Budget : le gouvernement Ford fait l’autruche, croient des écologistes

La lutte contre les changements climatiques n'est pas une priorité de ce budget électoraliste.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
À quelques jours du déclenchement des élections ontariennes, le gouvernement de Doug Ford semble faire peu de cas de la protection de l’environnement dans son budget présenté jeudi.
L'expression changement climatique
ne revient qu'à quelques reprises dans la version française du document.
On est dans une crise climatique, une urgence environnementale
, rappelle pourtant Yannick Beaudoin, de la Fondation David Suzuki, qui n’est toutefois pas surpris de l'approche du gouvernement progressiste-conservateur ontarien.
Le budget prévoit notamment des milliards pour la réfection et la construction d’autoroutes, la réduction de la taxe sur l’essence et l’élimination des droits de renouvellement des plaques d’immatriculation, des mesures que le gouvernement avait déjà annoncées au cours des derniers mois.
Le gouvernement se met la tête dans le sable, selon Keith Brooks, directeur des programmes du groupe Environmental Defence. Ce budget nous condamne à des milliards de dommages climatiques supplémentaires dans les années à venir.
« Ce gouvernement a gaspillé des millions de dollars en annulant des projets d'énergie verte et en se battant contre la politique sur les changements climatiques. »
Les mesures du budget destinées à lutter contre les changements climatiques tournent en grande partie autour du financement des transports en commun et de la transition de l’industrie automobile vers les véhicules électriques, des décisions qui avaient elles aussi été rendues publiques précédemment.
La production de véhicules électriques et l’installation de bornes de recharge n’amèneront pas les consommateurs à opter massivement, comme par magie, pour ces véhicules s’il n’y a pas d’incitatifs à l’achat, ce que ce gouvernement a aboli en début de mandat
, constate Lana Goldberg, spécialiste du climat dans le groupe Environmental Defence.
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L'Ontario pourrait être un grand chef de file dans l'économie verte, mais il y a encore des hésitations quant à la direction vers laquelle nous nous dirigeons à cet égard
, note Claudia Dessanti, de la Chambre de commerce de l’Ontario.
Elle rappelle que les entreprises ont à faire face à un lot d’incertitudes : pandémie, pénurie de main-d’oeuvre, retards d’approvisionnement et retour en force de l’inflation.
« Les entreprises veulent avoir une feuille de route claire pour la reprise qui leur explique où l'Ontario s’en va à moyen et à long terme. »
Les investissements en infrastructures et la stratégie concernant les métiers spécialisés sont bien sûr importants pour soutenir la croissance, dit-elle, mais en ce qui a trait aux politiques climatiques, nous aimerions qu’il y ait une planification claire au sujet des mesures d’adaptation et d’atténuation
.
Le budget provincial, qui ne sera pas adopté avant les élections en raison de la dissolution de la Chambre, est une plateforme électorale basée sur le court terme
, constate Yannick Beaudoin.
« Ils ne pensent pas que la dégradation de notre environnement, que paver la ceinture de verdure, que l’urgence climatique, tout ça va coûter cher. »
M. Beaudoin souligne que ce seront les prochaines générations qui en paieront le prix, notamment par une baisse de la qualité de vie.
Avec les informations d’Andréane Williams