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Famille décimée à Beauport : le chauffard condamné à 16 ans de prison

Scène d'un accident de voiture. On voit une voiture complètement cabossée et cassée de partout, une autopatrouille de police et des policiers en uniforme dans un périmètre délimité par un ruban interdisant le passage. Des Débris jonchent le sol.

Éric Légaré a tué 4 personnes à Beauport lorsqu'il conduisait avec les facultés affaiblies en septembre 2021. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

Éric Légaré, qui a tué 4 personnes à Beauport alors qu'il conduisait avec les facultés affaiblies, a été condamné à 16 ans de prison.

Puisque la situation ne semble guère s'être améliorée depuis des décennies, un juge a choisi d'imposer une des peines les plus sévères jamais imposées pour un cas de conduite avec facultés affaiblies causant la mort.

Chargé de déterminer la peine d'Éric Légaré, le juge Jean-Louis Lemay a rappelé que la Cour suprême a constaté que ce type de crime cause la plus grande perte sociale au pays.

C'est le juge Cory qui avait souligné la chose... en 1994.

28 ans après le cri du coeur du juge Cory, la conduite avec les facultés affaiblies demeure l'une des principales causes de mort criminelles au Canada, a déploré le juge Lemay.

Jean-Louis Lemay, juge à la Cour du Québec.

Jean-Louis Lemay, juge à la Cour du Québec (archives)

Photo : Radio-Canada

Il a donc insisté, dans son jugement de 23 pages, pour envoyer un message à la population et dissuader quiconque de se comporter comme Éric Légaré l'a fait, le 2 septembre dernier.

Cette journée-là, après avoir passé l'après-midi à consommer dans un restaurant-bar du quartier Saint-Roch, il a pris sa voiture, sous l'emprise de l'alcool.

Après avoir conduit de façon aussi dangereuse qu'erratique, il a embouti l'arrière du véhicule de James Fletcher, 68 ans, qui attendait à un feu rouge sur l'autoroute Dufferin-Montmorency.

Ses petits-enfants Emma Lemieux, 10 ans, et Jackson Fortin, 14 ans, se trouvaient sur la banquette arrière.

Leur mère Shellie Fletcher-Lemieux, 44 ans, a également péri.

Montage photo des victimes de l'accident.

Les victimes de l'accident : James Fletcher, Jackson Fortin, Emma Lemieux et Shellie Fletcher-Lemieux (Archives)

Photo : Gracieuseté

Culpabilité

Légaré a reconnu rapidement sa culpabilité, face à une preuve accablante, a noté le juge.

De nombreuses caméras ont filmé le parcours de Légaré, du bar jusqu'à la collision fatale. Les analyses sanguines ont démontré un taux de 209 mg d’alcool par 100 ml de sang, en plus de la présence de THC dans son organisme.

Un homme prend un égoportrait dans son habit de spéléologie, devant la glace.

En 2017, Éric Légaré avait plaidé coupable en cour municipale de conduite avec facultés affaiblies au volant. (Archives)

Photo : Facebook

Lors des observations sur la peine, plusieurs membres de la famille des victimes ont témoigné des conséquences douloureuses de la perte soudaine de ces êtres chers.

Tenter de résumer les témoignages et traduire en mot le chagrin immense de ces 17 personnes serait injuste envers le courage qu'elles ont eu de se livrer entières et fragiles, malgré la douleur, a constaté le juge Lemay.

La poursuite avait réclamé une peine de 18 à 20 ans, alors que la défense avait affirmé que 10 années de détention seraient appropriées.

Le juge a rapidement écarté la proposition de la défense, pour mieux refléter l'évolution de la société qui réclame des peines plus sévères en matière d'alcool au volant.

« Ce qui est désolant dans ce genre de dossier, on l'a souligné, c'est que l'accusé, comme plusieurs autres personnes qui doivent répondre du même crime, est une personne de bonne famille, qui a un emploi et qui est un actif pour la société. »

— Une citation de  Jean-Louis Lemay, juge à la Cour du Québec

Un petit baume

Le père éploré de Jackson est sorti soulagé de la salle d'audience.

Tranquillement mon combat contre les facultés affaiblies, ça commence à porter fruit, a commenté Daniel Fortin.

Il répond aux questions des journalistes.

Daniel Fortin est satisfait de la peine imposée au chauffard qui a tué son fils, Jackson, 14 ans. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron

Le papa de Jackson était entouré de plusieurs proches pour entendre le jugement, après avoir passé une nuit blanche.

Ça fait un petit baume, un petit pansement sur la blessure, a-t-il confié, disant espéré que la défense ne portera pas la sentence en appel.

L'avocat d'Éric Légaré a rapidement écarté cette avenue.

Autant pour mon client, qui souhaite terminer cet épisode, que pour les familles des victimes, ce serait bien que ce soit la dernière journée aujourd'hui, a révélé Me Vincent Montminy.

Vincent Montminy, l'avocat d'Éric Légaré.

L'avocat d'Éric Légaré, Me Vincent Montminy (Archives)

Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron

Le procureur du DPCP a pour sa part indiqué vouloir prendre le temps de lire attentivement le jugement, avant d'annoncer s'il sera contesté ou pas en appel.

Pas de pardon

Me Pierre-Alexandre Bernard semblait quand même satisfait de la décision, qui lance un message à la société.

Ce genre de crime commis encore trop souvent dans notre société va nécessairement entraîner des sanctions très graves, a tenu à rappeler le procureur de la poursuite.

Vêtu de sa toge, Pierre-Alexandre Bernard s'adresse aux médias.

Pierre-Alexandre Bernard, avocat du Directeur des poursuites criminelles et pénales (Archives)

Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron

Le père de Jackson a souligné le travail de Me Bernard et de tous les intervenants dans le dossier, allant même saluer l'avocat de la défense, Me Montminy, à la sortie de la salle d'audience.

En revanche, Daniel Fortin ne croit pas qu'il sera capable de pardonner, un jour, le geste de son client.

C'est une décision qu'il a prise, a-t-il dit au sujet de Légaré, qui a choisi de conduire malgré son état.

Même s'il a exprimé des remords qui ont semblé sincères, aux yeux du juge, Daniel Fortin n'est pas de cet avis.

Il s'est fait prendre. C'est facile d'avoir des remords quand on se fait prendre, a confié M. Fortin.

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