Infirmières : 57 % plus d’heures supplémentaires obligatoires en deux ans dans la région

Québec solidaire déplore que les régions n’aient pas les outils nécessaires à la décentralisation des soins de santé.
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Le temps supplémentaire obligatoire (TSO) a augmenté de 57 % en deux ans chez les infirmières du réseau de la santé au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par rapport à l’année qui précédait la pandémie.
Les infirmières et infirmières auxiliaires ont effectué plus de 30 500 heures supplémentaires obligatoires au total en 2021, selon les données fournies par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la région.
En 2019, avant la pandémie, le nombre d’heures supplémentaires obligatoires atteignait un peu plus de 19 400 pour les infirmières et infirmières auxiliaires.
Le CIUSSS
précise toutefois qu’il est possible que le temps supplémentaire obligatoire (TSO) ne soit pas entièrement comptabilisé, alors qu’il est parfois entré différemment dans les bases de données.Une hausse est également observée du côté du temps supplémentaire régulier, qui est plus légère cependant. Le nombre d’heures supplémentaires régulières a augmenté de 8,8 %, de 2019 à 2021.
Au total, les heures travaillées en temps supplémentaire, qu’il soit obligatoire ou non, ont augmenté de 13 %.
Le temps supplémentaire régulier est proposé à l’avance aux infirmières, alors que le temps supplémentaire obligatoire est imposé lorsqu’un quart de travail n’a pu être pourvu.
Une gestion déplorée par la FIQ
La présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la région, Julie Boivin, estime que la comptabilisation actuelle du temps supplémentaire obligatoire ne reflète pas la réalité rapportée sur le terrain par ses membres. Il est selon elle plus important que ce que reflètent les données transmises.
La représentante syndicale, dont l’organisation est affiliée à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), déplore l’importante hausse du recours au temps supplémentaire obligatoire.
« Ça démontre qu’ils gèrent encore en utilisant le temps supplémentaire obligatoire. Puis, ce qui est inquiétant, c’est que oui, il y a énormément de temps supplémentaire régulier qui est pris par nos membres, mais de voir ces chiffres-là, ça démontre vraiment à quel point les professionnelles en soins de la région sont souvent contraintes de rester au travail, elles sont prisonnières du CIUSSS Saguenay-Lac-Saint-Jean. »
Elle s’attend à voir la tendance à la hausse se poursuivre pour l’année 2022, alors que la cinquième et la sixième vague ont durement touché les infirmières.
Elles ne pourront pas tenir à ce rythme-là encore longtemps, déplore-t-elle. Les deux dernières années ont été extrêmement difficiles, pour le moral, pour la santé physique et mentale de nos membres. Il faut que ça change, il faut absolument que la culture de gestion avec le temps supplémentaire et le temps supplémentaire obligatoire cesse.
Une partie de la solution réside selon elle dans la stabilisation des horaires de travail des infirmières. Il va falloir que chacune des installations ou que le CIUSSS écoute ce que les professionnelles en soins des secteurs sont capables de donner, a-t-elle réclamé. Elles ont des solutions, elles en proposent constamment.
Une rencontre avec la partie patronale, où le syndicat compte exposer ses propositions, est d’ailleurs prévue pour la semaine prochaine.
Avec des informations de Chantale Desbiens