École des Trois-Soleils : 20 ans d’enseignement en français au Nunavut

L’École des Trois-Soleils d’Iqaluit célèbre son 20e anniversaire. L'établissement a été créé par une poignée de parents francophones qui souhaitaient que leurs enfants bénéficient d'un enseignement en langue française.
Photo : Radio-Canada / Matisse Harvey
L’École des Trois-Soleils d’Iqaluit, qui est le seul établissement francophone d’enseignement au Nunavut, a façonné l’éducation en français d’une génération de jeunes depuis sa création, au début du 21e siècle. L’établissement soulignait ce mois-ci ses 20 ans.
Pour le président de la Commission scolaire francophone du Nunavut (CSFN), Judy Romaric Sessua Kuengou, l’existence même de l’école est l’aboutissement du travail acharné
d’une poignée de parents qui souhaitaient offrir à leurs enfants une éducation en langue française.
La CSFN
est responsable de la gestion de l’École des Trois-Soleils, qui compte aujourd’hui une centaine d’élèves de la maternelle à la 12e année.On est très reconnaissants envers toutes les personnes qui ont travaillé très fort pour que cette école puisse être créée
, affirme Judy Romaric Sessua Kuengou.
Le 12 avril, l’établissement soulignait les 20 ans écoulés depuis son ouverture officielle, bien qu’il a accueilli ses premiers élèves en décembre 2001.
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Des projets qui ont pavé la voie à la création d’une école?
Daniel Cuerrier, un francophone d’Iqaluit, est l’un des artisans de la création de l’école, qu’il décrit comme l’aboutissement de longues démarches et d’un certain entêtement
.
Le francophone admet que son implication lui a donné peu de répit, à un point tel que ses enfants ont grandi avec un père peu présent à la maison.
Ils ont été les cobayes de toute cette démarche
, reconnaît celui qui est aujourd’hui interprète-traducteur et directeur du Bureau de la traduction pour le gouvernement du Nunavut.
En 1988, l’entrée en vigueur de la Loi sur les langues officielles des Territoires du Nord-Ouest a donné aux francophones l’espoir de parvenir à l’enseignement en français.
Plusieurs projets ont mis la table à la création d’une école en langue française, dit-il, citant l’ouverture d’une garderie trilingue en langues française, anglaise et inuktitut, la mise en place d’un regroupement de parents francophones, la création d’un programme de français-langue maternelle de la première à la sixième année, en 1993-1994, puis celle d’un conseil scolaire (ancêtre de la CSFN).
C’est ça qui a donné l’élan final pour obtenir l’école
, explique Daniel Cuerrier. On a réussi à avoir l’écoute du premier ministre Paul Okalik, à l’époque, du ministre de l’Éducation et [...] du Patrimoine canadien.
Bien que conscients de leurs droits linguistiques, les parents francophones ont dû faire avancer leur cause avec parcimonie, selon Daniel Cuerrier. Il fallait également composer avec notre réalité, qui était que l’on vit en territoire inuit, que les Inuit sont très mal desservis au niveau de leur éducation dans leur langue maternelle.
Défis et progrès
Le président de la CSFN
reconnaît que les deux dernières décennies n'ont pas toujours étés faciles. Il cite notamment des vagues de départs de personnel et la migration d’élèves vers le système anglophone.Cette migration est alimentée, selon lui, par le manque d’espace qui oblige les élèves de la 9e à la 12e année de suivre leurs cours en français à l’École secondaire Inuksuk située à proximité.
Ce dernier enjeu est toutefois sur la voie d’être surmonté grâce à des travaux d’agrandissement qui doivent se terminer pour la rentrée scolaire de 2023.
Puisque l’agrandissement permettra notamment d’accueillir plus d’élèves, dit-il, il entrevoit l’embauche de nouveaux enseignants. Le nombre d’enseignants que l’école a dépend du nombre d’élèves pour lesquels l’école [offre] des services
, explique-t-il. Plus d’élèves, [cela] veut dire plus de services à offrir.
Il croit que cet agrandissement est porteur d’espoir, et un signe que les choses progressent
.