•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Les morts liées à la pandémie beaucoup plus élevées que les chiffres officiels du N.-B.

Une femme pleure en tenant un bouquet de fleur.

De nombreux Néo-Brunswickois ont perdu des proches en raison de la pandémie.

Photo : Reuters / Christinne Muschi

Radio-Canada

Il y a eu 423 morts de plus que la normale au Nouveau-Brunswick en septembre et octobre 2021, en plein milieu de l’éclosion de COVID-19 liée au variant Delta selon des données de Statistique Canada. Cette surmortalité soulève des questions à savoir si le nombre de décès liés au virus a été sous-évalué par les autorités de la santé publique.

La professeure associée et chercheuse en maladies infectieuses à l'Université de Toronto Tara Moriarty croit que c’est le cas.

Historiquement, la majorité des provinces ont manqué ou n’ont pas rapporté au moins la moitié [des cas de COVID-19] et le Nouveau-Brunswick ne fait pas exception, explique-t-elle.

Du début septembre à la fin octobre, la province a annoncé 3615 cas de COVID-19 et déclaré 70 décès.

Mais selon Statistique Canada, pendant cette période de huit semaines, on a observé une surmortalité considérable.

Mille cinq cent quatre-vingt-trois personnes sont mortes au Nouveau-Brunswick, soit 423 de plus que ce qu’on aurait dû observer en l’absence d’une pandémie.

De ce nombre, on a dénoté la mort de 218 Néo-Brunswickois de moins de 45 ans, soit 171 de plus que la normale.

Pour comprendre les conséquences directes et indirectes d'une pandémie, il est important de mesurer la surmortalité, qui se produit lorsqu’il y a plus de morts que prévu pendant une période donnée, explique la chercheuse.

Tara Moriarty.

La professeure agrégée et chercheuse en maladies infectieuses à l'Université de Toronto Tara Moriarty pense que le nombre de morts liées à la COVID-19 est sous-estimé.

Photo : Radio-Canada / Lisa Xing

Préalablement, le plus important nombre de morts enregistrés dans les mois de septembre et octobre au Nouveau-Brunswick a été de 1282, pour une période de 61 jours.

La période étudiée par Statistique Canada ne comprend que 56 jours, ce pour quoi l’excès est établi à 423 morts sur un total enregistré de 1583 décès.

Des déficiences au niveau du dépistage

Tara Moriarty est l’auteure d’une étude sur la mortalité liée à la COVID-19 au Canada publiée l’année dernière. Dans une entrevue avec CBC, elle affirme qu’il n’est pas statistiquement plausible qu’il n’y ait eu que 70 morts de la COVID-19 au Nouveau-Brunswick en septembre et octobre dernier, alors qu’on observe une surmortalité supérieure à 400.

Elle pointe du doigt le dépistage au Nouveau-Brunswick, qui n’était pas au même niveau que celui des autres provinces.

dsc4092

Selon Mme Moriarty, le dépistage au Nouveau-Brunswick n'était pas au même niveau qu'ailleurs au pays.

Photo : Autre banques d'images / Guy Leblanc

« Le Nouveau-Brunswick sous-teste vraiment beaucoup pour la taille de son épidémie, par rapport à la moyenne canadienne. Simplement par l'échelle des tests qu'elle fait, la province manque probablement au moins la moitié de ses décès dus à la COVID-19. »

— Une citation de  Tara Moriarty, professeure associée et chercheuse en maladies infectieuses à l'Université de Toronto

D’autres provinces enregistrent aussi un excès de mortalité, mais peu ont un écart aussi large avec le décompte officiel des autorités de santé.

Par exemple en Saskatchewan, on observe une surmortalité de 406 personnes pendant la même période, mais la province a déclaré que 240 personnes sont mortes des suites de la COVID-19.

Des causes de décès associées

Statistique Canada souligne que certaines de ces morts sont causées par la pandémie, mais non comptabilisées, parce qu'elles peuvent être dues à des procédures médicales retardées en raison du délestage dans le système de santé ou à une augmentation de la consommation de substances comme les drogues ou l’alcool.

Mais Mme Moriarty souligne que plusieurs morts directement liées à la COVID-19 ne sont pas reconnues, particulièrement si les personnes n’ont pas subi de test de dépistage.

De nombreuses personnes meurent à domicile et comme les personnes qui décèdent sont plus susceptibles de souffrir, par exemple, de diabète ou de maladie rénale ou d'une autre condition sous-jacente, il est fréquent qu'on suppose que le décès est dû à ces facteurs et pas nécessairement à la COVID, a-t-elle déclaré.

Elle admet que la situation est compliquée et que parfois, même si plusieurs signes pointent vers la COVID, les tests post-mortem qui permettraient de confirmer les causes de la mort ne sont pas faits. 

Le ministère de la Santé n’a pas réagi à ces données. Statistique Canada indique que les chiffres utilisés proviennent des banques de données provinciales.

Au début de la pandémie, le Nouveau-Brunswick se démarquait à l’échelle du pays. En 2020, il y a eu 452 morts de moins que la normale dans la province. Mais la situation a changé l’année suivante. Depuis septembre, la surmortalité au Nouveau-Brunswick est la plus importante au pays, en proportion de la population.

D’après un reportage de Robert Jones de CBC

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...