Usine Moderna à Montréal : 100 millions de doses de vaccin ARNm par année

La pharmaceutique américaine Moderna a choisi la grande région de Montréal pour construire sa nouvelle usine de biofabrication.
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault ont annoncé vendredi la construction, par la pharmaceutique américaine Moderna, d'une usine de fabrication de vaccins dans la région de Montréal.
Les nouvelles installations de la pharmaceutique comprendront notamment un centre de recherche et une usine de production de vaccins à ARN messager (ARNm) qui permettra de produire jusqu'à 100 millions de doses annuellement au Québec, a annoncé le premier ministre Justin Trudeau.
Ce qui, en plus de créer des centaines de nouveaux emplois, permettra au Canada de renforcer de façon significative ses capacités de biofabrication, a souligné M. Trudeau.
En plus de produire des vaccins contre la COVID-19, cette usine à la fine pointe de la technologie permettra de fabriquer des vaccins contre un éventail d'autres maladies, dont l'influenza.
En retour, Ottawa s'engage à acheter des stocks de vaccins produits de façon à conserver la priorité en cas de nouvelle épidémie ou d'éclosions de maladies à traiter par voie de vaccin. La production régulière de l'usine est prévue à 30 millions de doses par année avec possibilité de l'augmenter à 100 millions en cas de besoin.
Il s’agira par ailleurs de la toute première usine de Moderna implantée à l’extérieur des États-Unis. Sa construction devrait être terminée en 2024.
Des négociations sont toujours en cours en ce qui concerne l’emplacement précis des futures installations. Ce sera ici dans le Grand Montréal, mais c'est une décision que va prendre Moderna en temps et lieu
, a précisé Justin Trudeau.

C'est maintenant confirmé, Moderna s'installera dans le Grand Montréal. Le chef de direction de l'entreprise a annoncé la nouvelle ce matin aux côtés de Justin Trudeau et de François Legault. Le reportage de Sébastien Desrosiers.
Photo : Getty Images / FREDERIC J. BROWN
Le premier ministre du Québec, François Legault, s'est pour sa part félicité de l'arrivée au Québec de ce joueur mondial dans le domaine des sciences de la vie, qui permettra entre autres la construction d'une usine de 180 millions de dollars.
L’arrivée de Moderna est hautement stratégique pour le Québec. [...] Elle va sérieusement renforcer l’écosystème québécois des sciences de la vie [...] On parle d’un secteur regroupant déjà plus de 700 entreprises et plus de 36 000 emplois de qualité, sans compter les centres de recherche
, a ajouté M. Legault.
Des centaines de millions en recherche et développement
Moderna ne fera pas que fabriquer des vaccins à ARN messager au Québec. L'entreprise compte aussi investir massivement en recherche et développement et faire des tests cliniques ici chez nous
, a expliqué le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui a joué un rôle clé dans la venue de la pharmaceutique au Québec.
C’est tout l’écosystème qui va bénéficier directement de cet investissement de plusieurs centaines de millions de dollars. On parle d’un investissement phare dans la recherche et développement.
Le Québec deviendra l'un des rares centres d'expertise mondiaux en ARN messager. C'est un pas de géant pour notre industrie des sciences de la vie
, a de son côté souligné le ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon.
Ravi de l'accueil chaleureux
qu'il a reçu au Canada et au Québec, le président de Moderna, Stéphane Bancel, a évoqué une entente de partenariat de dix ans avec le Canada et ses scientifiques, dont ceux de l'Université McGill, avec qui Moderna a déjà signé une entente de collaboration.
Il a également rappelé qu'Ottawa a été l'un des tout premiers gouvernements dans le monde à épauler financièrement les efforts de développement et de production du vaccin contre la COVID-19 mis au point par sa compagnie en pleine pandémie.
C’est un beau projet dans un beau pays.
L'usine que nous annonçons va permettre de faire beaucoup de produits et nous croyons que cet outil stratégique sera très intéressant pour le gouvernement du Canada.
En vertu de l'entente conclue entre Moderna et le gouvernement du Canada, la pharmaceutique doit construire une usine dans le grand Montréal en plus d'investir massivement en recherche et développement
Reconstruire les capacités de bioproduction du Canada
Confronté à d'importantes lacunes dans sa production nationale de vaccins, le Canada a dû faire des pieds et des mains au plus fort de la pandémie pour obtenir d'urgence des stocks de vaccins en provenance d'Europe après que les États-Unis eurent décidé de réserver toute leur production vaccinale pour traiter exclusivement leur population.
Autrefois une puissance mondiale dans le domaine de la biofabrication, le Canada s'est retrouvé totalement dépendant de la production de vaccins issus d'autres pays lors de la pandémie, car aucune usine canadienne n'était en mesure de fabriquer des vaccins utilisant la technologie à ARN messager.
Le gouvernement Trudeau, qui a promis de rebâtir les capacités de bioproduction du pays, a notamment consacré 2,2 milliards de dollars en avril 2021 à cette fin en plus de multiplier les ententes avec Axelera, BioVectra, Resilience, Novavax et Sanofi.
Oui, nous sommes mieux préparés aujourd’hui, pas seulement pour la situation actuelle, mais pour les décennies à venir
, a assuré le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.
Un géant en devenir
Moderna, qui a été fondée en 2010 aux États-Unis, s'est fait connaître partout dans le monde pendant la pandémie après avoir mis au point le Spikevax, un vaccin à ARN messager efficace contre la COVID-19.
L’entreprise est actuellement le deuxième producteur mondial de vaccins à base d’ARN messager contre la COVID-19.
Grâce à cette technologie, l’entreprise développe aussi des médicaments au potentiel prometteur pour combattre d’autres maladies infectieuses comme les VIH, l'influenza, le Zika, le syndrome respiratoire syncytial et le virus d’Epstein-Barr (mononucléose).