde cette semaine, sans grand changement par la suite.
L'Inde et le Pakistan subissent des vagues de chaleur exceptionnelles cette année, avec des pointes à 50 °C par endroits.

Des vendeurs de rue proposent des boissons rafraîchissantes à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, qui marque la fin de la fête musulmane du ramadan.
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La chaleur entraîne une demande plus forte pour l'électricité, ce qui mène à des pénuries d'eau et à des coupures d'électricité dans plusieurs États.
En Inde, les réserves de charbon des centrales ont en effet diminué de près de 17 % depuis le début d'avril, tombant au tiers des niveaux requis.
Hier, les autorités estimaient qu’il restait moins d’un jour de charbon
en stock dans de nombreuses centrales électriques.
Par mesure de précaution, New Delhi a même annulé certains trains de voyageurs pour accélérer l’acheminement du charbon vers les centrales électriques, selon Bloomberg News.
Le ministre en chef de New Delhi, Arvind Kejriwal, a mis en garde contre de possibles coupures dans les hôpitaux et le métro de la capitale et a évoqué une situation désastreuse
pour toute l'Inde
. La canicule a notamment entraîné la fermeture des écoles ou la réduction des horaires de classe dans l'État du Bihar.
La situation n'est guère plus reluisante au Pakistan. Le ministre de l’Énergie, Khurram Dastgir Khan, estime que le pays traverse une « crise de l'énergie ». Plusieurs villes pakistanaises ont subi jusqu’à huit heures de coupure de courant par jour la semaine dernière, tandis que des zones rurales enregistraient des délestages la moitié de la journée.
Le nord de l'Inde affligé par la sécheresse
La chaleur extrême entraîne une période de sécheresse d'une rare envergure dans le nord de l'Inde.
Depuis deux mois, l'État de l'Himachal Pradesh n'a pas reçu une goutte d'eau, alors que de la pluie, de la grêle et même de la neige tombent normalement à cette période de l'année.
La plupart de ces incendies sont des feux de terre qui se propagent dans les forêts de pins, les plus vulnérables aux incendies
, a expliqué à l’AFP le chef des forêts de l’État, Ajay Srivastava.
Des équipes de pompiers travaillent d’arrache-pied pour éteindre ces feux et aussi pour sauver les animaux sauvages
, a-t-il ajouté en précisant que les secours ont dû demander l’aide des riverains.
Comprendre et atténuer l'impact des changements climatiques
Les vagues de chaleur sont courantes en Inde, particulièrement dans le centre et le nord du pays. Elles se font habituellement sentir en mai et en juin, mais elles ont commencé plus tôt cette année avec des températures élevées dès le mois de mars.
Naresh Kumar, scientifique senior à l'IMD, attribue cette vague de chaleur intense et précoce à des facteurs atmosphériques locaux, notamment la présence d'anticyclones (des zones de haute pression atmosphérique souvent associées à un temps sec).
D'autres experts voient un lien clair entre ces épisodes de chaleur et les changements climatiques.
Roxy Mathew Koll, de l'Indian Institute of Tropical Meteorology, admet que des facteurs locaux jouent un rôle dans la vague de chaleur qui afflige le sous-continent indien. Il n'en demeure pas moins que, selon lui, les changements climatiques sont la cause principale
de ce genre de phénomène
La Dre Chandni Singh, chercheuse principale à l'Indian Institute for Human Settlements et auteure principale du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), rappelle que ces impacts ne sont pas ressentis par tout le monde de la même manière. Les pauvres ont moins de ressources pour se rafraîchir et moins d'options pour rester à l'intérieur, loin de la chaleur.
De nombreux enfants des zones rurales vont à l'école dans des hangars au toit de tôle, ce qui est insupportable en cas de chaleur
, illustre-t-elle.
Depuis 2015, le gouvernement indien et les gouvernements des États ont décrété un certain nombre de mesures pour atténuer les effets des canicules, comme l'interdiction de travailler à l'extérieur pendant les heures les plus chaudes.

Un travailleur à l'ouvrage dans une usine de fabrication d'ustensiles en acier inoxydable à Chennai, le 30 avril 2022
Photo : AFP/Getty Images / ARUN SANKAR
Toutefois, ces mesures ne peuvent être totalement efficaces que si elles s'accompagnent de changements de grande ampleur, comme la construction d'infrastructures plus vertes, estime Mme Singh.
Nos bâtiments sont construits de telle manière qu'ils emprisonnent la chaleur au lieu d'assurer la ventilation. Il y a beaucoup d'innovations à l'échelle internationale dont nous pouvons nous inspirer
, dit-elle.
Nous faisons certaines choses très bien, mais il est temps d'améliorer notre jeu, car nous devons vivre avec la chaleur.
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Avec les informations de l'AFP, de Reuters et de la BBC