Compostage et recyclage : les industries et les commerces de Gatineau doivent en faire plus

Après les résidences, c'est au tour des industries, des commerces et des institutions à faire leur part (archives).
Photo : Radio-Canada / Christian Milette
La Ville de Gatineau s’est donné un objectif ambitieux de réduire les déchets destinés à l’enfouissement ou à l’incinération de 50 000 tonnes d’ici 2029. Elle prétend être sur la bonne voie d’atteindre son but, mais il y a un hic : les industries, les commerces et les institutions (ICI) dont la gestion des matières résiduelles laisse encore à désirer.
En 2020, les ICI ont affiché un piètre bilan écologique. La Ville de Gatineau estime que seulement 6 % de leurs matières compostables et à peine 31 % de leurs matières recyclables ont été récupérées.
D’ici les 10 prochaines années, la Ville s’attend à beaucoup mieux. Elle entend accentuer la pression pour que les industries, les commerces et les institutions fassent leur part.
Objectifs pour les ICI en 2029 :
À récupérer :
- 75 % des matières recyclables ;
- 60 % des matières compostables ;
- 70 % des résidus de construction, rénovation et démolition (CRD)
Notamment, la Municipalité compte rendre les collectes des matières compostables et recyclables obligatoires pour tous les ICI, d’ici 2023. Elle compte aussi instaurer des programmes et des services municipaux pour augmenter la récupération des matières résiduelles dans ce secteur.
La Ville a d’ailleurs déjà lancé des campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation pour encourager les ICI à participer aux collectes de matières compostables et recyclables.

Le maire suppléant de Gatineau, Daniel Champagne, a vanté les bonnes pratiques de l'Université du Québec en Outaouais en matière de recyclage et de compostage.
Photo : Radio-Canada / Charles Lalande
Lundi matin, le maire suppléant Daniel Champagne a souligné les bonnes pratiques de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) qui a pris le taureau par les cornes en créant, récemment, un bureau du développement durable et en embauchant une coordinatrice à temps plein dans l’espoir d’atteindre ses objectifs en matière de recyclage et de compostage.
L’UQO vient de mettre la table aux pressions positives qui peuvent être exercées sur les autres institutions.
L’UQO est un parfait exemple d’une contribution directe aux problèmes de changements climatiques. Je salue l’initiative de l’UQO
, a-t-il lancé. J'espère qu’il va y avoir un élan.
Daniel Champagne s’attend à une certaine forme de résistance de la part de certaines entreprises qui ne voudront pas recycler, mais il soutient qu’on n’a plus le choix. Il faut agir. On est en 2022. On l’a vu dans le rapport du GIEC, récemment. On n’est plus dans est-ce qu’on devrait ou pas? On doit poser des gestes et nous allons le faire
.
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Problème au niveau du ramassage
Le problème, ce ne sont pas les entreprises qui manquent de volonté, mais plutôt la complexité entourant le recyclage et le compostage à Gatineau, estime Éric Gaudreault, propriétaire du café-bistro Le Troquet, situé dans le Vieux-Hull, et membre du conseil d’administration de Vision centre-ville.
Ça fait longtemps qu’on recycle, qu’on essaie de faire notre part et qu’on essaie d’implanter ça dans nos façons de travailler à l’interne
, a-t-il affirmé, en entrevue à Radio-Canada.

Éric Gaudreault, copropriétaire du café-bistro Le Troquet (archives)
Photo : Radio-Canada
Son entreprise recycle le carton, les canettes, les bouteilles de bière, mais la plus grosse difficulté demeure le compostage, dit-il.
Ça fait longtemps que je soulève qu’il y a une problématique de ramassage. Je pense qu'une fois par semaine, ce n’est peut-être pas assez
, a-t-il expliqué. Au centre-ville de Gatineau, c’est un îlot de chaleur, il y a deux à trois degrés de plus qu’ailleurs. Alors oui, ça fait une différence au niveau des odeurs. Et puis, une autre nuisance dont on ne parle pas beaucoup, ce sont les animaux.
Éric Gaudreault semble en avoir contre les services de récupération de la Ville qui lui paraissent très restrictifs comparé aux services offerts par le secteur privé.
Les vidanges, tu peux jeter autant de collectes que tu veux au privé, puis ils ne demandent pas ce qui a dedans versus la [Ville]
, remarque-t-il.

Des bacs de recyclage et de compostage à Gatineau (archives)
Photo : Radio-Canada
Consultations publiques
C’est justement le genre de préoccupations qu’aimerait entendre Daniel Champagne qui invite les citoyens à faire part de leur opinion sur la stratégie municipale en matière résiduelle.
Il invite les Gatinois à prendre part aux prochaines consultations publiques organisées par la Ville sur le nouveau Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) déployé par la municipalité pour réduire les déchets sur son territoire.
Les citoyens pourront consulter et commenter le plan lors de trois consultations publiques qui auront lieu virtuellement le 27 avril ainsi que les 25 et 26 mai prochains.
Il sera aussi possible pour les citoyens de partager leurs impressions sur la plateforme interactive en ligne de la municipalité du 28 avril au 1er juin.
Le PGMR sera soumis pour un vote au conseil municipal à la fin de l’année, et s’il est adopté, présenté au ministère de l’Environnement et des Changements climatiques peu de temps après.
Avec les informations de Charles Lalande