« Une crise agricole » plane au Bas-Saint-Laurent

La pression est forte cette année sur les producteurs agricoles du Bas-Saint-Laurent.
Photo : Radio-Canada
Inflation, guerre en Ukraine, relents de la pandémie : la pression est forte sur les agriculteurs du Bas-Saint-Laurent, au point où l’Union des producteurs agricoles (UPA) n’hésite pas à qualifier la situation de crise.
Le président de la Fédération de l’UPA
du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, n'y va pas par quatre chemins lorsqu’il raconte ce que vivent ses membres dans la région.Ce sera une année très difficile à traverser
, martèle-t-il.
S’ils ont traversé plusieurs années de sécheresse et la pandémie de COVID-19, les producteurs du Bas-Saint-Laurent doivent maintenant faire face à de multiples embûches.
En ce moment, ce n’est pas que la pandémie, il y a l’Ukraine et la guerre
, précise M. Marquis, qui ajoute la pénurie de main-d'œuvre aux problèmes des agriculteurs, les travailleurs étrangers étant difficiles à faire venir
dans la région.
Ce qui préoccupe [aussi] nos producteurs, ce sont les revenus, parce que les intrants ont doublé, ont triplé
, ajoute-t-il. Mais le revenu, lui, n’a pas triplé. Il est resté le même.
À titre d’exemple, la tonne d’engrais chimique peut maintenant coûter jusqu'à 2100 $.
Le diesel à 2 $ le litre [...], si tu remplis le matin, c’est 450 litres qui entrent dans un assez gros tracteur
, énumère M. Marquis. Pis tu fais une journée, et le lendemain matin, il faut que tu remplisses encore.
Selon l’UPA
, les agriculteurs ne peuvent pas entièrement refiler la facture aux consommateurs.Pour le consommateur, c’est déjà beaucoup [en ce moment]. Il y a presque 7 % d’augmentation pour le coût de la vie
, justifie Gilbert Marquis.
L'aide de Québec est réclamée
À Saint-Eugène-de-Ladrière, le copropriétaire de la Ferme Ladrière, Claude Viel, confirme que le prix de l’essence y est pour beaucoup dans les tracas des agriculteurs.
« Dès que le diesel ou le pétrole augmente, tout augmente. »
On ne se mettra pas la tête dans le sable : il faudra faire encore plus attention cette année
, soutient cet agriculteur qui gère environ 850 acres de culture. La marge de manœuvre diminue tous les ans.
Selon M. Viel, la situation sera particulièrement critique pour les entreprises agricoles en démarrage de production.
La hausse des coûts freine également les investissements que pourraient faire les producteurs dans leurs installations, mais ces investissements sont essentiels pour se conformer aux nouvelles normes, notamment pour ce qui est du bien-être animal.
S’il croit aussi qu’il n’est pas possible de tout faire absorber au bout de la chaîne, Claude Viel juge que des choix sont à faire
par les consommateurs.
« Le Bas-Saint-Laurent n’est pas indépendant du reste de la planète. Ce qui se passe en Ukraine, aux États-Unis, à Montréal ou à Saint-Hyacinthe, on en vit tous les impacts. »
Face à ce qu’il qualifie de crise agricole
, Gilbert Marquis demande à Québec d’aller à la table à dessin
et de mettre sur pied un bon programme
pour soutenir les producteurs québécois.
Le président de la Fédération de l’UPAont été oubliés
tout au long de la pandémie.
Et si la neige semble s’accrocher un peu plus longtemps aux paysages bas-laurentiens, la météo semble le cadet des soucis des producteurs de la région.
On aime bien essayer de dramatiser, mais il va y avoir un été, un automne et un hiver!
lance, philosophe, Claude Viel.
Avec les informations de Denis Leduc