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Québec et Ottawa reprennent les discussions sur la protection du caribou

Des caribous dans la toundra.

Québec et Ottawa reprennent les discussions sur la protection du caribou (archives).

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Ottawa et Québec vont continuer leurs échanges pour protéger l’habitat essentiel du caribou. Au lendemain de l’ultimatum lancé par le gouvernement fédéral, le cabinet de Steven Guilbeault indique que la province s’est engagée à lui présenter une réponse la semaine prochaine.

Le ministère fédéral de l'Environnement confirme qu’une rencontre a eu lieu entre les sous-ministres responsables du dossier, mercredi. Québec se serait engagé à répondre rapidement à la dernière lettre expédiée par Steven Guilbeault au ministre québécois responsable de la Faune, Pierre Dufour.

M. Guilbeault avait demandé à Québec, au début du mois, de lui fournir toute information concernant la protection du caribou, d’ici le 20 avril.

Mise au point

Une première version de cet article indiquait que M. Guilbeault avait posé au début du mois un ultimatum à Québec qui devait lui fournir un plan de protection de l’habitat du caribou d’ici le 20 avril.

Or, il semble y avoir eu confusion au sujet de ce qui était attendu. Dans sa lettre, le ministre Guilbeault demande à Québec de lui transmettre : d'ici le 20 avril, toute information concernant la protection du caribou, par le Québec, du caribou boréal et de son habitat essentiel , sans mention du dépôt d'un plan précis ni d'une date à cet effet.

Nous sommes satisfaits que le gouvernement du Québec ait décidé de revenir à la table de négociation, a commenté par écrit le cabinet du ministre Guilbeault.

La porte reste donc ouverte à la négociation, assure le ministre : On est prêt à être là comme partenaire. On est prêt à investir des montants très importants pour faire ça.

Steven Guilbeault devant un micro.

Steven Guilbeault, ministre de l'Environnement et du Changement climatique

Photo : La Presse canadienne / Chad Hipolito

Le ministre Guilbeault poursuit cependant ses démarches pour présenter un décret tant que les mesures jugées nécessaires pour protéger l’habitat ne sont pas mises en œuvre par Québec.

Le gouvernement Legault a déjà repoussé à deux reprises la mise en place d'une nouvelle stratégie de protection du caribou.

Entre-temps, la mésentente persiste sur la question de savoir quel ordre de gouvernement a compétence. Le premier ministre François Legault continue de marteler que le Québec est entièrement responsable du dossier, ajoutant même qu'Ottawa a l'air de se chercher des mandats, lors d'un point de presse jeudi.

Steven Guilbeault, lui, estime que la Loi fédérale sur les espèces en péril établit clairement qu’il s’agit d’une compétence partagée.

« Ce n’est pas un enjeu de compétence provinciale ou fédérale, mais une question d’avoir une approche basée sur la science pour atteindre notre objectif commun, celui de protéger cette espèce emblématique. »

— Une citation de  Déclaration du cabinet de Steven Guilbeault

Le premier ministre Legault dit qu’il faut avoir un équilibre [entre la protection du caribou et l'industrie forestière, NDLR], commente M. Guilbeault. Je suis tout à fait d’accord avec ça, mais la situation est de plus en plus précaire, l’espèce est de plus en plus menacée. Nous ne sommes pas en situation d’équilibre.

L’Association des biologistes du Québec (ABQ), qui regroupe plus de 1000 membres, estime pour sa part que la province dispose de tous les outils et législations nécessaires pour protéger l’espèce. Elle demande la fin des coupes forestières dans les aires d’habitat des caribous forestiers et montagnards, ainsi que toutes les activités qui peuvent les perturber.

Elle réclame aussi la création d’aires protégées et une révision de la gestion québécoise de la foresterie afin de mieux préserver la biodiversité.

Des retards en Gaspésie

Un caribou montagnard au mont Albert, dans le parc national de la Gaspésie.

Un caribou montagnard au mont Albert, dans le parc national de la Gaspésie

Photo : Radio-Canada / William Bastille-Denis

En Gaspésie, la capture des bêtes a été remise à l'hiver prochain. Dans les Chic-Chocs, deux enclos, dont la construction est toujours en cours, devaient accueillir des femelles gestantes et leurs faons afin de les mettre à l'abri des prédateurs durant les mois critiques entre la mise bas et l'allaitement des petits.

Les femelles auraient dû être capturées et mises en enclos avant le 15 avril pour que les conditions soient idéales à la gestation des cervidés, mais en vain.

Le ministère explique qu'un ensemble de facteurs, dont les conditions météorologiques et l'accumulation de neige, a laissé peu de temps à l’équipe de biologistes et de techniciens de la faune pour organiser la capture des caribous femelles en gestation.

L'équipe, qui avait été mobilisée seulement deux jours, du 23 mars au 25 mars, le sera sur une plus longue période l'an prochain, précise le directeur général de la gestion de la faune, Carl Patenaude-Levasseur.

Il explique que, l’an prochain, l’opération pourra commencer plus tôt, lorsque le couvert de neige sera propice à la capture et que les femelles gestantes pourront être identifiées. On ne pourra pas commencer au mois de janvier, mais plus tôt dans la saison, donc avoir une fenêtre plus grande pour faire des interventions, précise-t-il.

En Gaspésie, la mise en enclos s’accompagne aussi d’autres mesures comme le contrôle des prédateurs, la fermeture de chemins forestiers ou de sentiers destinés aux activités récréotouristiques.

La harde de la Gaspésie compte environ 35 caribous.

Des troupeaux en enclos à Val-d'Or et Charlevoix

Le grillage et un mur de géotextile dressé pour contenir les caribous dans l'enclos.

Dans le parc des Grands-Jardins, le ministère de la Faune a fait construire un enclos de 20 hectares pour accueillir les quelques survivants de la harde isolée de Charlevoix.

Photo : Radio-Canada

À Val-d'Or comme dans Charlevoix, la construction des enclos destinés aux caribous est terminée et les installations parachevées à 95 %, a affirmé le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) jeudi matin.

Dans les deux régions, les bêtes sont maintenant dans leur nouvel abri d'une vingtaine d'hectares chacun. Les sept caribous de Val-d'Or étaient déjà en captivité. L’aménagement des enclos a été réalisé pour que les caribous conservent un comportement sauvage et qu’ils ne se familiarisent pas avec la présence humaine.

Dans Charlevoix, 16 bêtes – trois mâles, neuf femelles et quatre faons – ont été capturées et transférées dans l'enclos. Le ministère estime qu'il pourrait s'agir de la totalité de la harde, mais ne peut le confirmer.

Le MFFP n'a pas de plan pour la remise en liberté des caribous de Val-d'Or et de Charlevoix. Le directeur général de la gestion de la faune, Carl Patenaude-Levasseur, précise qu'aucun indicateur quant à la quantité de territoire requis ou au nombre d'individus n'était établi pour une éventuelle remise en liberté.

Les troupeaux en captivité pourraient s'agrandir. Le ministère saura sous peu quel est le potentiel de reproduction des populations de Charlevoix et de Val-d’Or.

Il est possible que la population augmente plus vite qu’on pense. Pour l’instant, on laisse aller, on regarde dans les années à venir. On n’a pas de stratégie de reproduction, indique la biologiste du ministère Caroline Hens.

Les conclusions de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards viendront toutefois orienter les décisions quant à l'avenir des caribous en enclos.

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