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Les résidents de Limoilou respirent 4 fois plus de nickel que dans Saint-Sacrement

Les silos vue de la haute ville dans la distance.

Les silos du Port de Québec à Limoilou. (archives)

Photo : Radio-Canada / Érik Chouinard

Les résidents du Vieux-Limoilou respirent quatre fois plus de nickel que ceux du secteur Saint-Sacrement, en Haute-Ville. Et tout indique que les concentrations mesurées dans l’air sont influencées par les vents en provenance des installations portuaires.

Ces constats font partie des conclusions attendues dans une vaste étude sur la qualité de l’air menée par la Direction de la santé publique (DSP) de la Capitale-Nationale. L’initiative, intitulée Mon environnement, ma santé, a été lancée en 2017. Un rapport final était prévu en 2021, mais les travaux de la DSP ont été ralentis par la pandémie.

Radio-Canada a pu consulter les détails d’une présentation de la DSP à des acteurs politiques et communautaires en décembre dernier.

Sans livrer l’ensemble des mesures de qualité de l’air effectuées depuis cinq ans, la santé publique admet sa préoccupation au sujet de la présence de nickel dans l’air de Limoilou.

Les auteurs soulignent aussi l’importance d’abaisser graduellement les concentrations de façon à atteindre des seuils d’effet sur la santé et de nuisance négligeables.

L’air est plus pollué dans le Vieux-Limoilou

Afin de brosser un portrait de la qualité de l’air sur le territoire, la Direction de la santé publique de la Capitale-Nationale a mis en place 8 stations d’échantillonnage depuis 2018.

Du nombre, 5 sont situées dans les quartiers centraux de Québec.

Dans sa présentation, la DSP affirme que la concentration de nickel mesurée dans l’air est quatre fois moins élevée devant le collège Saint-Charles-Garnier, dans le secteur Saint-Sacrement, que dans le Vieux-Limoilou.

Les auteurs précisent aussi que les quantités de nickel mesurées fluctuent davantage d'est en ouest que dans un axe Haute-Ville/Basse-Ville.

Le port en cause

En février dernier, la DSP n’a pas hésité à montrer l’administration portuaire du doigt lors du comité plénier organisé par la Ville de Québec sur le nickel.

À la lecture de la présentation de décembre, on comprend que la santé publique avait déjà en main des données probantes puisque les autorités avançaient que la présence de nickel dans l’air de Limoilou était très influencée par les vents provenant du nord-est.

Incidemment, une concentration plus faible est mesurée lorsqu'il n'y a aucun vent.

Ce constat valide les arguments des citoyens qui clament depuis des années que les manœuvres de chargement de nickel au port de Québec mènent à des dépassements de normes lorsque le vent souffle vers le centre-ville.

Dans un reportage diffusé à l’émission Découverte il y a deux semaines, la minière Glencore niait toute responsabilité et rappelait que les transbordements de nickel se font sous couvert dans ses installations de Québec.

L'entreprise refuse cependant de publier les données de ses propres stations d'échantillonnage dans Limoilou.

Dépassements à répétition

De son côté, le ministère de l’Environnement du Québec relève 50 dépassements de la norme quotidienne de nickel depuis 2018 à la station qu'il gère dans le Vieux-Limoilou.

Cette norme provinciale fixe présentement la limite de nickel dans l’air à 14 nanogrammes par mètre cube (ng/m3), mais le gouvernement Legault compte faire passer ce seuil à 70 ng/m3 à la demande de l’industrie dès le 28 avril.

Signe que cet assouplissement ne devrait pas permettre d’enrayer les infractions, 3 dépassements supérieurs à 200 ng/m3 ont été recensés à la station du Vieux-Limoilou entre janvier et août 2021.

Des mesures d’atténuation

Dans sa présentation du mois de décembre, la Direction de la santé publique de la Capitale-Nationale s’engage à proposer des mesures pour éviter les dépassements de la norme de nickel dans son rapport final, qui doit être publié d’ici la fin de 2022.

Impossible de savoir si des contraintes seront suggérées à l’administration portuaire, mais le durcissement de la position de la DSP dans le dossier de la norme sur le nickel laisse peu de doute.

Après avoir approuvé le rehaussement proposé par le gouvernement à l’été 2021, la DSP de la Capitale-Nationale a fait bloc avec les 18 directions régionales de la province en février pour le rejeter.

La Ville de Québec continue de s'opposer à la hausse de la norme sur le nickel. L’administration Marchand souhaitait d'ailleurs que le gouvernement attende la publication de l’étude Mon environnement, ma santé avant de légiférer.

Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, en a décidé autrement et entend procéder tout de suite. Il promet d'installer une nouvelle station d'échantillonnage dans Limoilou et de former un groupe de travail pour mieux cerner la problématique de la qualité de l'air dans le secteur.

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